En 95 ans d'histoire, la Grabowsky Motor Company (GMC) n'a jamais produit un véhicule à châssis monocoque. Que des châssis à échelle. Il fallait bien qu'elle cède un jour. Nargués sur ses terres mêmes par les Range Rover, Mercedes, Lexus et Infiniti, GMC se devait de ranger ses principes au vestiaire et plonger à son tour dans cette macédoine automobile que sont les véhicules multisegments.

Jusqu'à tout récemment, aux États-Unis, le mélange des genres n'était guère l'usage. Mais inévitablement il allait le devenir. General Motors, pour un, entend y frotter son emblème avec le lancement de trois véhicules dont le GMC Acadia. Une appellation qui rappelle sans doute la - très peu - regrettée Acadian que Pontiac commercialisait à la fin des années 70, mais les Américains qui demeurent principalement la clientèle visée par cette nouveauté ne l'ont, eux, jamais connu.

Pour séduire une clientèle que GMC estime largement féminine, l'Acadia cherche à arrondir les angles et s'affranchit de l'image «gros durs» véhiculée jusqu'ici par cette filiale du géant américain. Seul le dessin de la calandre préserve un lien de parenté avec les Yukon, Canyon et autres membres de la famille. Nonobstant une garde au sol appréciable, l'américaine affiche des dessous «chics» qui ne dépareraient pas sur une automobile. La plate-forme Lambda, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, porte le sceau de la nouveauté. Une architecture à roues avant motrices sur laquelle la GM pourrait très bien faire reposer ses futures fourgonnettes si elle décidait de revenir sur sa décision d'abandonner ce créneau.

Imposant et lourd, l'Acadia retient les services d'une seule mécanique : un V6 3,6 litres de 275 chevaux. Doté d'une paire d'arbres à came, du dispositif de calage variable des soupapes, ce moteur promet de délivrer suffisamment de puissance pour tracter une charge de 2000 kilos. Et des passagers aussi ? La puissance paraît un peu juste. Déjà qu'avec seulement deux personnes à bord, l'Acadia est loin d'être un foudre de guerre. Près de neuf secondes (chronométrage manuel) sont nécessaires pour atteindre les 100 km/h suite à un départ arrêté. La boîte semi-automatique à six rapports, la seule disponible, fait de son mieux pour préserver le rythme, mais sur le modèle pré série que nous avons essayé, sa gestion paraissait par moment confuse. À vérifier dans le cadre d'un banc d'essai complet.

Le coeur de l'Acadia bat fort et GMC, a-t-on appris, entend proposer une alternative dans le futur. Celle-ci pourrait très bien prendre la forme d'un V8 qui, selon les ingénieurs rencontrés, n'aurait aucun mal à se frayer une place sous le capot.

C'est une fois sa vitesse de croisière atteinte que l'Acadia se révèle sous son meilleur jour. La direction est apparue précise et les mouvements de caisse bien maîtrisés. Son comportement est certainement moins sportif que celui d'une Honda Pilot, mais l'Acadia n'en a cure, elle soigne davantage le confort de ses occupants. En fait, il n'y a qu'à faible vitesse, sur une route bosselée que les amortisseurs arrière apparaissent trop souples en détente.

Moyennant quelques options bien choisies, l'Acadia démontre un sens de la famille aussi poussé que celui d'une fourgonnette. On relève une surface vitrée double au pavillon, un lecteur de DVD aux places arrière et une troisième rangée de sièges qui se déploie et se range en un tournemain. La troisième banquette est hélas trop exiguë pour des adultes et elle limite en outre le volume du coffre. On rencontre le même problème sur ses rivaux à la différence que le GMC innove en facilitant grandement l'accès à la troisième banquette en permettant simplement aux baquets de la seconde de coulisser. Comme c'est simple. Et efficace en plus. C'est «Smart Slide», dit-on, chez GM.