Petite consolation pour les milliers de Québécois pris à la gorge par la flambée des prix de l'essence: ils roulent plus vert que tous les autres Canadiens. Une étude menée par un consultant automobile torontois démontre que leurs voitures sont les plus efficaces au pays.

Pour arriver à cette conclusion, Dennis DesRosiers a recensé tous les véhicules circulant dans les 25 principales villes du pays. Il a calculé la moyenne de leur consommation d'essence et a classé les villes en fonction de l'efficacité de leur parc automobile. Résultat: les cinq premières places sont occupées par des villes du Québec.

C'est la capitale provinciale qui mène la marche. Véhicules commerciaux mis à part, la voiture moyenne consomme 8,9 litres d'essence aux 100 km à Québec. Les quatre autres villes sont, dans l'ordre: Sherbrooke (9 litres), Trois-Rivières (9,15 litres), Montréal (9,23 litres) et Saguenay (9,25 litres).

La tendance n'est pas nouvelle, précise le consultant, car les Québécois ont toujours préféré de petites voitures économiques aux rutilants bolides sport et aux VUS. D'abord parce que leurs salaires sont généralement moins élevés que dans les autres provinces, mais aussi à cause du rapport qu'ils entretiennent avec leur bagnole.

«Les Québécois perçoivent la voiture comme un mal nécessaire, destiné à les mener du point À au point B de la manière la plus efficace possible, constate Dennis DesRosiers. Ils ne considèrent pas leur voiture comme une extension de leur personnalité.»

Étonnamment, la capitale canadienne de l'automobile, Windsor, se situe au bas du palmarès. La voiture moyenne y consomme 10,2L/100km. Calgary, capitale canadienne du pétrole, fait à peine mieux avec une moyenne de 10,17 litres.

Sur papier seulement

Malgré tout, le directeur de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, André Bélisle, estime que les Québécois ne roulent plus vert que sur papier. Car pour produire ces résultats, M. DesRosiers s'est fié à la consommation d'essence annoncée par les constructeurs d'automobiles. Or, dans les faits, le parc automobile de la province est beaucoup plus polluant qu'il n'en a l'air.

«On perd cette efficacité avec un parc automobile qui se dégrade très rapidement», dit-il.

Lorsqu'un véhicule est mal entretenu, explique-t-il, ses pièces se dégradent, le moteur force davantage et, à terme, la voiture émet plus de polluants. Dans certains cas, elles parcourent plusieurs milliers de kilomètres avec des systèmes antipollution défectueux. Et contrairement à une quarantaine d'États et provinces de l'Amérique du Nord, notamment l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique, le Québec n'a aucun programme d'inspection obligatoire des voitures.

«Après avoir mené une étude sur le sujet, nous avons constaté qu'entre 16% et 20% des véhicules du Québec ne sont pas conformes aux normes d'inspection fixées par les autres provinces et les États voisins.»

Consommation d'essence par véhicule (litres aux 100 km)Ville/Autoroute



Smart Fortwo 5,9 4,8

Honda Civic 8,2 5,7

Chevrolet Malibu 12,2 7,8

Hyundai Santa Fe 4X4 12,6 6,4

Hummer H3 4X4 16,6 12,6

Lamborghini Murcielargo Roadster 25,9 15,8

Source: ministère des Ressources naturelles du Canada