Le décès de Paul Houde a suscité une vague d’amour… jusque dans notre boîte courriel, où les réponses à notre appel à tous ont déferlé par centaines. En voici un florilège qui donne une idée des multiples facettes de sa personnalité.

La passion

« Le souvenir que je garderai de Paul Houde ? La passion faite homme ! Quel que soit le sujet abordé, chaque mot était enrobé d’une flamme dévorante ! Il carburait au plaisir de transmettre les informations que son cerveau avait enregistrées ! Et cela, sans fanfaronnade, avec le sourire et une gentillesse constante. Sa mort me touche, bien que je ne connaisse pas Paul Houde personnellement, car c’est la mort d’un gentilhomme, un homme d’exception ! »

Jocelyne Kucharski

Namasté, mon ami

« Je suis sans mot. Triste et à bout de souffle. Je perds un ami, et quel ami ! Vous saviez que Paul, sans être alpiniste, était le plus grand connaisseur de toutes les grandes ascensions himalayennes ? Nous nous écrivions très, très souvent pour échanger nos observations sur l’alpinisme et sur l’environnement. La montagne, fait inconnu, était pour lui une réelle passion, surpassant celles qu’il éprouvait pour l’athlétisme et l’astronomie. Pour preuve, sa collection gigantesque de films et de reportages sur l’alpinisme de haute montagne. Lui qui avait marché (trekké) jusqu’au camp de base du K2, cette expédition fut un point marquant de sa curiosité envers la géographie. Un jour, pour lui faire une surprise, j’ai sonné à sa porte. J’étais accompagné de Goran Kropp, fabuleux alpiniste, qui était parti de son pays natal, la Suède, à vélo pour rejoindre Katmandou et, quelques semaines plus tard, se tenait debout sur le toit du monde, l’Everest. Dès qu’il ouvrit la porte, fixant le regard de Goran, il lui a suffi de quelques secondes pour s’écrier : “Goran Kropp !!!! Entrez, entrez donc !” Je m’ennuie déjà. Je souhaite simplement que les vents lui portent toute l’admiration, l’amitié et le respect que je lui porte. Salut Paul, namasté. »

Bernard Voyer

« L’heure joyeuse » avec Paul Houde

« J’ai côtoyé Paul autour de 1974 à l’École polytechnique de Montréal, où Paul avait commencé des études en ingénierie qu’il a quittées par la suite pour étudier en géographie. Notre plaisir à tous était d’arriver tôt dans la salle de cours où Paul, debout en avant de la classe avant la venue du professeur, nous en faisait une imitation presque parfaite. C’était tout simplement tordant ! Imaginez, dans le contexte que je qualifierais d’austère de Poly à l’époque, un humoriste qui vient détendre l’atmosphère. Nous avions aussi “l’heure joyeuse” du vendredi après les cours, une fin de journée où la bière coulait un peu trop, un Paul qui montait sur scène pour continuer ses imitations caricaturales des professeurs qui, cette fois-ci, pouvaient être présents dans la salle. Je n’ai jamais cessé de suivre son surprenant et excellent parcours. C’est assurément Jésus qu’il imitera maintenant sur une quelconque planète. »

Claude Sauvageau

Un géographe qui faisait notre fierté

« Je me souviens de Paul Houde à l’automne 2022 lors du congrès du Regroupement des géographes du Québec. Il avait fait une conférence intitulée La géographie… pour savoir où on est ! Un mélange de faits très sérieux et pertinent, mais imagé d’un humour typiquement Paul Houde […]. Quel homme érudit dans toutes sortes de domaines ! Mais nous étions par-dessus tout très fiers de compter M. Houde parmi les géographes du Québec. Je me rappelle qu’il avait été très généreux de son temps, même si on le savait très occupé et très en demande. Merci, M. Houde, pour tout ce que vous étiez, et Dieu sait maintenant que vous étiez beaucoup de choses. »

Pierre Lessard, fier géographe

« Il nous rendait meilleurs en entrevue »

« Je garde le souvenir d’un animateur compétent, intelligent, respectueux de ses invités. Je n’ai jamais hésité à accepter de donner une entrevue à Paul Houde. Quel(le) politicien(ne) ne ressent pas une certaine nervosité, certains(es) une angoisse, à quelques minutes de donner une entrevue. Avec Paul Houde au Québec maintenant, c’était facile. Nous savions qu’il n’était animé que du désir d’informer, qu’il n’y aurait pas de pièges et qu’il serait respectueux. Cet homme faisait son métier d’animateur du retour avec noblesse et il nous rendait meilleurs en entrevue. »

Jacques Dupuis

Un érudit de l’aviation

« J’ai été interviewé à trois reprises par Paul Houde à la radio sur des sujets reliés à l’aviation. C’était toujours un grand plaisir. La première fois, quand je lui ai dit que je revenais de Paris la veille, il m’a estomaqué en me demandant de confirmer que j’étais aux commandes d’un Boeing B767-300 et qu’il devait y avoir de la turbulence sur l’Atlantique à cause du courant-jet. Patrick Lagacé a mentionné l’aviation et la météo parmi les multiples disciplines que ce grand érudit maîtrisait. Je confirme ! »

Jean-Marc Bélanger, pilote de ligne à la retraite

La place de Paul Houde

« L’an dernier, j’ai appris que j’étais autiste, à 42 ans. J’ai appris, deux mois plus tard, que Paul Houde aussi était [atteint d’un trouble du spectre de l’autisme]. Nous avions ceci en commun. Quand je vois tous les gens être étonnés du cerveau de Paul Houde, je sais que sa mémoire phénoménale était due à l’autisme. Je trouve dommage que ça ne soit pas plus nommé. Parce que Paul Houde, sans le savoir, pouvait faire avancer notre cause, pouvait démontrer aux gens que l’autisme, ce n’est pas une affaire de déficience intellectuelle. Nous sommes ces extraterrestres sympathiques, aux capacités parfois étonnantes, qui œuvrent dans la société qui n’est pas tout à fait bâtie sur mesure pour nous, mais dans laquelle nous parvenons à nous tailler une place. Et la place de Paul Houde était sans aucun doute au fond de nos cœurs. »

Edith Lemery Frenette