Malgré un grand nettoyage, tout n’est pas immaculé au sein du nouveau groupe de courtiers de l’émission Numéros 1 sur CASA. Deux protagonistes de la docuréalité ont connu des ennuis avec l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), a appris La Presse.

L’histoire jusqu’ici

Au printemps 2023, La Presse révèle qu’une courtière vedette de la docuréalité Numéros 1, Christine Girouard, a fait artificiellement monter les enchères durant la vente d’au moins deux propriétés au moyen d’offres bidon.

La chaîne spécialisée CASA, détenue par Groupe TVA, suspend la diffusion de l’émission.

Deux autres courtiers vedettes du rendez-vous télévisuel, David Tardif et Mathieu Arsenault, ont également des démêlés avec l’OACIQ. Ils n’apparaissent pas au générique des nouveaux épisodes.

Après une deuxième saison mouvementée, l’émission Numéros 1 est revenue en ondes le 1er février sur CASA, dotée d’une distribution revampée. Sphère Média, qui produit l’émission en collaboration avec Québecor Contenu, affirme avoir déployé les moyens nécessaires pour éviter qu’une nouvelle controverse n’éclate. Des sources ont toutefois attiré notre attention sur deux courtiers qui participent aux nouveaux épisodes de l’émission, François Mackay et Amy Assaad.

Une faute disciplinaire avec amende de 3000 $ datant de 2012 figure au dossier du premier, révèle le site de l’OACIQ. À l’époque, François Mackay avait servi de paravent pour un courtier dont le permis avait été suspendu. L’organisme reproche maintenant à Mackay d’offrir des garanties de performance (« Votre maison vendue GARANTI ou je l’achète »), une pratique proscrite.

Quant à Amy Assaad, elle a été condamnée à payer 10 000 $ d’amende en 2021 pour quatre chefs d’accusation.

Alors qu’elle était directrice d’une agence, Amy Assaad a permis qu’un client signe un contrat de courtage vente même s’il n’était pas propriétaire de l’immeuble, selon une décision du comité de discipline de l’OACIQ. Par ailleurs, après l’inspection d’une propriété suivant une promesse d’achat, Amy Assaad ne s’est pas assurée d’ajouter, dans la déclaration du vendeur, des facteurs défavorables qui figuraient au rapport, comme des fissures de fondation, des signes d’infiltration d’eau au plafond du deuxième étage ou encore des signes de moisissure au sous-sol.

Courtière immobilière depuis 2002, Amy Assaad partageait également ses codes d’accès avec son équipe, ce qui est défendu. La courtière a promis au comité de discipline de corriger ses façons de faire.

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE TVA

La courtière immobilière Amy Assaad

Devant ces exemples, la boîte de production derrière l’émission, Sphère Média, réitère qu’elle a « toujours effectué les recherches nécessaires auprès de l’OACIQ » avant d’enrôler un courtier. « Nous n’avons pas d’autre commentaire », ajoute l’entreprise par courriel.

Est-ce que c’est une bonne idée, pour l’image du métier de courtier immobilier, de valoriser ces agents qui n’ont pas respecté les règles à la lettre ? « Non », déclare Marc Lacasse, courtier immobilier et président du conseil d’administration de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec.

Dossier clos

Joint au téléphone, François Mackay affirme avoir retiré toutes ses garanties de performance en 2022 pour se conformer aux recommandations de l’OACIQ. « Je n’offre plus aucune garantie. Aujourd’hui, nous avons des programmes de satisfaction », précise-t-il.

Pour Mackay, le dossier est clos. Selon lui, cette affaire n’est pas une raison valable pour dénoncer sa présence dans l’émission. « Absolument pas, répond le courtier de 27 ans d’expérience. Étant donné qu’on a beaucoup de succès, les gens sont portés à nous critiquer. Ils cherchent quelque chose qu’on fait de mal. »

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE TVA

Le courtier immobilier François Mackay

Pour sa part, Amy Assaad a répondu par message texte à La Presse. « J’ai décidé de participer à l’émission pour partager mes 23 ans d’expérience dans le domaine d’immobilier et apporter de la valeur. »

Grincement de dents

À son retour en ondes jeudi soir, Numéros 1 n’a pas tardé à évoquer la controverse du printemps dernier. En début d’émission, le courtier vedette Georges Bardagi, l’un des deux seuls protagonistes à avoir survécu au grand nettoyage de l’entre-saison, a déploré les écarts de conduite de certains agents, sans toutefois les nommer directement.

Le vendeur de maisons de prestige, qui exerce ses activités à Mont-Royal et à Westmount, a avoué avoir grincé des dents en lisant certains articles de journaux.

« C’est certain que chaque fois qu’un courtier se fait prendre par notre régulateur, le syndic, pour avoir fait une mauvaise pratique immobilière qu’on essaie d’enrayer, ça fait toujours un petit quelque chose, parce que j’ai passé toute ma vie à essayer de faire le contraire, et laisser ma profession en meilleur état », a-t-il déclaré devant la caméra.

Prudence recommandée

Marc Lacasse recommande toujours une « immense prudence » aux courtiers membres de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec lorsqu’ils sont approchés pour participer à des émissions comme Numéros 1.

« On pourrait avoir un dossier irréprochable, mais quelques mauvais mots prononcés quelque part pourraient donner l’impression qu’on est en train de passer à côté d’une règle de déontologie à la télévision », commente le président du conseil d’administration de l’association.

M. Lacasse raconte qu’avant l’entrée en ondes de Numéros 1, en 2021, une courtière qu’on avait approchée pour y participer avait téléphoné à l’association pour demander conseil. « On lui a expliqué les enjeux, et elle a décidé par elle-même de ne pas y participer », raconte Marc Lacasse. « J’ai recroisé cette courtière et elle nous a remerciés de l’avoir incitée à une grande prudence », ajoute-t-il.