Assemblée à Saint-Jérôme au nord de Montréal, la Zenn, une voiture à basse vitesse (VBV) entièrement électrique, aura-t-elle un jour l'autorisation de rouler au Québec?

Si l'on en croit Gilles Allard, vice-président à l'exploitation chez de Zenn Motor, la réponse est oui.

Bien sûr, la Zenn, un véhicule qui ne peut dépasser 40 km/h, n'est pas destinée ni conçue pour remplacer la voiture traditionnelle, ni pour circuler sur les autoroutes; mais elle représente une bonne solution pour les déplacements à l'intérieur d'une municipalité. Ayant une autonomie de 60 km, la petite automobile à deux portières répond aux exigences quotidiennes de la grande majorité des consommateurs qui utilisent leur véhicule pour se rendre au travail ou pour faire des courses.

De plus en plus de municipalités abaissent la vitesse permise sur leur réseau routier. À Prévost, dans les Laurentides, la vitesse est passée de 50 km/h à 30 km/h, alors que dans l'arrondissement de LaSalle, à Montréal, la limite est de 40 km/h sur le boulevard LaSalle, sur le boulevard Champlain et sur un tronçon du boulevard de La Vérendrye. «Beaucoup de choses se déroulent présentement dans ce domaine, lesquelles vont favoriser l'intégration des VBV», a expliqué M. Allard, selon qui une Zenn ne nécessite pratiquement aucun entretien.

La Zenn de seconde génération est propulsée par un moteur électrique à courant alternatif; la première génération était alimentée en courant continu. Cela procure au nouveau modèle une plus grande autonomie et de meilleures performances. La batterie du véhicule se recharge à l'aide d'un fil électrique branché dans une prise de courant ordinaire. Huit heures sont nécessaires pour obtenir une charge complète. Sans l'option climatisation, M. Allard a réussi à parcourir 69 km avec une pleine charge de batterie, alors que l'autonomie maximale avec l'air climatisé a été de 60 km.

Depuis que Zenn a commencé sa production, en octobre 2006, à partir de coquilles construites par la firme française Microcar, 300 voitures de l'année modèle 2007 ont été vendues aux États-Unis, où 45 états permettent déjà l'utilisation de VBV dans les zones où la limite de vitesse est de 40 km/h ou encore sur les campus et à l'intérieur de communautés fermées. Il y a même des VBV qui partagent la chaussée avec des véhicules conventionnels dans les villes de Washington et de Seattle. Pour 2008, Zenn entend produire de 700 à 1000 unités.

Actuellement, une vingtaine ont été vendues. Comme l'explique M. Allard, la conduite du nouveau modèle a été améliorée et la douceur de roulement est notable. Un autre des grands changements apportés au modèle 2008 au point de vue esthétique est la couleur du véhicule. Le toit est maintenant noir; la carrosserie, qui était auparavant grise, est désormais de couleur aluminium, et un nouveau vert forêt est disponible. Au chapitre du confort, Zenn offre la climatisation en option. C'est une option coûteuse (2200$), mais M. Allard estime que c'est un atout important sur le marché de la Floride. Parmi les autres options offertes, il y a le toit ouvrant (1100$) et une chaîne audio (250$). Le prix de base du véhicule est de 15 995$.

Trente-cinq concessionnaires aux Etats-Unis

Zenn Motor compte aux États-Unis sur un réseau de 35 concessionnaires, répartis dans plusieurs États. Il n'y en a présentement aucun au Canada, mais le fabricant souhaite ouvrir une concession en Colombie-Britannique (la seule province où le VBV est présentement autorisé). Depuis le mois de décembre 2007, Transports Canada a certifié le petit véhicule, mais ne recommande pas son utilisation sur les routes à cause de sa vitesse limitée. L'organisme fédéral a toutefois acquis deux Zenn afin de faire des essais plus poussés. Transports Canada laisse à chacune des provinces le droit de légiférer dans le domaine.

 

La Colombie-Britannique, qui exigeait avant le 29 novembre dernier que ce type de véhicule soit muni d'un gyrophare, de quatre clignotants et d'un triangle à l'arrière, a modifié sa législation et permet maintenant son utilisation sur les routes où la vitesse est de 40 km/h sans rien ajouter au véhicule. Sur les routes où la vitesse est de 50 km/h, la province laisse le choix aux municipalités de légiférer.

Au Québec, la ministre Julie Boulet a demandé en novembre dernier la mise sur pied de projets pilotes sur les VBV, et la SAAQ a accordé à Zenn une dérogation pour la municipalité de Saint-Jérôme, afin de permettre au fabricant de tester deux de ses véhicules sur les routes et dans les rues où la limite de vitesse est de 50 km/h.

Toujours selon le porte-parole de Zenn, deux projets sont présentement sur la table, au ministère des Transports, afin de permettre l'utilisation de ce type de véhicule dans certaines zones.

Par ailleurs, deux États américains ont déjà adopté une législation permettant l'utilisation de véhicules à moyenne vitesse (VMV), dont la vitesse ne peut excéder 56 km/h. Le constructeur entend installer un nouveau moteur dans ses véhicules destinés à ces nouveaux marchés. Équipée d'un tel moteur, la Zenn pourrait atteindre les 52 km/h.