Genesis est sans conteste l’un des constructeurs de luxe les plus intrigants de l’heure. Avec une gamme fort compétente qui s’électrifie peu à peu, la marque de Hyundai jeune d’à peine sept ans voit de plus en plus de projecteurs se braquer sur elle. La grande berline G90 de deuxième génération veille à internationaliser son idée du faste à la coréenne que la marque veut employer comme porte-étendard. On ne chasse pas les ventes ici, mais les regards.

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR GENESIS

S’étendant sur une longueur identique à celle d’un Ford Expedition (5,3 m), la grande berline cultive un panache indéniable.

Dans une arène dominée par les Audi A8, BMW Série 7 et Mercedes-Benz Classe S, cette G90 part avec un déficit flagrant de notoriété. Ce deuxième opus donne néanmoins un sérieux coup de barre stylistique. S’étendant sur une longueur identique à celle d’un Ford Expedition (5,3 m), la grande berline cultive un panache indéniable. L’identité visuelle est renforcée par des phares à traits superposés qui semblent n’être interrompus que par le passage de roues pour se prolonger sur la latérale. Genesis emploie aussi un capot avant intégrant les ailes pour réduire la quantité d’interstices. La grande calandre pentagonale en crête inversée est par ailleurs correctement proportionnée et la ligne de toit « liftback » s’harmonise bien au couvercle de coffre. Les diodes arrière percent la pénombre avec de longues lignes filiformes horizontales se mariant à des feux obliques. C’est fort élégant.

À bord 

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Finement taillées pour reconduire le thème de l’horizontalité extérieure, les matières présentent de belles variations de textures et la présentation repose l’œil par son équilibre visuel.

Dès ses premiers tours de roue, Genesis s’est fait un point d’honneur de se démarquer par ses habitacles chaleureux et habilement ficelés. Son expertise en la matière atteint des niveaux remarquables avec cette G90. Finement taillées pour reconduire le thème de l’horizontalité extérieure, les matières présentent de belles variations de textures et la présentation repose l’œil par son équilibre visuel. Les touches présentent un ressenti solide et sont fort ergonomiques. La fibre de carbone forgée permet d’ajouter une touche de modernité sans un verni clinquant. On aurait néanmoins aimé plus de personnalisation dans l’assemblage. L’espace en soi est évidemment grand et les sièges massants sont conçus pour recevoir de nombreux types de physiques, à défaut d’offrir un rembourrage réellement moelleux. Comme toute grande berline qui se respecte, les passagers arrière sont choyés par la présence de fauteuils infiniment réglables et d’un écran tactile contrôlant diverses fonctions.

Sous le capot 

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Le moteur de la Genesis G90 2023 est un V6 de 3,5 L suralimenté par deux turbocompresseurs ainsi qu’un compresseur électrique de 48 V.

Genesis ne propose qu’un seul moteur au Canada pour mouvoir sa G90, un V6 de 3,5 L suralimenté par deux turbocompresseurs ainsi qu’un compresseur électrique de 48 V qui comble les creux à bas régime. Ses 409 ch et 405 lb-pi de couple peuvent paraître modestes pour déplacer 2,4 tonnes, mais la souplesse de cette mécanique est impressionnante pour la cylindrée. Elle est toutefois quelque peu bridée par une transmission automatique (8 rapports) semblant à la traîne par moments dans ses décisions. Jamais ce V6 ne pourra se comparer aux V8 suralimentés employés ailleurs en regard aux performances pures, mais là n’est pas sa visée. Son onctuosité se marie bien avec l’esprit de l’œuvre, mais sa consommation est trop haute, ce qui aurait pu être limité par l’usage d’un moteur électrique en appui. Qu’à cela ne tienne, il y a une sérénité qui s’en dégage.

Derrière le volant 

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Cette G90 brille surtout par son amortissement, assuré par un système pneumatique qui peut ajuster la garde au sol automatiquement.

La grande dame se met en marche dans un silence qui n’est brisé que par les courtes envolées du V6. On dénote assez rapidement la présence des roues arrière directionnelles, donnant une impression de glissade latérale parfois trop marquée. La voiture se place plutôt bien en courbe pour ses dimensions grâce à une direction correctement dosée dans son assistance ainsi que son rouage intégral. Mais cette G90 brille surtout par son amortissement, assuré par un système pneumatique qui peut ajuster la garde au sol automatiquement pour franchir des obstacles ou négocier avec des aspérités. Ça marche étonnamment bien lorsque l’on franchit les nombreux nids-de-poule québécois. Les pneus d’hiver à flancs très minces montés sur le véhicule d’essai ne nous ont cependant pas permis d’évaluer le roulement sous son jour le plus favorable, celui-ci paraissant un peu trop rugueux pour la cause.

Les technologies embarquées 

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L’écran multimédia de la Genesis G90 2023

Cette Genesis G90 est outillée de la dernière mouture du système d’infodivertissement du constructeur. La navigation peut autant s’effectuer du volant que par une molette fixée sur la console centrale ou sur l’écran en lui-même. Cette dernière option est la moins plaisante en raison de la distance qui sépare le conducteur de celui-ci. Le système en tant que tel est parmi les meilleurs offerts chez les constructeurs de luxe. Bien défini et rapide à souhait, il nous permet de prendre rapidement nos aises dans des menus bien construits qu’on sélectionne par de grands onglets verticaux. La configuration des diverses fonctionnalités est d’ailleurs fort intuitive en s’appuyant sur une représentation 3D de la voiture sur laquelle des pastilles sont placées pour sélectionner les éléments. Pas d’Apple CarPlay ou d’Android Auto sans fil cependant, ce qui est pourtant incontournable pour un véhicule de ce prix.

Le verdict 

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Qui va vouloir débourser 115 000 $ pour une grande berline dans le contexte actuel ?

En dépit de ses grandes qualités en regard de son prix, cette Genesis G90 se heurtera toujours à une question fondamentale : est-ce un véhicule aspirationnel ? Face à des concurrents qui sont devenus maîtres du marketing aspirationnel dans un segment qui carbure à cette idée d’accéder à une hiérarchie sociale supérieure, la coréenne arrive toujours difficilement à rejoindre le peloton de tête. Elle constitue néanmoins une création nettement plus achevée qu’auparavant. Qui va malgré tout vouloir débourser 115 000 $ pour une grande berline dans le contexte actuel ? Probablement des puristes du genre, car la G90 nous fait revenir en arrière vers une expression probablement plus simple et authentique du luxe pas trop édifiée sur la technologie. C’est une question de dosage ici et d’harmonie alors que bien de constructeurs, Mercedes-Benz en tête, semblent vouloir faire de leurs véhicules des tablettes géantes.

Carnet de notes 

Portières à fermeture électronique

Sans doute pour paraître encore plus luxueuse, cette G90 dispose de portières qui se referment en pressant sur un bouton. Ce n’est pas vraiment utile, on en convient.

Chaîne audio de grande qualité

Une chaîne audio Bang & Olufsen 3D de 23 haut-parleurs fait partie de l’équipement de série et offre une très belle qualité sonore, en plus de nous gratifier au démarrage de haut-parleurs d’aigus rétractables.

Un volume de coffre décevant

En mettant l’accent sur l’habitacle, Genesis a quelque peu oublié l’aspect pratique du coffre, lequel a un volume de seulement 300 L, en plus de présenter une ouverture assez haute et pas très grande.

Une caméra qui détecte les bosses

En s’appuyant sur une caméra à l’avant et sur le système de navigation, cette G90 peut ajuster sa suspension 100 m à l’avance afin de diminuer l’effet des bosses sur la quiétude des passagers.

Un moteur moderne

Le V6 de 3,5 L utilise deux turbocompresseurs et un compresseur électrique pour augmenter sa souplesse, en plus d’avoir recours à deux injecteurs par cylindre, l’un dans le collecteur d’admission et l’autre dans la chambre de combustion.

Fiche technique 

  • Modèle à l’essai : Genesis G90 (une seule version proposée au Canada)
  • Moteur : V6 DACT 3,5 L biturbo et suralimenté par un compresseur électrique
  • Puissance : 409 ch à 5800 tr/min
  • Couple : 405 lb-pi de 1800 à 4500 tr/min
  • Transmission : automatique à huit rapports avec mode manuel
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 11,8 L/100 km (essence super recommandée)
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 118 138 $
  • Concurrentes : Audi A8, BMW Série 7, Lexus LS, Maserati Quattroporte et Mercedes-Benz Classe S
  • Du nouveau en 2023 ? : aucun changement majeur
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