Il y a eu des heureux et des malheureux. Avant de reprendre la route, voici les bons et les moins bons coups des 12 derniers mois. Et ce qui se dessine pour 2024.

Le clou du spectacle

Les salons automobiles se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. La période pandémique n’a fait qu’accélérer le questionnement des constructeurs. Plusieurs d’entre eux s’interrogent sur la pertinence de ces manifestations. D’ailleurs, celles-ci doivent chaque année jongler avec un certain nombre de défections. Ou de retours, comme c’est le cas du Salon de l’auto de Montréal qui, pour sa 79édition dans quelques semaines, accueillera certains déserteurs de l’année précédente.

De toutes les grands-messes de la dernière année, le Salon automobile de Tokyo a été, de loin, le plus retentissant. Les organisateurs ont démontré que, même en l’absence de plusieurs marques, il était possible de redonner du lustre à ce concept plus que centenaire. Il faut reconnaître que les constructeurs nippons ont fortement collaboré à ce succès. En présentant une panoplie de nouveaux modèles et d’études conceptuelles, ils ont fait mentir ces constructeurs qui s’inquiètent que leurs nouveautés se noient dans la masse pour expliquer leur absence.

Les poches se creusent

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Les constructeurs automobiles estiment que la meilleure stratégie consiste à produire moins et à vendre plus cher.

Alors que les stocks des concessionnaires se regarnissent (la pénurie de semi-conducteurs s’estompe) et que la transition électrique des constructeurs s’accélère, les consommateurs constatent plus que jamais que le prix des véhicules neufs s’envole. Sans parler des taux d’intérêt. Une à une, les voitures dites économiques quittent la scène, de sorte que beaucoup de ménages n’y ont plus accès et doivent se tourner vers des véhicules d’occasion, de préférence pas tous jeunes.

L’argumentaire des marques pour expliquer la montée en altitude des prix est bien connu. Il s’appuie fortement sur le coût de l’électrification (outillage des usines, indemnités aux employés, investissements, etc.). En contrepartie, ces mêmes marques oublient d’ajouter une autre pièce à conviction à ce dossier : elles se sont focalisées sur les modèles (et leurs déclinaisons) à forte rentabilité et ont sacrifié les moins rentables. Les constructeurs estiment que, face aux mutations en cours, la meilleure stratégie consiste à produire moins et à vendre plus cher.

L’avenir en pointillé

PHOTO FELIX SCHMITT, THE NEW YORK TIMES

Le géant chinois BYD a fait ces dernières années de l’Europe son principal marché d’exportation, mais songe à l’étendre davantage.

Hormis l’entrée en scène de Lucid, Rivian et VinFast, toutes de jeunes pousses électriques, le paysage automobile est demeuré le même en 2023. Et tout laisse croire qu’il en sera de même en 2024. « Pour combien de temps encore ? », s’interrogent certains distributeurs canadiens à qui l’on prête des intentions de quitter le marché québécois, voire canadien. Les règles se durcissent en matière d’émissions, et certains constructeurs s’inquiètent déjà de ne pas les satisfaire. Les paris sont ouverts.

Alors que certaines marques supputent sur leurs chances de survie, d’autres se préparent à naître. C’est le cas de la filiale Scout du groupe Volkswagen, mais aussi du géant chinois BYD. Ce dernier a fait ces dernières années de l’Europe son principal marché d’exportation, mais songe naturellement à l’étendre davantage. Pour l’heure, le marché américain ne lui est guère favorable (droits de douane de 25 %), mais le Canada pourrait se montrer plus accueillant. D’autant plus que la proposition chinoise (des véhicules électriques vendus à des prix inférieurs à ceux de la concurrence) pourrait donner accès aux ménages plus contraints financièrement au marché des véhicules neufs. Elle assurerait aussi aux gouvernements d’atteindre les cibles de réduction d’émissions qu’ils se sont fixées.

Retard à l’allumage

Plutôt bien garni, le bouquet de nouveautés automobiles de 2023 le sera encore bien davantage en 2024. Du moins, c’est l’impression que donnent les constructeurs. Le VUS dominera – encore – des épaules à la tête le marché, mais sera de plus en plus électrifié, cependant. Une cinquantaine de nouveautés (une hausse de quelque 25 %) par rapport à l’année précédente feront leurs débuts en 2024. La question est de savoir si celles-ci seront toutes visibles dans les concessions cette même année. Déjà, quelques constructeurs ont annoncé qu’ils repousseraient le lancement de certains modèles, essentiellement des véhicules électriques. Voilà qui a fait dire à des analystes que cette catégorie de véhicules s’essoufflait. Il n’en est rien. Au contraire, les ventes de véhicules électriques prennent de l’altitude, mais seulement pas autant que les constructeurs (et leurs investisseurs) l’espéraient. À cet aspect, il convient d’ajouter les incertitudes qui planent au-dessus des orientations du gouvernement américain, à la remorque duquel se trouve celui du Canada à l’égard du financement des infrastructures et des subventions.