Il peut se passer beaucoup de choses durant 16 années. Quatre mandats de présidents américains, plusieurs entraîneurs du Canadien remerciés et nombre d’innovations technologiques qui réinventent notre quotidien. C’est aussi la période immensément longue durant laquelle le Nissan Frontier de deuxième génération a été offert, de 2005 à 2021. La camionnette intermédiaire, qui a longtemps figuré parmi les incontournables du segment, a fait peau neuve pour l’année-modèle 2022, mais ne repense en rien le concept.

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR NISSAN

La version essayée était de cabine courte (King Cab), ce qui permet de bénéficier de série de la caisse de 1,86 m sans allonger l’empattement.

De prime abord, cette troisième cuvée de la camionnette change résolument sa présentation, qui était auparavant plutôt générique. En accoutrement Pro-4X de la livrée essayée, le Frontier présente une image de vigueur appuyée sur ses épaules bien carrées ainsi que sur sa calandre rectangulaire aux moulures costaudes. La plaque de protection avant bien exposée étale ses prétentions hors route, tout comme ses jantes de 17 po à peine enfilant une monte pneumatique bien charnue pour résister aux obstacles protubérants. Sur le plan de la configuration, deux types de cabine s’offrent à l’acheteur : l’une moins volumineuse (King Cab) à portières arrière à penture inversées et l’autre, pleine grandeur (Crew Cab). Deux longueurs de caisse sont proposées : 1,5 m ou 1,86 m. Cette dernière est de série si l’on opte pour l’habitacle plus petit.

À bord  

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L’habitacle du Nissan Frontier

Nissan reprend ici les codes stylistiques consacrés chez les camionnettes traditionnelles. Le Frontier arbore des formes rectangulaires généralisées pour donner un aspect industriel, plus robuste au rendu. Pour rompre avec les teintes sombres, on ajoute certains accents d’orange dans la finition des portières et au moyen de surpiqûres. Du reste, on salue la grande simplicité du rendu par rapport à des modèles d’approches plus récents qui nécessitent l’utilisation du système d’infodivertissement pour presque tout. L’ensemble des touches sont à portée de main, mais on décèle cependant un usage généralisé de pièces faites de plastique rigide. De plus, l’assemblage paraît en parallèle un peu inégal par endroits. L’absence de volant télescopique limite en outre les ajustements pour le conducteur. Si vous optez pour la cabine plus courte, les places arrière feront probablement grimacer même votre chien tant elles sont ajustées. Il n’y a donc pas d’avantage tangible à opter pour cette conjugaison, hormis pour économiser légèrement ou pour bénéficier de la caisse longue sans augmenter la longueur hors tout.

Sous le capot 

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Le V6 de 3,8 L a des origines lointaines, mais fait du bon boulot dans l’ensemble.

C’est à un V6 de 3,8 L qu’incombe la responsabilité de mouvoir ce Frontier. Il est doté de l’injection directe et appartient à la vénérable lignée de moteurs VQ. Malgré ce fait, Nissan précise qu’il est composé à 93 % de pièces nouvelles ou retouchées pour l’aider à produire 310 ch et 281 lb-pi de couple, des chiffres somme toute concurrentiels. Il s’adjoint d’une transmission à 9 rapports pour effectuer la tâche. Dans l’ensemble, sa tenue est fort satisfaisante. La courbe de puissance est progressive et ses manières sont bien meilleures que les V6 précédents de cette lignée, critiqués pour leur rugosité. La transmission, actionnée au moyen d’un bon vieux levier, répond aussi dans un délai acceptable, sans à-coups. Les capacités de remorquage de la camionnette se situent entre 2844 kg et 2980 kg, ce qui est loin derrière les Ford Ranger et le duo Chevrolet Colorado/GMC Canyon, mais comparable au Toyota Tacoma.

Derrière le volant  

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Le Nissan Frontier 2022 à cabine Crew Cab

Ce Frontier 2022 repose essentiellement sur le châssis en échelle retravaillé de la génération précédente, mais Nissan assure que des efforts ont été concentrés sur la direction et sur les éléments suspenseurs. Ces éléments demeurent néanmoins bien conformistes dans leur conception : bras en acier à double triangulation à l’avant et ressorts à lames à l’arrière. La direction est l’une des rares à utiliser une assistance hydraulique, mais on n’obtient pas les bienfaits du toucher plus communicatif souvent associés à cette approche technique. Elle se fait aussi bizarrement très lourde à basse vitesse. Malgré l’usage d’amortisseurs Bilstein, la version Pro-4X s’est révélée plutôt bondissante et malhabile en conduite quotidienne. Lorsque la surface devient plus crevassée, leur longue course diminue malgré tout les effets des secousses. Ce groupe d’options axé sur le hors-route ajoute aussi un différentiel à blocage électronique, pour la motricité. Il fait équipe avec un système à quatre roues motrices de série qui n’offre pas de mode automatique.

Les technologies embarquées 

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Le système d’infodivertissement optionnel possède un écran légèrement plus gros que celui de série.

Il y a très peu à dire sur l’aspect purement technologique du Frontier. Il enchâsse en option un grand écran tactile de 9 po qui permet de contrôler un système d’infodivertissement simple d’utilisation, mais plutôt dépassé dans sa présentation et ses fonctionnalités. Ce n’est certes pas un produit qui cible les friands de technologie. La définition de qualité navrante de sa caméra de recul l’expose de manière évidente. Apple CarPlay et Android Auto sont néanmoins intégrés de série, ce qui est maintenant incontournable dans l’univers automobile. L’instrumentation, qui mélange des aiguilles physiques à un écran central numérique, est pour sa part lisible. Concernant la sécurité, tous les éléments communs sont là de série : capteurs d’angles morts, régulateur de vitesse adaptatif et assistance active au freinage.

Le verdict  

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Le Nissan Frontier 2022 cible réellement de front le Tacoma dans sa fourchette de prix et ses capacités, sans avoir sa notoriété.

Travaillant sans doute avec des moyens limités pour assurer le développement de cette nouvelle génération du Frontier, les ingénieurs ont tenté tant bien que mal de tirer vers le haut cette camionnette intermédiaire. Certes, elle est plus raffinée qu’auparavant grâce à un habitacle rafraîchi, à un moteur plus souple et doux ainsi qu’à un degré d’insonorisation plus poussé. Il n’en demeure pas moins qu’on a l’irrépressible impression de conduire un véhicule âgé. Il est aussi moins accessible financièrement que ses rivaux américains tout en pouvant tracter une charge moindre que ceux-ci. Il cible donc réellement de front le Tacoma dans sa fourchette de prix et ses capacités, sans avoir sa notoriété. On aurait sans doute aimé en avoir un peu plus autour de l’os, surtout si l’on tient compte de l’arrivée de nouvelles générations de camionnettes à châssis monocoques qui sont plus raffinées et moins gourmandes, mais n’offrent évidemment pas sa robustesse. Tout dépend des besoins, en somme.

Carnet de notes  

Pour bien arrimer les objets

Le Frontier est doté d’ingénieux crochets placés sur des rails, ce qui permet de bien positionner des sangles ou des courroies pour arrimer la marchandise placée dans la caisse.

Un vrai système à quatre roues motrices

À l’opposé des rouages intégraux qui s’engagent automatiquement, le Frontier dispose, à l’instar de bien de ses rivaux, d’un système à quatre roues motrices que l’on engage au moyen d’une molette. Deux modes sont évidemment proposés, selon le degré d’adhérence et la vitesse atteinte (4HI, 4LO).

Une consommation raisonnable, mais élevée

Sans aspirer aux grands honneurs à ce chapitre, l’exemplaire essayé a obtenu une consommation de carburant très près des chiffres avancés par le protocole de mesure d’ÉnerGuide (12,3 L/100 km). Cela dit, ce n’est pas exceptionnel comparativement à certaines camionnettes plus imposantes.

Pour la stabilité lorsqu’on tracte

Le Frontier est doté d’un système qui détecte le louvoiement de la remorque ou de la roulotte tractées qui met au besoin les freins pour redresser le tout et ainsi éviter un accident.

La taille mise en contexte

À 5,3 m de long, le Frontier mis à l’essai est 54 cm plus court qu’un F-150 doté de sa plus grande cabine et de la caisse courte. Cela permet évidemment de faciliter sa maniabilité en utilisation quotidienne.

Fiche technique

  • Modèle à l’essai : Nissan Frontier Pro-4X King Cab 2022
  • Moteur : V6 DACT 3,8 L
  • Puissance : 310 ch à 6400 tr/min
  • Couple : 281 lb-pi à 4400 tr/min
  • Transmission : Automatique à neuf rapports
  • Architecture motrice : Moteur longitudinal avant, quatre roues motrices
  • Consommation (ÉnerGuide) : 12,3 L/100 km
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 47 548 $
  • Concurrents : Chevrolet Colorado, Ford Maverick, Ford Ranger, GMC Canyon, Honda Ridgeline, Hyundai Santa Cruz et Toyota Tacoma
  • Du nouveau en 2022 ? : Nouvelle génération
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