Avez-vous déjà vu des fourmis danser le tango, des poissons sourire à pleines dents, ou une girafe compromettre le portrait d’une consœur ? Et tant qu’à y être, connaissez-vous le point commun entre un martin-pêcheur et un train à haute vitesse japonais ? Ces scènes et informations pas piquées des vers peuvent être dénichées au Centre des sciences de Montréal, dans le cadre d’une nouvelle double exposition démontrant qu’animaux et nature peuvent autant être source de comique que d’inspiration technologique.

Le rire est le propre de l’homme, disait avec grand sérieux ce bon vieux Bergson. Certes, mais notre espèce bipède n’a pas pour autant l’apanage du déclenchement de l’hilarité. On l’aura bien vu au fil de nos réseaux sociaux ; qui n’est jamais tombé sur l’une des photographies primées dans le cadre des prix de photographie humoristique sur la faune, où des spécimens prennent les poses les plus insolites ? Parmi les 300 clichés issus de ce concours international existant depuis 2015, le Centre des sciences de Montréal en a sélectionné une soixantaine pour les mettre en valeur dans le cadre d’une nouvelle exposition qui se tiendra jusqu’au 24 mars.

De l’Indonésie à l’Ontario, on découvre toutes sortes de scénarios dans lesquels animaux, petits ou gros, communs comme exotiques, se retrouvent dans des situations fâcheuses, charmantes ou improbables, semblant parfois prendre la pose. Coudonc, cette tortue est-elle vraiment en train d’envoyer paître tout le monde d’un geste disgracieux ?

Les photographies, de calibre professionnel et dotées d’un esthétisme certain, montrent à quel point l’anthropomorphisme peut être une source humoristique surprenante.

Familiale, l’exposition s’adresse à tous, mais on ne s’y rend pas « juste pour rire ». Les espèces sont classées selon les habitats, lesquels sont décrits et démystifiés, et dont certains voient leur équilibre menacé. « On a voulu faire sourire nos visiteurs, mais on y a vu aussi un potentiel de sensibilisation sur l’importance de préserver la biodiversité et la fragilité de ces habitats. Ces animaux sont sympathiques, mais ils vivent souvent dans des habitats fragilisés, voire en danger », explique Cybèle Robichaud, directrice du Centre des sciences, charmée par la photo d’un cerf qui gagnerait à suivre quelques cours de camouflage auprès de l’armée.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’exposition Nature inspirante, techno inspirée-le biomimétisme et le transport

Haut les mains, peau de requin

Après ces « amuse-gueule » qui mettent de bonne humeur, on peut sauter dans le train de la seconde exposition inaugurée cette semaine, portant sur des technologies développées sous l’influence du biomimétisme. En français, s’il vous plaît ? En bref, on y explique comment plantes et animaux ont servi d’inspiration pour les scientifiques et innovateurs, en transposant certaines de leurs caractéristiques ou certains de leurs principes naturels en applications technologiques, notamment dans le domaine du transport.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Connaissez-vous le point commun entre un martin-pêcheur et un train à haute vitesse japonais ?

Ici, on présente l’art d’imiter des comportements, des principes ou des forces observés dans la nature ou chez les animaux et qui peuvent nous servir à améliorer la performance.

Cybèle Robichaud, directrice du Centre des sciences

« Par exemple, la peau d’un requin paraît lisse, mais à l’échelle microscopique, on voit qu’elle est composée d’infimes crochets, ce qui a pu être mis en application dans la création de matériaux pour l’aviation », illustre Mme Robichaud.

Au gré de plusieurs dizaines de stands concis et éclairants, tout en étant illustrés par des maquettes, photos, vidéos ou objets, on découvre comment la nature de la nacre, les pattes adhérentes du gecko ou encore les capacités des lucioles ont pu éclairer la lanterne des créateurs technologiques. Le tout a été développé par le Musée de l’ingéniosité J. Armand Bombardier à Valcourt, en collaboration avec plusieurs partenaires québécois. Comme quoi, l’homme pense parfois avoir tout inventé, alors que la nature l’a déjà breveté.

Consultez le site du Centre des sciences de Montréal