Gourmande, la firme de Stuttgart tente d'élargir son auditoire avec la C230, une exclusivité canadienne. Proposition abordable (35 800$), cette énième déclinaison de la classe C préserve les qualités traditionnelles de son constructeur, mais fait table rase des accessoires. Une bonne affaire?

Face à ses concurrentes naturelles (A4, Série 3, IS), la Classe C est indéniablement une très bonne voiture. Solide, efficace et dynamique, cette berline est, à n'en point douter, bien née. On pourra évidemment chipoter sur les dimensions étriquées de l'habitacle et du coffre ou encore sur la copieuse liste d'options, mais force est de reconnaître que, dans tous ces domaines, la concurrence prête flanc, elle aussi, à ces critiques.

 

En déclinant une version «économique» de la Classe C, donc face à des produits de catégorie «inférieure», Mercedes a visiblement foi en son étoile. En effet, la marque allemande joue essentiellement sur son image flatteuse, sa réputation de robustesse et sa valeur de revente élevée pour séduire le chaland. C'est beaucoup et peu à la fois lorsqu'il s'agit de dépenser une somme aussi importante en cette période d'incertitude économique. D'autant plus que cette Classe C, privée de ses appas les plus visibles, entre directement en compétition avec des intermédiaires plus richement équipées, ce qui amènera certains consommateurs à conclure qu'il n'en a pas complètement pour son argent.

Logique ou passion?

Une C230 de base vaut 35 800$. La même version, mais dotée du rouage intégral 4Matic, coûte 3700$ de plus. En échange de cette somme, on s'assure évidemment d'une meilleure motricité sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence, mais aussi des services d'une boîte semi-automatique à sept rapports au lieu de la manuelle à six rapports, de série dans le modèle à roues arrière motrices.

Comme la transmission automatique exige à elle seule un débours de 1500$, le prix exigé pour la 4Matic (39 500$) apparaît fort raisonnable et permet à cette Mercedes d'offrir une plus-value par rapport à ses concurrentes plus prolétaires. Mais il s'agit de la seule. En effet, au jeu des comparaisons, la C230 débarque en apparence les mains vides. Même les moulures protectrices sont offertes en option... Idem pour les éléments chauffants des sièges avant ou - le comble - la possibilité de rabattre de quelque façon que ce soit les dossiers de la banquette arrière pour améliorer le volume autrement bien ténu du coffre. Une bonne affaire?

Vrai, la Classe C coûte plus cher que toutes ses concurrentes plébéiennes, mais elle soutient parfaitement la comparaison par rapport aux A4, Série 3 et IS, ses cibles avouées.

Cela dit, même si elle se montre souvent avare, la marque allemande ne fait toutefois aucune concession lorsqu'il est question de son image. À ce chapitre, nonobstant son petit matricule, c'est une Classe C à part entière. On y trouve tous les éléments de sécurité, d'ingénierie et de qualité que dans les livrées plus «élitistes». Bref, les tôles d'une C230 ne sont pas plus frêles que celles d'une C300 ou encore d'une C350.

À moins de porter une attention toute particulière au chiffre apposé sur la partie gauche du couvercle du coffre ou encore à la dimension des pneumatiques, rien ne distingue visuellement la C230 de ses camarades de classe.

Rappelons que cette quatrième génération est encore très jeune. Visuellement, elle paraît beaucoup plus imposante que ne laisse imaginer son allongement de 55 mm. Sûrement la conséquence des 40 mm supplémentaires en largeur et d'une façade moins ronde. Illusion d'optique ou non, il reste que malgré un empattement accru d'une quarantaine de millimètres, le dégagement aux jambes des passagers à l'arrière progresse à peine.

Pourtant, l'habitabilité arrière a toujours été la tare le plus souvent décriée de la génération précédente. Et elle perdure, hélas. En revanche, pour ceux qui occuperont les deux fauteuils à l'avant, il n'y a pas lieu de serrer les fesses, de retrousser les jambes ni de plier le cou pour se sentir parfaitement à l'aise.

Les principales commandes se trouvent à distance calculée du conducteur. Rien à redire si ce n'est que l'on confond (encore et toujours) la commande du régulateur de vitesse avec celle des clignotants. Par ailleurs, la qualité des matériaux ne prête flanc à aucune critique. Dans l'ensemble, c'est mieux qu'une Série 3, mais toujours un cran en dessous de ce qu'Audi propose, notamment en qualité d'assemblage. Cela dit, comme la C350, les incrustations d'aluminium et le volant à trois branches de la C230 suggèrent un plus grand dynamisme que le bois et le volant à quatre branches de la placide C300.

Dans le ventre mou du peloton

C'est bien connu, pour dynamiser sa conduite, la Classe C fait appel à la bonne fée Électronique. Malgré ses indéniables mérites, elle ne doit pas masquer le travail des ingénieurs. C'est ainsi que la direction et les éléments de la suspension se sont retrouvés au coeur de leurs préoccupations. Pour preuve, la direction a gagné en rapidité et se révèle moins collante - l'ancienne, selon nous, manquait de rappel à basse vitesse - mais, volant en main, celle de la C230 nous est apparue un brin trop légère en raison sans doute d'une monte pneumatique plus chétive. Cette dernière a cependant des répercussions heureuses sur le travail des suspensions, qui, avons-nous observé, compressent moins sèchement sur les déformations importantes que celles des autres C.

Comme les autres dérivés de la gamme, cette C230 se montre alerte et plus dynamique que les générations antérieures. Souple, sûre et sans histoire, cette Mercedes est une routière à bord de laquelle il fait bon voyager. Les sensations sont ici par contre distillées et le conducteur sportif préférera sans doute une autre monture (Série 3, voire A4) pour connaître le frisson. D'autant plus que le train avant de cette Mercedes n'adhère pas de manière exceptionnelle, son dispositif antiblocage (ABS) se déclenche trop promptement dans les virages ou sur chaussée inégale, et les baquets offrent un maintien trop faible.

Mais le talon d'Achille de cette Mercedes tient à trois chiffres: 230. C'est-à-dire son moteur. Aussi robuste soit-il, ce V6 de 2,5 litres n'offre pas le rendement attendu, et ce, tant sur le plan des performances globales que de la consommation. À cet égard, l'écart entre le 3-litres (C300) et le 2,5-litres (C230) tient dans un dé à coudre: 0,1 L/100 km. La différence n'est - hélas - pas aussi sensible au chapitre des accélérations et des reprises. Aussi lourde que ses consoeurs, la C230 signe des performances décevantes par rapport à ses rivales de même statut ou de même prix. Hormis sa puissance un peu juste, ce moteur est en partie trahi par la gestion «naturellement» lente de sa transmission (un mode sport existe) et son accélérateur difficile à moduler.

Expression de la voiture statutaire à fort contenu technologique, la C230 ouvre, grâce à son prix attrayant, de nouveaux horizons pour cette marque qui a longtemps symbolisé l'aisance matérielle plutôt que la réussite professionnelle. La C230 se rend sans doute plus populaire et plus accessible, mais attention: son étoile aveugle plus qu'elle ne scintille aux yeux des consommateurs qui mesurent la valeur d'un produit à la quantité d'accessoires qui l'accompagnent.

 

On aime

Construction solide

Prix attrayant

Sécurité accrue (4Matic)

On aime moins

Habitacle peu fonctionnel

Rapport consommation/performances

Lacunes d'équipements

Ce qu'il faut retenir

Fourchette de prix : 35 800$ à 39 500 $

Frais de transport : 650$

Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 11,4 L/100 km

Concurrentes : Audi A4, BMW Série 3, Lexus IS

Pour en savoir plus : www.mercedes_benz.ca

Moteur : V6 DACT 2,5 litres

Puissance : 201 ch à 6100 tr/mn

Couple: 181 lb-pi entre 2900 et 5000 tr/mn

Poids : 1690 kg (avec 4Matic)

Rapport poids/puissance : 8,4 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 8,83 secondes

Mode : intégral (quatre roues motrices)

Transmission de série : semi-automatique à sept rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/diamètre de braquage (mètres) : crémaillère/11

Freins (av/arr) : disques/disques

Pneus (av-arr) : 205/55R16

Capacité du réservoir de carburant / carburant recommandé: 66 litres / super