Pourquoi ce salon-là donne-t-il envie, plus que les précédents, de participer à la fête de l'automobile?

Déçu de n'avoir pu me rendre au salon de Detroit la semaine dernière? Pas le moins du monde après ma visite du 40e Salon de l'auto de Montréal. Les principaux véhicules destinés à la production de masse présentés au cours des huit dernières semaines dans les gros shows américains prennent la pose au Palais des congrès de Montréal depuis vendredi dernier.

«Notre» salon automobile n'a sans doute plus, sur le plan international, la même envergure qu'autrefois, mais il vaut assurément le détour. Si l'emplacement du Palais des congrès provoque une certaine grogne, autant chez les constructeurs que chez les visiteurs, reste que l'événement montréalais en est un de très grande qualité. Ceux qui sont venus voir les nouveaux modèles ne seront pas déçus car, cette année, on vous offre bien évidemment ceux de 2008 et nombre de constructeurs proposent en prime quelques modèles de la cuvée 2009.

Cette année, pour sa 40e édition, le salon est le théâtre de quelque 40 premières canadiennes ou nord-américaines. La X6 de BMW, la XF de Jaguar, la MKS de Lincoln ou encore la Vue à propulsion hybride de Saturn, pour ne nommer que ceux-là, sont au nombre de ces nouveautés qui tiennent, en simultané, la vedette à Detroit. Pour une (rare) fois, les organisateurs montréalais n'ont aucun motif de se désoler par rapport à Detroit: le nombre de primeurs est loin de tenir dans un dé à coudre cette année.

Les mauvaises langues ne manqueront pas de relever - encore une fois - l'impact négatif de l'automobile sur l'environnement, l'équilibre encore instable entre le prix que nous payons et celui des Américains, mais pour la durée de l'événement, est-ce possible de ne pas gâcher la fête et de seulement goûter à ce que l'automobile fait de mieux - nous faire rêver?

En toute franchise, ce qui m'a plu cette année, c'est de retrouver un salon aux dimensions humaines dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler celle des salons de Genève ou encore de New York. Un petit côté «cosy» qui nous change du gigantisme des grands salons internationaux.

Pour qui aime l'automobile, ce salon de Montréal demeure fidèle à la tradition: une fête des sens, une longue flânerie et parfois même un lieu d'échanges, de discussions avec des gens que vous ne reverrez probablement jamais, mais qui sont de bonne compagnie, forcément, puisqu'ils sont venus chercher la même chose que vous: un peu de rêve et d'évasion.

Alors tant pis si vous n'avez pas les moyens de rouler dans ce modèle qui vous séduit tant au détour d'un stand. En fait, il ne faut pas chercher de justification rationnelle pour aller au Salon de l'auto. Le plaisir des yeux ne s'explique pas. Ni celui de caresser la courbe d'une aile, s'asseoir derrière le volant, ou éprouver le moelleux des sièges même si on regrette amèrement que plusieurs véhicules dits de prestige soient verrouillés à double tour.

Voilà pourquoi le Salon m'est apparu cette année, dans son ensemble, beaucoup plus qu'une vaste salle d'exposition. Le thème de la découverte va pour une fois au-delà de la simple démarche mercantile consistant à vendre les quelque 650 véhicules qui y sont présentés.

C'est une occasion unique pour monsieur et madame Tout-le-Monde de prendre directement le pouls de cette industrie et de forger sa propre opinion sur les forces en présence, du chemin parcouru pour rendre l'utilisation de l'automobile plus sûre, mais aussi plus écologique. Après avoir fait le plein de documentation que vous étudierez passionnément jusqu'au printemps, il ne restera plus qu'à contraindre vos désirs automobiles dans l'enveloppe étroite de votre budget.

C'est le côté un peu moche, j'en conviens, mais d'ici là, rêvons un peu. Ce salon, c'est comme une pâtisserie géante pour un gourmet, comme la plus grande des bibliothèques pour un amoureux de littérature. Nous ne mangerons jamais de tout. Nous ne lirons jamais tout. Ne conduirons jamais tout non plus. L'important, c'est d'embrasser du regard tant de plaisirs exposés. Et cela, croyez moi, c'est tout simplement jouissif.