Il faut juste un peu d'imagination pour entendre la conversation suivante, au mois d'août dernier dans un manoir d'un quartier riche des États-Unis. - Jeeves!?!- Oui monsieur.- Mon ex-épouse a téléphoné à mon avocat pour dire qu'elle s'est lassée de la Bentley Continental.- Oui monsieur.- Débarrassez-la de cette relique et achetez lui quelque chose de neuf, de fiable et pas cher, je ne sais pas moi, quelque chose de coréen...- Bien Monsieur.

Personne ne sait pourquoi ni comment une Bentley Continental R 1997, une voiture de riche qui valait plus de 300 000 $ US à l'époque, s'est retrouvée récemment dans le même tas de ferraille que tous les «bazous» retirés de la route par le programme de prime à la casse américain.

 

Mais au mois d'août, son propriétaire a été tenté par le chèque de 4500$ offert par l'administration du président Barack Obama et a remis la Bentley à un concessionnaire en achetant une voiture neuve. La voiture, construite à la main dans la campagne anglaise, s'est fait arracher le moteur et sa carrosserie broyée a été comprimée dans un cube de ferraille qui est probablement au fond de la cale d'un bateau à l'heure actuelle, en route vers une fonderie quelque part en Chine ou en Inde.

 

Selon le quotidien Detroit Free Press, la Bentley n'est qu'un des exemples de voitures étonnamment récentes ou rares qui ont été envoyées à la casse par ce programme fédéral qui visait à retirer des routes les tacots les plus polluants et énergivores aux États-Unis. Les journalistes du bureau du Free Press à Washington ont aussi trouvé une Aston Martin Volante DB7 qui a été payée plus de 135 000 $ il y a quelques années.

 

Par ailleurs, 37 automobilistes ont envoyé à la casse des voitures de moins d'un an.

 

«Certains fanatiques de vieilles voitures auraient payé bien plus que les 3500$ à 4500$ du programme 'Cash for Clunkers' pour la rarissime Buick Regal GNX 1987 détruite sous les auspices du programme. Il s'en est construit seulement 547», note le Free Press.

 

Quelqu'un a aussi remis une Mercedes C43 AMG 1999 pour 4500$ ou moins, qui devait être dans un sacré état pour valoir moins que cela. À moins que son propriétaire en ait vraiment assez et soit un peu distrait.

 

Le parc américain de Corvette a été amputé de 131 voitures, dont 34 décapotables.

 

Ce ne sont pas les chroniqueurs automobiles du Free Press qui ont rédigé ce papier, ce sont les courriéristes parlementaires qui couvrent la politique. Mais il est clair qu'ils possèdent au moins quelques rudiments de mécanique: «Le programme a aussi libéré 22 Américains du joug de posséder une Peugeot.»

 

Les voitures de moins d'un an transformées en ferraille par le programme comptaient une Scion xD, 10 Mercury Grand Marquis, deux camionnettes F-150 Édition spéciale toutes deux dotées d'un V8 de 450 chevaux et de peintures spéciales.

 

La voiture la plus échangée a été le VUS Ford Explorer (69 887 unités, soit 10% du total).

 

Pour être admissibles au programme, les voitures devaient être en état de marche, assurées depuis au moins un an et avoir été construites après 1984. Les règles favorisaient l'échange de vieilles camionnettes contre des voitures, afin d'encourager le retrait de véhicules moins éco-énergétiques.