Ce fut une année de grands départs dans le septième art, à commencer par ceux du comédien Michel Côté, de notre collègue et ami Marc-André Lussier, et de Xavier Dolan, qui arrête le cinéma.

Xavier Dolan arrête le cinéma

« Quand il n’y a personne en salle, c’est tout ça pour rien ! Pour rien ! Ça, ça me rend amer. Et je n’ai pas envie d’être amer », m’a confié Xavier Dolan en février 2022. Je ne peux pas dire que j’ai été surpris de l’entendre dire, en juillet dernier, qu’il arrêtait le cinéma. « Je pourrais éventuellement réaliser des séries, mais je ne souhaite plus faire de films. Le monde, selon moi, est en mauvaise posture, et je veux m’impliquer. Je le fais depuis un moment, sans le claironner, mais je désire afficher davantage mes convictions. Mes projets, désormais, sont ailleurs », a-t-il écrit sur Instagram. Comme bien des cinéphiles, je souhaite de tout cœur qu’il revienne sur sa décision.

Michel Côté nous a quittés

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Un portrait de Michel Côté exposé pendant la chapelle ardente en hommage au grand acteur, au Monument-National

Mort en mai à l’âge de 72 ans, Michel Côté était à la fois un comédien comique et dramatique qui a marqué le cinéma populaire et le cinéma d’auteur, d’Au clair de la lune d’André Forcier à De père en flic 2 d’Émile Gaudreault. Son œuvre était aussi variée au théâtre et à la télé, de La petite vie à Omertà et de Broue à Tennessee Williams. Il était accessible, éminemment sympathique, mais conservait une part de mystère en se fondant dans ses personnages de mâles alpha ou de souffre-douleur. C. R. A. Z. Y. de Jean-Marc Vallée a cristallisé pour la postérité la place de Côté non seulement dans notre cinématographie, mais aussi dans la Culture québécoise. Il en restera pour toujours un visage indissociable.

Adieu, Marc-André !

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Marc-André Lussier, un pilier de la critique de cinéma au Québec

Dans le milieu du cinéma québécois, Marc-André Lussier, qui nous a quittés subitement fin juin, à 63 ans, était reconnu pour son sens de la nuance, ses connaissances encyclopédiques, sa très grande crédibilité. Il n’était jamais complaisant, mais il savait faire la part des choses. Trouver la lumière où plusieurs ne voyaient que du noir. Ou, au contraire, oser relever le bémol dans le concert d’éloges. Avec toujours à cœur et en tête l’intérêt du lecteur. C’était un pilier, non seulement pour les lecteurs, mais aussi pour ses collègues de La Presse et des autres médias. Marc-André, c’était aussi la gentillesse incarnée. C’était pour moi, avant tout, un grand ami. Qui me manque cruellement. Je mesure chaque jour ma chance de l’avoir connu.

La polémique Johnny Depp à Cannes

PHOTO STÉPHANIE BRANCHU, FOURNIE PAR LE PACTE

Johnny Depp et Maïwenn dans Jeanne du Barry, film d’ouverture du Festival de Cannes cette année

Un collectif d’actrices et d’acteurs français a accusé le Festival de Cannes de dérouler son tapis rouge aux violeurs et aux agresseurs en programmant en film d’ouverture Jeanne du Barry, de Maïwenn, mettant en vedette Johnny Depp. L’acteur a été banni des plateaux de tournage américains depuis ses procès l’opposant à son ex-femme, qui avait allégué avoir été victime de violences conjugales de sa part. « Je suis la dernière personne à pouvoir vous parler de tout ça, car, s’il y a une personne au monde qui ne s’est pas intéressée à ce procès très médiatique, c’est moi, s’est défendu le délégué général Thierry Frémaux. Je ne sais pas de quoi il s’agit, je m’intéresse à Depp comme acteur. » Un argumentaire bien court.

Bordel de merde

PHOTO FRED GERVAIS, FOURNIE PAR CLUB ILLICO

Magalie Lépine-Blondeau, Éric Bruneau, Anne Dorval et Xavier Dolan dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé

« Mais enfin, qu’est-ce qui t’a pris, putain de merde ? Bordel de merde ! » Ce sont deux phrases tirées de la version doublée en France de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé de Xavier Dolan, dont on a amputé la poésie vernaculaire québécoise pour la télévision française. Un non-sens à mon avis, puisqu’on parle la même langue. J’ai appelé dans une chronique les Français à faire un minimum d’efforts pour comprendre les particularités liées à nos régionalismes. « Il ne s’agit pas, vous l’aurez compris, d’une lecture flatteuse », a écrit Courrier international en republiant mon coup de gueule. « Mais elle est aussi très drôle, et elle est – nous le promettons – non traduite. »

Hollywood déstabilisé par la grève

PHOTO MIKE BLAKE, ARCHIVES REUTERS

Des acteurs et scénaristes américains manifestent devant les studios de Disney à Burbank, en Californie, en juin.

La double grève des scénaristes et des acteurs hollywoodiens, déclenchée en juillet, a eu un impact sur les sorties de films de l’automne, qui n’ont pu profiter des tournées promotionnelles habituelles de leurs acteurs. Les festivals de Toronto et de Venise, où brillent d’ordinaire les étoiles, ont été désertés par Hollywood. Des superproductions comme Dune – Part Two ont dû reporter leur date de sortie (au 1er mars pour le film de Denis Villeneuve). Il y aura certainement un creux dans la programmation télévisuelle et cinématographique dans les prochains mois, causé par ce long conflit de travail, qui s’est seulement réglé à la fin du mois de septembre. Mais pour l’instant, les acteurs et les scénaristes ont réussi à éloigner un peu la menace de l’intelligence artificielle…

La renaissance des Stones

PHOTO TOBY MELVILLE, ARCHIVES REUTERS

Les membres des Rolling Stones, Ronnie Wood, Mick Jagger et Keith Richards, lors du lancement de l’album Hackney Diamonds, à Londres, en septembre

Le nouvel album des Rolling Stones, Hackney Diamonds, en a surpris plus d’un. D’abord parce que Charlie Watts est mort il y a deux ans et que le légendaire groupe n’avait pas fait paraître d’album depuis 2005. Ensuite, parce que ce 26e album est franchement pas mal, grâce au bon vieux rock and roll mâtiné de rythm and blues qui a fait la réputation de la bande à Mick Jagger. En prêtant sa voix à l’incantatoire Sweet Sounds of Heaven, Lady Gaga nous rappelle une certaine Merry Clayton sur Gimme Shelter. Ce n’est pas tout bon – le premier extrait de l’album, Angry, sent le réchauffé –, mais c’est une collection de chansons qui ne détonnent pas dans la riche discographie des mythiques rockeurs octogénaires.

Louis-José Houde part au sommet

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Louis-José Houde à l’animation du 45e gala de l’ADISQ, son dernier

À sa 18e et ultime animation du Gala de l’ADISQ, Louis-José Houde s’est moins abandonné qu’à l’habitude à ses délires de faux dandy. On a eu droit à un LJH plus solennel, à l’image de son élégant veston croisé. Davantage dans l’introspection, la retenue et la confidence, il a autant fait rire que réfléchir. Une grande partie du succès de ce gala revenait, depuis 18 ans, à son animateur. On attendait toujours son monologue d’ouverture avec impatience. Il donnait le ton au reste de la soirée. Louis-José Houde a su trouver le parfait dosage entre l’hommage, la taquinerie et le bien-cuit des artistes en lice. Il faudra désormais faire sans. Imaginez la pression de celui ou celle qui prendra le relais…

Qui est le « père » de Ru ?

PHOTO FOURNIE PAR IMMINA FILMS

Jean Bui et Chantal Thuy dans Ru

En novembre, le scénariste Jacques Davidts a été piqué au vif en constatant qu’il était peu question de lui dans la couverture médiatique entourant la sortie du film Ru. « Je trouve ça blessant, pas seulement pour moi, mais pour l’ensemble des scénaristes », a-t-il confié. Plusieurs scénaristes ont soutenu Davidts sur les réseaux sociaux en rappelant qu’ils sont trop souvent « oubliés » dans la promotion des films québécois. Le réalisateur de Ru, Charles-Olivier Michaud, s’est défendu de s’être approprié le travail de Davidts. Au-delà des ego froissés, la polémique a soulevé la question pertinente de la paternité d’un film. Ce qui n’a pas empêché Ru, l’adaptation du roman de Kim Thúy, de connaître un succès critique et populaire.