Bonne année les chums et pas de tataouinage en 2023 : décortiquons ensemble la carcasse de ce Bye bye 2022 encore fumant et déposons les meilleurs morceaux dans un Tupperware pour les (re)déguster en soirée.

Oui, plusieurs portions – la majorité du repas, disons-le – ont été succulentes et hilarantes, mais d’autres ont goûté hélas ! le réchauffé et la facilité. Et c’est 100 % normal que dans une telle courtepointe de culture populaire, quelques pièces détonnent et se décousent du tissu principal. L’important, c’est que l’ensemble de la revue de fin d’année se tienne et elle a été bourrative, compacte, rapide et rigolote. Un buffet garni pour toutes les générations, qui ont consommé énormément de télévision dans les 12 derniers mois (allô !).

En 1 h 15, il y a tellement eu de vedettes invitées – et de caméos du réalisateur Simon-Olivier Fecteau – que la troupe des cinq comédiens principaux du Bye bye 2022 a souvent été tassée du portrait. Pierre-Yves Roy-Desmarais a été tellement brillant que les créateurs auraient pu l’envoyer sur la glace encore plus, je trouve.

Sa chanson d’ouverture, basée sur l’inflation et l’effondrement de notre pouvoir d’achat, a encore accompli sa mission : se visser dans nos têtes et y tourner en boucle toute la journée. Son imitation de Stéphane Rousseau dans STAT – un des meilleurs sketchs de la soirée – a été géniale, surtout quand il ramenait les personnages fétiches (Mme Jigger !) de l’humoriste et acteur.

D’ailleurs, Guylaine Tremblay en Dre Emmanuelle St-Cyr qui se désinfecte les mains de façon compulsive, son frère Pascal St-Cyr (Patrick Huard) qui pète sa coche et l’intrigue qui progresse à un rythme impossible, c’était du bonbon télévisuel.

Autre temps fort de ce Bye bye 2022 : la série culte Les filles de Caleb passée au tamis woke de « Netflik » pour ne fâcher personne (insérez ici les expressions privilège blanc, consentement, etc.). C’était bien envoyé, bien joué et bien écrit. Et l’apparition surprise des « vrais » Dosithé Pronovost (Pierre Curzi) et Félicité Pronovost (Véronique Le Flaguais), qui jasaient de non-binarité, a été savoureuse.

Le remake du film Top Conne, mettant en vedette la vapoteuse Sunwing et le « rappeur » James Awad, a été dur mais justifié. La parodie L’épisserie, avec Julie Perreault en Johane Despins et Bruno Blanchet en Denis Gagné, m’a fait mourir de rire. Toutes les maladresses de ce duo improbable ont été encapsulées en quelques secondes.

Du côté des temps moins forts, le sketch sur Hockey Canada a été premier degré et méritait un texte plus grinçant. Finir une vignette sur « allez donc chier », c’est limite paresseux. Le bout sur le tunnel et la ministre Geneviève Guilbault a été raté. Même chose pour la variole du singe : coupez-moi ça, c’est primaire et vulgaire.

À la poubelle également : les vols annulés et les valises perdues à l’aéroport, un truc convenu et lassant.

Aussi, démarrer la soirée avec la séquence – très moyenne – sur la pénurie de main-d’œuvre chez Patate Bérubé, refaite à la façon des pubs de lait de Laurent Duvernay-Tardif, n’a pas été l’idée du siècle. Ça manquait de punch.

Toujours au rayon de la prévisibilité, le cafouillage chez Passeports Canada, où François Bellefeuille redécouvrait ses enfants bilingues après cette rude épreuve, aurait pu égratigner davantage.

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Pierre-Yves Roy-Desmarais imitant Jay Du Temple

Parlant de François Bellefeuille, il a été étonnant en Stéphan « décoincé » Bureau et son Monde en l’envers à TVA. Cette portion a débouché sur d’excellentes imitations de Jay Du Temple (Pierre-Yves Roy-Desmarais et ses costumes du Dollarama) et du sourire à la Mona Lisa de Julie Snyder (parfaite Sarah-Jeanne Labrosse). Mentions spéciales à l’humoriste David Beaucage et au comédien Jean-Moïse Martin, qui ont campé les candidats toxiques d’Occupation double Isaack Matteau et Philippe Gaudreau.

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Patrick Huard incarnant le chauffeur de taxi Rogatien et Julien Corriveau en Pierre Poilievre

Bon concept que de se servir du chauffeur de taxi Rogatien (Patrick Huard) pour aborder le convoi de la liberté d’Ottawa avec Rambo Gauthier (méconnaissable Marc-André Grondin) et du chef conservateur Pierre Poilievre (Julien Corriveau, des Appendices).

L’apparition de Normand Brathwaite en Gregory Charles, qui accompagnait Justin Trudeau dans sa tournée mondiale des malaises, a été une idée super sympathique. Tout comme Normand Brathwaite qui se pointe dans le film A-Vache-Tar et qui y reprend ses fameux slogans publicitaires. Bravo pour le croisement.

En tant que fan fini de François Pérusse, j’ai été un peu déçu de la réinterprétation de sa capsule classique « T’aimes pas ça les clémentines ? » en « Tu connais pas Véronique Cloutier ? ». Comme si le rythme habituel de Pérusse et son humour carabiné n’y avaient pas été respectés.

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Claude Legault en François Legault dans Indélogeable

Claude Legault a de nouveau épaté en François Legault dans la parodie, à moitié réussie, d’Indéfendable, qui a été rebaptisée Indélogeable. Cela dit, chapeau à Sarah-Jeanne Labrosse et Pierre-Yves Roy-Desmarais qui ont incarné des Anne-Élisabeth Bossé et Sébastien Delorme hyper ressemblants.

Comme l’an passé, Guylaine Tremblay a ressorti son costume de Guillaume Lemay-Thivierge, qui a interrompu le discours mortuaire de la reine Élisabeth II avec un florilège de propos décousus. Joli flash.

Perso, j’aurais pris une plus grosse pointe du sketch du Gala Inconduite 2022, qui a paru charcuté et inséré de force dans le faux bulletin de nouvelles. Pourtant, il mettait en vedette de gros noms comme Edgar Fruitier, Philippe Bond, André Boisclair.

Ce faux bulletin de nouvelles a permis à Patrick Huard de livrer la meilleure imitation d’Éric Duhaime jusqu’à présent. La Fonderie Horne s’est payé Louis-José Houde comme porte-parole, mais le canevas n’a pas été à la hauteur du statut de l’humoriste. Le Google Black a cependant visé au centre de la cible.

Les pubs qui ont financé ce Bye bye 2022 n’ont pas été décevantes, il faut le souligner. Mondou et ses chatons, Metro et Jean Perron, les codes WiFi compliqués de Bell, les manteaux de Tanguay, Tim Hortons et le retour de Pitou et Minou, il y avait du stock à croquer entre deux « bonne année » lancés à la volée.