Personne ne sait vraiment à qui il s'adresse. Personne ne sait précisément comment le définir. À trop vouloir mélanger les genres, le véhicule multisegment laisse plusieurs consommateurs (et observateurs) perplexes.

Pourtant, pratiquement tous les constructeurs disent en avoir un à leur offrir. Bienvenue dans l'ère du multisegment, là où, comme le disait si bien Lavoisier, «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme».

C'est une évidence, les véhicules inscrits dans ce segment englobent plusieurs catégories de véhicules à la fois. Ils visent à remplir différentes fonctions. Pas forcément les mêmes, cependant.

En fait, ce type de véhicule cherche à réunir les principaux attributs d'un utilitaire «pur sirop» (motricité, position de conduite surélevée et apparente robustesse) et les qualités d'une berline (sécurité, tenue de route et confort), et parfois même ceux d'une fourgonnette (modularité, espaces de rangement). Avec des atouts très différents, ils représentent le nouvel art de vivre sur roues. Donner la sensation de pouvoir tout faire avec son véhicule, de rouler comme bon nous chante, l'esprit tranquille quelles que soient les conditions climatiques. La vraie liberté automobile quoi.

À regarder le X6 de BMW, on se demande si le constructeur bavarois n'a pas mêlé les genres une fois de trop. Aux côtés des modèles offerts, le X6 détonne. Est-ce une récidive de la bande à Chris Bangle ou est-ce un coup de maître? Trop tôt pour le dire. Le X6 amorce sa carrière commerciale dans quelques jours, quelques semaines tout au plus. Chose certaine, le X6 avance en terrain inconnu puisqu'on ne lui connaît aucun concurrent direct. Pour le moment.

Utilitaire léger

Son toit fuyant vers l'arrière reprend un thème cher aux coupés, ce qui ne l'empêche pas, avec sa garde au sol supérieure à 200 millimètres, de postuler au titre d'utilitaire léger, statut (toujours) avantageux sur le marché américain. Toutefois, malgré son gabarit imposant, ses portes s'ouvrent sur un habitacle conçu pour quatre passagers seulement.

Dérivé techniquement de l'actuel X5 qui partage avec lui la même chaîne d'assemblage à Spartanburg en Caroline-du-Sud, le X6 est équipé de série de la transmission intégrale intelligente BMW xDrive, qui assure une répartition variable du couple entre l'essieu avant et l'essieu arrière. Il applique, par exemple, plus de couple à la roue arrière à l'extérieur des virages.

 

Même à vitesse modérée, ce système unique au monde propose une augmentation sensible de la précision directionnelle, de la motricité en virage et, par là même, de l'agilité du véhicule. Dans les virages pris à vive allure, il améliore la stabilité, même lorsque le conducteur braque le volant de manière abrupte ou lève inopinément le pied. Il garantit en outre une motricité accrue, peu importe le coefficient d'adhérence de la chaussée.

Le nouveau V8 à injection directe essence suralimenté par Twin Turbo fête également sa première mondiale sur la BMW X6. Le huit cylindres de 4,4 litres, qui délivre 400 chevaux, est le moteur le plus puissant jamais mis en oeuvre sur un modèle de la gamme BMW X. Le nouveau huit cylindres n'impressionne pas seulement par sa vivacité exceptionnelle, mais aussi par sa compacité.

 

C'est le premier huit cylindres à essence avec un turbocompresseur logé dans le V formé par les deux rangées de cylindres. L'acheteur éventuel pourra cependant déboulonner ce V8 au profit d'un moteur six-cylindres en ligne de 3 litres gavé lui aussi de deux turbos dont la puissance s'établit à 300 chevaux. Selon les motoristes de BMW, cette mécanique met évidemment plus de temps que le V8 pour atteindre le cap des 100 kilomètres (+1,4 seconde), mais il a l'avantage de siroter plus calmement l'essence qui baigne dans son immense réservoir (écart de 1,6 L/100 km entre les deux motorisations sur parcours mi-ville/mi-route).

Carte de visite

En dépit de ses caractéristiques, le physique du X6 sera sa meilleure carte de visite. Anguleuse, insolite avec son épaulement latéral très prononcé et sa calandre incurvée, cette (autre) création de Chris Bangle ne passera pas inaperçue. Qui a dit que le controversé styliste américain s'était calmé?

Les formes du X6 ne seront pas les seules à faire jaser. Celles du Flex, le dernier de Ford, alimenteront les discussions. Ce multisegment prendra vraisemblablement la succession du Taurus X au sein de la gamme du constructeur américain. Il entend redéfinir les voyages de la famille nord-américaine moyenne, rien de moins.

 

Présenté sous la forme d'une étude de style il y a quatre ans (re: Farilane concept), le Flex veut établir une nouvelle norme de style, de caractéristiques, de fonctionnalité et de confort dans le segment le plus effervescent de l'industrie. Avec son gabarit proche d'un lutteur Sumo, son profil distinctif, ses flancs égratignés sur toute la longueur et son toit blanc (ou gris) contrastant «à la Mini», le Flex ne passera pas inaperçu.

 

L'habitacle du Flex démontre une qualité de fabrication qui s'inspire de la mode et du design de l'ameublement, grâce à des matériaux modernes et des points de contact doux au toucher. L'habitacle du Flex se distingue aussi des autres véhicules multisegment grâce à d'ingénieux détails (attention, la liste est longue!): un réfrigérateur livrable installé entre les fauteuils capitaines à la deuxième rangée, un toit panoramique Vista à multiples panneaux qui permet à chaque occupant de disposer de son propre puits de lumière, des repose-pieds amovibles et réglables (deuxième rangée), un éclairage ambiant programmable à sept couleurs. À ces caractéristiques inédites, il faut ajouter un système de remplissage de carburant sans bouchon. Cela élimine non seulement le risque d'oublier de remettre le bouchon de remplissage mais assure aussi une meilleure étanchéité, réduisant du coup les émissions de vapeurs génératrices de smog.

Le châssis du Ford Flex a été conçu pour fournir un éventail de caractéristiques, y compris une capacité de charge de plus de 1814 kg (4000 lb), tout en procurant le roulement silencieux et confiant qu'exigent les clients de véhicules multisegment. Le Flex est équipé du moteur Ford V6 de 3,5 litres accouplé à une boîte automatique 6 rapports. On s'attend à ce que ce groupe motopropulseur développe une puissance de plus de 260 chevaux et un couple de 240 lb-pi.

La transmission intégrale intelligente du Flex a été mise au point pour assurer une conduite en confiance dans toutes les conditions de température. Elle incorpore un coupleur électronique central actif sur demande qui distribue jusqu'à 100% le couple de l'avant à l'arrière avec précision à l'un ou l'autre des ponts. Ce système peut aussi anticiper le patinage des roues avant qu'il ne se produise. Précieux.

Il faudra attendre encore quelques mois pour voir la Venza prendre la pose chez les concessionnaires Toyota. Ce véhicule multisegment étroitement dérivé de la Camry promet à son tour d'offrir une «combinaison exclusive du raffinement d'une berline et de la fonctionnalité d'un véhicule utilitaire sport (VUS)». On veut voir!

Exclusive au marché nord-américain, la Venza enveloppera un intérieur spacieux pour offrir amplement d'espace à cinq passagers. Le coffre au seuil de chargement peu élevé comportera notamment des leviers faciles à utiliser, un de chaque côté du compartiment de charge, permettant de rabattre en tout ou en partie le dossier de la banquette.

À l'avant, un bloc central extralong se prolonge en pente à partir du bloc d'instrumentation jusqu'au compartiment central muni d'un couvercle de bloc exclusif suffisamment profond pour y loger un grand sac à main. La portion supérieure du bloc central loge le levier de vitesses, ce qui en rend l'accès facile et pratique pour le conducteur.

Toutes les versions de la Venza s'enrichiront, de série, d'un vaste éventail de caractéristiques dont la climatisation double zone, la colonne de direction inclinable/télescopique avec commandes audio, le système d'accueil à télécommande sans clé. Il sera aussi possible, moyennant supplément, d'ensoleiller davantage l'habitacle avec un toit panoramique, une première dans la gamme de véhicules de Toyota. Ce toit en verre comportera des panneaux au-dessus des sièges avant et arrière.

Sous le capot, l'acheteur éventuel aura le choix entre un moteur quatre-cylindres (2,7 litres) ou un six-cylindres (3,5 litres). Les deux moteurs seront associés à une transmission semi-automatique six rapports, la seule disponible. La Venza sera également offerte en configurations: traction (roues avant motrices) ou intégrale (quatre roues motrices).

Quelques mois après la sortie de la Venza, Volvo entreprendra la mise en marché, elle aussi, d'un nouveau multisegment: le XC60. Attendu au cours de l'hiver 2009, ce nouveau modèle sera plus court que le XC70, mais plus haut percé cependant. Ce modèle sera animé du moteur six-cylindres suralimenté (T6) de 281 chevaux.