Depuis 1966, année de l’introduction de l’intemporelle et révolutionnaire Miura, Lamborghini a orchestré la sortie de seulement quatre autres porte-étendards à moteurs V12 centraux arrière. Ce sont donc des évènements rarissimes pour la marque aux taureaux, qui protège avec soin l’irrévérence, mais surtout le statut sacralisé de cette lignée créée pour éveiller les sens. Voici donc la Revuelto, dernière en lice qui s’assurera de faire survivre les rêves.

Dévoilée il y a un peu moins d’une semaine, la nouvelle vedette du constructeur de Sant’Agata Bolognese reprend ainsi le nom d’un autre taureau. D’après Lamborghini, Revuelto terrorisait les arènes de corridas bondées à Barcelone en 1880. Son nom veut aussi dire « brouillé » ou « agité » lorsqu’on fait une traduction directe de l’espagnol au français, ce qui reflète également le caractère métissé et fiévreux de sa mécanique ainsi que la zone grise qu’elle exploite entre l’électrique et le thermique.

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La Lamborghini Revuelto, qui reprend le nom d’un taureau qui terrorisait les arènes de corridas bondées à Barcelone, en 1880

Car, vous voyez, cette Revuelto est la première Lamborghini à recevoir un cœur hybride rechargeable. Pour s’assurer de garder les puristes intéressés, le V12 est toujours présent avec sa musicalité envoûtante. Il a été remanié, avec une série d’améliorations qui poussent l’intervention à un très tardif 9500 tr/min. Ce crescendo produit à son paroxysme 814 ch à lui seul.

Entrent en scène ensuite les trois moteurs électriques, deux à l’avant et un logé dans la transmission arrière à double embrayage (8 rapports), augmentant le compte à 1001 ch. La petite batterie de 3,8 kWh peut alimenter tous les moteurs, permettant ainsi d’assurer un rouage intégral en mode électrique. On n’avance pas l’autonomie, malgré la possibilité d’alimenter la voiture en électricité au moyen d’une fiche. Lorsque l’orchestre s’active, elle se catapulte en départ arrêté de 0 à 100 km/h en 2,5 s avec une pointe à 350 km/h.

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L’habitacle de la Lamborghini Revuelto

Un design familier

Les traits de cette Revuelto, qui semblent en partie inspirés de la Sián – premier modèle hybride de Lamborghini –, revêtent un caractère plutôt évolutif. Semblant toujours taillé par l’équipe de Lockheed Martin responsable des chasseurs furtifs, le design de cette surpervoiture se distingue par ses phares avant et ses feux arrière qui décrivent des Y bien visibles. Les pots d’échappement hexagonaux hauts complètent l’œuvre avec aplomb. C’est spectaculaire.

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La Lamborghini Revuelto conserve les portes en élytre, signature stylistique du constructeur italien.

L’empattement est par ailleurs plus long de 79 mm que celui de l’Aventador, augmentant sa longueur totale de seulement 49 mm, ce qui suggère des porte-à-faux plus courts. À 4,9 m, elle demeure une voiture imposante, de 400 mm plus longue qu’une Porsche 911. Pour valoriser l’agilité d’ensemble, les roues arrière directionnelles sont employées, ainsi qu’une démultiplication plus vive de la direction.

Du reste, malgré l’usage de fibre de carbone dans l’essentiel d’une plateforme plus légère de 10 % et plus rigide que celle de l’Aventador, cette Revuelto est passablement plus lourde que sa devancière, à 1772 kg sans l’essence et les fluides nécessaires, soit 222 kg de plus. C’est le prix à payer pour consommer moins. La puissance démesurée devrait toutefois masquer ces kilos supplémentaires sans encombre.