Modestie de façade
Au sein de la gamme Volkswagen, la Jetta se trouve de plus en plus isolée. Hormis la très confidentielle Arteon, il revient à la seule Jetta le soin de défendre les couleurs de la marque de Wolfsburg au rayon des automobiles. Et qui plus est, dans un segment qui, hier encore, était le favori des consommateurs québécois : les compactes. La Jetta remplit sa mission avec sérieux, mais aussi une certaine timidité.
Il y a une décennie à peine, toute marque généraliste se devait d’offrir un modèle de référence, un standard qui ne déplaise à personne et vers lequel devaient confluer les acheteurs. Or, la déferlante des utilitaires moyens – plus tendance et plus chers – a fait voler en éclats ce fondement.
En comparaison, la Jetta n’a jamais acquis une telle notoriété auprès de la masse des automobilistes, mais elle a longtemps été, en revanche, une voiture pour initiés. Une auto qui ne se révèle qu’à celui ou celle qui prend le volant. Mais cette appréciation relève, elle aussi, d’une autre époque, à moins bien sûr d’opter pour la déclinaison GLi, plus mordante (elle bénéficie d’un moteur de 2 L) et plus affinée. La Jetta de monsieur et madame Tout-le-Monde s’en remet à un modeste – mais ô combien frugal – 1,5 L pour entraîner ses roues avant motrices.
Ce quatre-cylindres de 1,5 L suralimenté par turbocompresseur identique à celui qui motorise le Taos se révèle un peu mou à bas régime, mais assez volontaire dès qu’il s’agit de prendre des tours. Et particulièrement économe aussi. Plus bruyant que mélodieux lorsqu’on le sollicite pour de bon, ce propulseur auquel il manque un brin de souplesse et un temps de réponse plus court (l’effet du turbo se manifeste plutôt abruptement).
Manuelle offerte
Une fois n’est pas coutume, Volkswagen propose toujours le choix entre une boîte manuelle et une automatique. La première compte six rapports, tandis que la seconde en a huit. D’ordinaire, on recommande l’automatique, car elle facilite la revente (toujours vrai), mais aussi, et surtout, parce qu’elle abaisse notoirement la consommation. Sauf dans ce cas-ci. En effet, l’écart entre les deux boîtes tient dans un dé à coudre. La manuelle, malgré son guidage caoutchouteux, demeure la plus amusante et permet de faire davantage corps avec cette berline.
Le « toucher de route » n’a rien d’exceptionnel, mais l’auto se révèle à la fois rassurante et sécurisante. La direction est légère – agréable dans les manœuvres à basse vitesse – mais imprécise, et la suspension est d’inspiration américaine, c’est-à-dire un poil trop souple.
Effacée et discrète
On aura vite compris que la Jetta s’adresse à des acheteurs qui ne cèdent pas aisément au coup de cœur et privilégient plutôt des fonctionnalités très terre à terre. Conséquence : inutile d’en rajouter sur le style extérieur ou l’originalité de l’architecture. À ce chapitre, Volkswagen ne risque rien et s’en remet à une plateforme éprouvée ayant atteint un stade de développement difficile à surpasser.
Sans être lourdes, les lignes sont strictes et cherchent moins à exprimer la sportivité ou le statut social qu’à inspirer confiance. La finition intérieure est de très bonne facture, mais un cran en dessous des ténors de la catégorie dans ce domaine.
Les choses se gâtent si l’on considère non plus la qualité perçue, mais l’ambiance de l’habitacle – un peu sinistre – héritée d’un autre âge, et ses motifs noirs. Il y a donc absence de gaieté, surtout si votre choix s’arrête sur la livrée d’entrée de gamme (Trendline et Comfortline). Pour un peu de couleurs (voir nos photos), il faut prendre rendez-vous avec la Highline.
Cela dit, parmi les propositions de Volkswagen, la version Comfortline apparaît la plus équilibrée des trois. Elle jouit, comme le modèle haut de gamme, du cockpit numérique de Volkswagen. Celui-ci permet de configurer le bloc d’instrumentation et de bénéficier d’un écran d’infodivertissement dont la taille ne s’apparente pas à un timbre-poste. En plus d’inclure une vraie roue de secours et non une bombe anticrevaison, une climatisation à deux zones et d’autres petites douceurs associées à la vie moderne.
Le conducteur peut aisément régler sa position grâce à l’amplitude du réglage du volant et du siège. La Jetta peut aussi compter sur son habitabilité aux places avant et arrière ainsi que sur son coffre dont la contenance est impressionnante. La malle, d’une profondeur abyssale, se module également puisqu’il est possible de rabattre en tout ou en partie les dossiers de la banquette.
Alors que ces derniers temps, le constructeur allemand Volkswagen brille plus dans la catégorie des utilitaires tout en accélérant sa transition vers le tout-électrique, la Jetta porte le flambeau de la « voiture du peuple ».
Consultez le site de Volkswagen CanadaVolkswagen Jetta
Fourchette de prix
De 22 995 $ à 30 295 $ (2023)
Visible dans les concessions
Maintenant
Consommation
6,7 L/100 km (automatique)
6,9 L/100 km (manuelle)
On aime
Consommation d’essence
Comportement rassurant
Coffre abyssal
On aime moins
Direction légère
Suspension évasive
Présentation basique
Notre verdict
Ennuyante, mais serviable
Fiche technique
Moteur
- L4 DACT 1,5 L turbocompressé
- 158 ch à 5500 tr/min
- 184 lb-pi de couple à 1750 tr/min
Performances
- Poids : 1322 kg
- Capacité de remorquage maximale : non recommandé
- Coefficient de traînée aérodynamique : 0,28
Boîtes de vitesses
- De série : manuelle à 6 rapports
- Optionnelle : automatique à 8 rapports
- Mode d’entraînement : traction
Pneus
- 205/60R16 (Trendline)
- 205/55R17 (Comfortline et Highline)
Capacité du réservoir, essence recommandée
- 50 L
- Ordinaire
Dimensions
- Empattement : 2686 mm
- Longueur : 4738 mm
- Hauteur : 1465 mm
- Largeur : 1799 mm (rétroviseurs extérieurs exclus)
Sept générations vous regardent
« Une Rabbit (Golf) flanquée d’un coffre », voilà en résumé comment fut accueillie la Jetta à ses débuts en 1980 au Canada. Offerte sous les traits d’un coupé (deux portes) et d’une berline (quatre portes), la Jetta a mis peu de temps à devenir la voiture européenne la plus vendue en Amérique du Nord. Au fil des évolutions, la Jetta a soulevé son capot à plusieurs mécaniques, dont une entièrement électrique. Celle-ci a été produite en très petite quantité sous le nom de Jetta CityStormer et avait une autonomie maximale de 250 km.
Une autre berline à l’horizon
Présenté l’été dernier en Chine, le concept ID.Aero de Volkswagen est une berline entièrement électrique à peine plus longue que l’actuelle Jetta. La direction canadienne de Volkswagen confirme sa venue au Canada au cours de l’année-modèle 2024. En revanche, elle ne divulgue aucun autre détail sur ce modèle, si ce n’est qu’elle ne sera pas offerte avec une boîte manuelle... Plus sérieusement, cette berline remplacera vraisemblablement l’Arteon et non la Jetta au catalogue de la marque. Elle reposera sur l’architecture MEB, laquelle intégrera une batterie (77 kWh ?) susceptible de lui procurer une autonomie de quelque 500 km.
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