En 2017, la banque Morgan Stanley avait déclaré que la marque Jeep valait à elle seule plus que Fiat Chrysler Automobiles dans son entièreté. Certes, le contexte a grandement changé depuis avec la création de Stellantis en janvier 2021, mais ce fait traduit l’importance considérable de cette marque, qui fascine toujours une clientèle de passionnés grandement fidélisés. Dans son portfolio, le Compass est né de l’idée de démocratiser Jeep, sans toutefois avoir l’exécution pour l’appuyer. Révisé cette année, il promet maintenant de faire mieux.

Le design

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Les designers ont greffé au Compass l’indispensable calandre à sept fentes qui n’a ici qu’une fonction esthétique.

On doit évidemment reconnaître un Jeep au premier abord. Pour préserver ce caractère propre qui prend racine au cœur de la Seconde Guerre mondiale, les designers ont greffé au Compass l’indispensable calandre à sept fentes qui n’a ici qu’une fonction esthétique. À l’instar du Grand Cherokee, elle est positionnée assez haute, par-dessus les ouvertures de refroidissement superposées dans un arrangement un peu complexe visuellement. Latéralement, le VUS arbore des passages de roues en trapèze et une garde au sol acceptable de 20,6 cm, qui demeure toutefois moindre que celle d’un Subaru Crosstrek (22 cm). Les traits sont dans l’ensemble simples et plutôt harmonieux dans une démarche cherchant à imiter le grand frère de la gamme. On décèle cependant encore des problèmes d’assemblage assez marqués, se traduisant par des interstices trop larges à divers endroits au niveau des joints de carrosserie.

À bord

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L’habitacle du Jeep Compass 2022

L’habitacle nous gratifie pour 2022 d’une révision complète de l’aménagement. Mettant l’accent sur un aspect plus épuré et l’usage plus marqué d’un contraste de couleurs, le Compass donne une belle première impression. Les textures souples sont plus présentes qu’avant et l’intégration des buses et des diverses commandes rend le rendu beaucoup plus agréable à l’œil. Cela dit, on ressent encore cette impression de qualité moyenne lorsqu’on analyse les surfaces sous le milieu de la ceinture de caisse. Les plastiques durs y sont généralisés. Des pièces fréquemment touchées n’inspirent guère confiance non plus, comme les bras des clignotants ou les poignées inférieures des portières. Le bon usage de l’espace offert est néanmoins à souligner, avec des places arrière plutôt spacieuses, ce qui limitent un peu l’espace aux jambes des places avant.

Sous le capot

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Le quatre-cylindres de 2,4 L du Jeep Compass emploie un système hydraulique qui actionne les soupapes d’admission, ce qui lui permet de se passer d’un arbre à cames sur deux et de rendre l’action plus précise en fonction du régime.

Hormis l’intégration progressive d’un groupe hybride rechargeable, Jeep demeure particulièrement prudent quant à la sélection de ses mécaniques. Le Compass ne fait pas exception à cette constante ; il ne peut être mû que par un seul moteur, un quatre-cylindres atmosphérique de 2,4 L d’origine Fiat d’une puissance modeste (177 ch). Il conjugue ses efforts avec une boîte automatique à neuf rapports qui s’est révélée habile au cours de l’essai routier, trillant bien les rapports avec discrétion. On ne peut en dire autant du moteur en soi, manquant de répartie pour déplacer adéquatement les 1500 kg du véhicule dans tous les contextes. Il ne le manifeste toutefois pas en inondant l’habitacle de décibels à tonalité disgracieuse et demeure plutôt linéaire avec ses moyens limités. Sa consommation de carburant, qui se situe à peine sous les 10 L/100 km, est malgré tout trop élevée. Bien des VUS de plus gros format font mieux sans l’apport de l’hybride.

Derrière le volant

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Le Jeep Compass 2022 partage des éléments avec la Fiat 500X.

Construit sur des fondations connues qui sont entre autres partagées avec la Fiat 500X, le Compass 2022 promet sur papier d’être plus abouti sur le plan dynamique au moyen d’un amortissement et d’une direction révisés. Force est d’admettre que ces promesses ne se matérialisent pas de manière très convaincante. La direction n’est pas d’une grande précision et les suspensions négocient plutôt mal avec les changements de revêtements, déstabilisant par moments le châssis, surtout en courbe. On ne sent pas le véhicule en plein contrôle de ses moyens, donnant une impression de flottement sans appuyer un bon confort. La direction, totalement déconnectée, appuie une espèce de brouillard sensoriel lorsqu’on accélère le moindrement le rythme. Le rouage intégral fait un boulot fort acceptable au demeurant. Pas le plus vif pour actionner l’intervention du train arrière, il permet cependant d’assez bien négocier avec les intempéries.

Les technologies embarquées

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Le Jeep Compass peut être équipé d’un écran tactile de 10,1 po pour naviguer dans le système d’infodivertissement.

C’est ici que ce Compass brille le plus, et ce, par une grande marge. Le modèle reçoit pour 2022 l’apport du nouveau système d’infodivertissement Uconnect 5 de Stellantis. Remplaçant un système reconnu pour son intuitivité et son efficacité, il consolide la position du groupe automobile comme leader en la matière. Maintenant sur une base Android et bénéficiant des mises à jour en nuage, il est d’une simplicité d’utilisation indéniable et repose sur un écran tactile de bonne qualité et réactif. Il emploie deux bandes d’icônes présentes en permanence, l’une en bas pour accéder aux divers menus importants et l’autre en haut pour sélectionner le menu du système de chauffage/climatisation. C’est lisible et fort intuitif. La livrée Limited essayée double le tout avec un écran d’instrumentation numérique imitant celui du Grand Cherokee sans avoir la même définition, cependant. Notons la proposition de caractéristiques de sécurité active dans un groupe coûteux, malgré une facture de départ déjà onéreuse.

Le verdict

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On ne peut nier les gains sur l’aménagement intérieur et le système d’infodivertissement, mais ces avancées cachent une plateforme dépassée.

Ce Jeep Compass nous donne une leçon fondamentale : l’importance de la valeur de chaque dollar déboursé à l’achat d’un véhicule. Certes, il y a une grande subjectivité associée à cette variable. Mais à 48 975 $ pour la version essayée, ce modèle témoigne de l’enflure excessive des prix, mais aussi des limites de l’attrait d’une marque pour justifier les canards boiteux de sa gamme. Franchement dit, ce modèle n’est pas de taille et n’inspire guère une impression de qualité qui justifie une facture aussi élevée. On ne peut nier les gains sur l’aménagement intérieur et le système d’infodivertissement, mais ces avancées cachent une plateforme dépassée. La seule mécanique offerte n’est de plus ni frugale ni assez souple pour les besoins de la cause. Bref, il serait sans doute opportun d’attendre ce que l’avenir nous réservera grâce à l’apport de l’expertise de PSA, l’autre face de Stellantis, dans les véhicules compacts.

Carnet de notes

Oui, il y a des touches physiques

Jeep a choisi de construire sa nacelle de commandes autour de boutons tangibles bien placés en opposition à des concurrents qui font un usage de plus en généralisé d’éléments tactiles. On salue la décision du constructeur qui permet de limiter les distractions.

Des sièges à revoir

Drapés d’un cuir pas très adhérent, les sièges avant manquent d’ajustement et de support au niveau des cuisses et du dossier, surtout par rapport au prix demandé.

Un coffre spacieux

Avec 770 L de volume accessibles par un grand hayon, le Compass offre beaucoup d’espace de chargement, surtout si on le compare aux autres acteurs de sa catégorie.

Remorquer légèrement

Le Compass a beau être un Jeep, il ne peut remorquer qu’une charge de 907 kg. Le remorquage est par ailleurs à proscrire pour la livrée à traction.

Au quatrième rang des modèles les plus vendus

Le VUS a clos l’année 2021 avec des ventes de 5931 unités, en hausse de 26 %. Il se place en quatrième place au palmarès des ventes de la marque, devant le Gladiator (4724 unités).

Fiche technique

Modèle à l’essai : Jeep Compass Limited

Moteur : L4 SACT 2,4 L

Puissance : 177 ch à 6400 tr/min

Couple : 172 lb-pi à 3900 tr/min

Transmission : Automatique à neuf rapports avec mode manuel

Architecture motrice : Moteur transversal avant, transmission intégrale

Consommation (constructeur) : 9,5 L/100 km

Prix (avec options, transport et préparation) : 48 975 $ (fourchette de prix entre 30 690 $ et 41 090 $ avant les options à la pièce)

Concurrents : Chevrolet Trailblazer, Ford Bronco Sport, Fiat 500X, Honda HR-V, Hyundai Kona, Jeep Renegade, Kia Seltos, Mazda CX-30, Mini Countryman, Nissan Qashqai, Subaru Crosstrek, Toyota Corolla Cross et Volkswagen Taos

Du nouveau en 2022 ? : Habitacle redessiné, nouveau système d’infodivertissement et plateforme légèrement révisée

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