Digne héritière de l’E-Type et des XK, la Jaguar F-Type existe déjà depuis une décennie complète. L’œuvre, qui se veut une célébration automobile du beau, fait toujours emballer les cœurs avec ses traits parachevés par une musique prenante. Nostalgique d’une époque où le coupé était l’objet aspirationnel incontournable, elle nous quittera en 2024, emportant avec elle un chapitre fondamental de l’histoire de Jaguar. Nous avons pris son volant, pour mieux comprendre.

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR JAGUAR

Il y a une harmonie extraordinaire dans les lignes de cette Jaguar F-Type R, surtout le trait du toit qui se marie à la poupe.

C’est à l’Écossais Ian Callum que l’on doit la première itération du design de cette F-Type. Sommité dans le monde automobile, il a entre autres travaillé chez Aston Martin, où il a sculpté les DB7 et Vanquish. La F-Type était donc déjà entre bonnes mains lors de sa genèse. Jaguar a retouché pour 2021 la partie avant du coupé, abaissant son regard sous la ligne de caisse avec des phares fins horizontaux, une approche stylistique utilisée sur d’autres modèles de la marque. Certes, cette posture enlève peut-être un peu d’unicité au dessin, mais le reste de l’œuvre demeure magnifiquement évocateur. L’accent est évidemment mis sur la portion avant au capot allongé. Il y a une harmonie extraordinaire dans ces lignes, surtout le trait du toit qui se marie à la poupe. Le galbe des ailes arrière, qui remplit les rétroviseurs latéraux, assure un aspect sculptural passionnant.

À bord 

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L’habitacle de la Jaguar F-Type

Fidèle à une approche tentant de marier le classicisme à la modernité essentielle à un véhicule de cette trempe, la F-Type n’en fait pas trop. Certes, c’est l’humeur des cuirs anglais qui nous accueille, ce qui nous encourage à les débusquer pour apprécier leur texture. Ils sont – presque – partout dans ce petit habitacle, mis en exergue par de belles surpiqûres. L’attention est concentrée sur le poste de conduite, délimité par une poignée triangulaire du côté passager. Les buses centrales rétractables ajoutent un peu de théâtralité à un rendu plutôt convenu. À l’examen, on décèle certains plastiques durs que l’on ne retrouve plus chez la concurrence, signe de l’âge de cette F-Type. Du reste, on doit évidemment accepter des concessions. Les rangements sont réduits, l’accessibilité est un peu complexifiée par la largeur et la hauteur des seuils de portes et la ligne de toit basse limite la visibilité frontale et latérale.

Sous le capot 

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La Jaguar F-Type a droit à deux V8.

Révolue, l’époque où cette F-Type pouvait être animée par des V6 ainsi qu’un quatre-cylindres pas digne du mandat. Jaguar les a délaissés pour n’offrir que des V8 dans toutes ses livrées. Le 5 L de cylindrée toujours suralimenté par compresseur volumétrique permet des puissances de 444 ch ou 575 ch, selon la somme déboursée. C’est sa déclinaison de série qui a été mise à l’essai, assurant un punch initial caractéristique de ce type de mécanique gorgée de couple. C’est toutefois sa musicalité qui dicte l’expérience. La sonorité bien grave et rythmée emplit l’habitacle quand les clapets d’échappement s’ouvrent, laissant échapper des notes dignes des plus grands riffs de Jimmy Page. C’est irrévérencieux, mais aussi bien contenu, car l’intensité se règle sur demande. On doit aussi noter l’excellence de la transmission à huit rapports qui ponctue les courtes pauses avec aplomb et douceur.

Derrière le volant 

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L’amortissement est fort bien équilibré pour négocier avec les surfaces inégales, ce qui diminue la fatigue souvent associée aux sportives après de longs trajets.

Jaguar a depuis un certain temps fait la transition vers le rouage intégral pour sa F-Type. On peut néanmoins toujours la commander à propulsion, une variante mue par le huit-cylindres d’entrée. La livrée essayée transmet son couple aux quatre roues avec une bonne efficacité, mais rend son dynamisme moins joueur, c’est inévitable. La direction gagnerait à être légèrement plus vive en entrée de virage, un constat qu’on pourrait en partie attribuer à la quincaillerie ajoutée à l’avant. Le coupé joue malgré tout son rôle de véhicule grand tourisme à merveille. L’amortissement est fort bien équilibré pour négocier avec les surfaces inégales, ce qui diminue la fatigue souvent associée aux sportives après de longs trajets. C’est dans cet esprit qu’il faut analyser cette F-Type, bien plus que sur ses performances pures. Lorsqu’une longue courbe ondulée est empruntée, on perçoit bien des mouvements malgré une stabilité évidente, résultat d’un poids élevé et d’un châssis axé sur la conduite sur route.

Les technologies embarquées 

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Le système d’infodivertissement de la Jaguar F-Type

Il n’y a rien de transcendant ici. L’écran horizontal de 12,3 po, bien incorporé à la planche de bord, est d’une relative efficacité. Sa définition est moyenne, mais il permet de naviguer avec aisance dans les menus de manière tactile. Jaguar a aussi eu l’intelligence d’éviter d’aller du côté des touches tactiles, ce qui diminue grandement les distractions. Les instruments de mesure entièrement numériques complètent l’offre avec une vitesse de rafraîchissement qui trahit l’âge du système. Les commandes au volant pour personnaliser les données affichées sont aussi peu intuitives. Apple CarPlay et Android Auto sont présents, mais pas de manière sans fil et il vous faudra sortir votre vieux câble USB. La sécurité active est quant à elle réduite à sa plus simple expression. Les capteurs d’angle mort sont en option et il n’y a pas de régulateur de vitesse adaptatif, une omission difficilement acceptable pour un véhicule de ce prix.

Le verdict 

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La Jaguar F-Type R a réussi de magnifique façon à entretenir la passion automobile avec une approche passionnée.

Incomprise par certains, adulée par d’autres, la Jaguar F-Type aura laissé sa marque en stimulant les sens, une qualité que bien peu de voitures modernes peuvent se targuer d’avoir. Lettre d’amour aux coupés anglais d’après-guerre, elle a réussi de magnifique façon à entretenir la passion automobile avec une approche passionnée. Certes, la barrière d’accessibilité demeure haute et la concurrence est rude dans son segment, mais difficile de trouver une voiture si magnétisante qui transcende ses lacunes évidentes. Qui plus est, elle reste l’un des coupés biplaces les mieux adaptés à un usage quotidien avec une grande attention accordée au confort. Avec ses V8 tonitruants, elle appartient indéniablement à une autre époque. C’est ce qui, hélas, l’a poussée vers la porte de sortie. Souhaitons maintenant que Jaguar conserve un coupé dans son virage électrique, pour le plaisir des yeux et dans un devoir de mémoire.

Carnet de notes 

Tout pour le design

Des poignées de porte rétractables au becquet arrière aussi rétractable, les designers de la F-Type ont tout fait pour préserver la pureté du design de cette voiture.

Un hayon pratique

Le coffre arrière de la F-Type coupé n’est pas très volumineux, à 283 L, mais a l’avantage d’être accessible au moyen d’un hayon qui lève passablement haut.

Pour avoir les cheveux au vent

Alors que la décapotable devient une espèce en voie de disparition, la F-Type offre toujours l’option en échange d’en moyenne 3500 $, selon la livrée choisie. Elle fait augmenter le poids total d’à peine 10 kg.

Le chrono ne ment pas

Près d’une seconde sépare la version à 444 ch de celle à 575 ch au 0-100 km/h (4,6 s contre 3,7 s).

Rouage intégral, donc véhicule quatre saisons ?

Avec son rouage intégral, la F-Type peut sans doute être considérée comme un véhicule quatre saisons. Il serait toutefois avisé de la laisser garée en cas de tempête en raison de sa faible garde au sol et de la largeur de ses pneumatiques.

Fiche technique 

  • Modèle à l’essai : Jaguar F-Type Coupé P450 R-Dynamic AWD
  • Moteur : V8 DACT 5 L suralimenté par compresseur
  • Puissance : 444 ch à 6000 tr/min
  • Couple : 428 lb-pi à 2500 tr/min
  • Transmission : automatique à huit rapports avec mode manuel
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 12,1 L/100 km (essence super)
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 119 150 $ (prix de départ de 99 250 $)
  • Concurrents : Chevrolet Corvette, BMW Série 8, Lexus LC et Porsche 911
  • Du nouveau en 2023 ? Aucun changement majeur
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