Essai routier Volkswagen Golf GTI 40^e anniversaire : noces d’émeraude, cœur jeune

Fondamentalement parlant, la huitième génération de la Golf GTI n’a rien de particulièrement révolutionnaire. Toujours proposée avec un quatre-cylindres turbocompressé pouvant être guidé par une boîte manuelle, elle retient l’ADN de base de presque la totalité des compactes sportives qui sont nées dans le présent millénaire. Son 40^e anniversaire expose ce désir de continuité ainsi que sa résilience face aux vents contraires, alors que son avenir sous cette forme est tout sauf certain. Embarquez avec nous dans sa cuvée anniversaire.

Le design

Lancée l’année dernière au Canada, la huitième génération de la Golf constitue en quelque sorte une évolution sur un même thème. Longue de 4,3 m, dont 2,6 m sont mesurés entre les deux essieux, cette Golf reste fidèle à une taille toujours anormalement réservée dans un contexte où la folie des grandeurs gagne l’industrie entière. Cette mouture 40^e anniversaire agrémente la matière de base de pièces noir lustré ainsi que son toit pour ajouter des contrastes qui s’harmonisent passablement bien avec les jantes Scottsdale de 19 po ornées d’un trait rouge. Notons également la présence de décalques en nid d’abeille habillant le bas des portières ainsi que le chiffre « 40 » en italique. La posture de cette GTI reste en retenue dans une catégorie où les prétendants peuvent facilement succomber à l’exagération.

À bord

Le positionnement de cette Golf GTI ne déroge certainement pas des préceptes fondamentaux des compactes sportives qui ont été rédigés par son ancêtre, la Rabbit GTI. La présence d’un hayon ajoute un aspect pratique indéniable à la recette en plus de la disposition générale de l’habitacle, qui fait bon usage de l’espace offert. La bonne hauteur de pavillon ainsi que la surface vitrée généreuse aèrent grandement l’ensemble, en plus de favoriser la visibilité. Tout n’est pas parfait, bien évidemment. Le virage tactile de Volkswagen s’est attiré nombre de critiques depuis son lancement, ce que le constructeur prévoit ajuster prochainement. Entre-temps, on doit négocier avec des touches non rétroéclairées pour ajuster le volume audio ainsi que la température ambiante. Les autres touches tactiles sont correctement placées, mais nécessitent un niveau d’attention nettement trop élevé.

Sous le capot

Il revient toujours à un quatre-cylindres turbocompressé de 2 L d’assurer l’entrain. Quatrième génération de la famille EA888 lancée en 2008, cette mécanique produit 241 ch et 273 lb-pi à seulement 1600 tr/min. Passablement coupleux, le moteur répond avec poigne lorsqu’on enfonce l’accélérateur en départ arrêté. Le train avant sautille alors, tentant d’asseoir la motricité. La boîte manuelle de série fait un boulot acceptable, mais présente un levier doté d’une course un peu longue ainsi que d’un embrayage peu communicatif. Le ressenti des changements de rapports est toutefois satisfaisant. La boîte à double embrayage à sept rapports demeure en parallèle une valeur sûre. Notons finalement que cette GTI étale une consommation fort raisonnable pouvant se situer sous les 8 L/100 km sans exiger un carburant à indice d’octane 91.

Derrière le volant

Avec un peu plus de 1400 kg à tracter, cette GTI peut presque être considérée comme un poids plume dans la conjoncture. Grâce à une crémaillère très rapide et à la démultiplication variable, c’est cette légèreté que l’on dénote d’entrée de jeu. Les mouvements sont coulés et transmettent naturellement au conducteur le comportement du châssis. Les sièges — à carreaux, tradition oblige — nous maintiennent également très bien en place durant l’exercice, qui se veut fort satisfaisant grâce à la remarquable stabilité de la voiture. L’amortissement dynamique faisant partie de l’arsenal de cette édition 40^e anniversaire verse du côté d’une fermeté paraissant un peu trop corsée lorsqu’on négocie une série de joints ou crevasses. Soulignons aussi la grande adresse du différentiel à glissement limité qui fait encore plus briller cette GTI.

Les technologies embarquées

On l’a brièvement abordé dans le volet de l’aménagement intérieur : Volkswagen a choisi de faire la guerre aux boutons physiques ici au nom d’un design épuré. Cela s’est fait au prix de l’intuitivité, ce qui oblige une dépendance complète au système multimédia. Malgré tout, ce dernier reste en soi parmi les bonnes propositions du segment. Il est rapide et présente une structure tout de même logique. Il oblige toutefois à multiplier les manipulations pour des ajustements qu’on gagnerait à avoir à portée de main, dont celui du système d’antipatinage et de contrôle de stabilité. Le menu de contrôle des divers organes mécaniques est très complet et la configuration de l’instrumentation numérique, que l’on fait au moyen de touches haptiques pas toujours coopérantes sur le volant, est une valeur ajoutée.

Le verdict

Présentant une facture de 37 000 $, cette Golf GTI 40^e anniversaire est une rare bonne affaire dans le monde automobile actuel. Son équipement est complet, son moteur se situe parmi les meilleurs du segment et elle se fait amplement joueuse pour agrémenter le quotidien sans excéder par une insonorisation bâclée ou une fermeté excessive. Elle n’est néanmoins pas une machine à sensation comme une Honda Civic Type R pourrait l’être ou une Hyundai Elantra N, préférant le raffinement à l’extroversion totale. Certes, la configuration de sa planche de bord ne plaira pas à tous, mais force est d’admettre qu’on ne peut la disqualifier en raison uniquement de cette lacune. Donc, malgré certains égarements ergonomiques, on peut affirmer que cette Golf GTI rayonne toujours 40 ans après son arrivée sur le sol nord-américain.