(Vallée de Napa, Californie) Plus de 10 ans après la présentation de son premier concept électrique, Rolls-Royce rebranche tout.

Le silence est d’or…

Qui a besoin d’une Rolls-Royce ? Au fond, personne. Cela n’empêche tout de même pas la marque anglaise d’en produire quelques milliers par année. Sa dernière-née, la Spectre, transporte son luxe en silence.

Chez Rolls-Royce, on a coutume de dire que ce qui distingue la maison des autres marques de luxe, ce sont trois choses : le savoir-faire, l’authenticité et la qualité de construction. Même électrique, la Spectre ne déroge pas à la règle. Le cahier de charges que Torsten Muller-Otvos, président de la marque, impose à ses troupes ne laisse aucune place à l’improvisation. « Peu importe la source d’énergie chargée de la mouvoir, la Spectre se devait avant tout d’être une Rolls-Royce », récite-t-il comme un mantra.

  • Par sa longueur, le capot de la Rolls-Royce Spectre donne l’impression de loger un énorme moteur à essence.

    PHOTO FOURNIE PAR ROLLS-ROYCE

    Par sa longueur, le capot de la Rolls-Royce Spectre donne l’impression de loger un énorme moteur à essence.

  • Les larges portières antagonistes – les plus longues jamais produites – s’ouvrent sur un habitacle que l’on décore comme son chez-soi.

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    Les larges portières antagonistes – les plus longues jamais produites – s’ouvrent sur un habitacle que l’on décore comme son chez-soi.

  • Cossues, confortables à souhait, toutes les places à bord (oui, y compris à l’arrière) invitent aux voyages.

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    Cossues, confortables à souhait, toutes les places à bord (oui, y compris à l’arrière) invitent aux voyages.

  • Détail de la console de la Rolls-Royce Spectre

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    Détail de la console de la Rolls-Royce Spectre

  • Détail de l’intérieur d’une portière de la Rolls-Royce Spectre

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    Détail de l’intérieur d’une portière de la Rolls-Royce Spectre

  • Poignée de portière de la Rolls-Royce Spectre

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    Poignée de portière de la Rolls-Royce Spectre

  • Logo de la marque bien en évidence

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    Logo de la marque bien en évidence

  • L’efficacité énergétique de cette anglaise n’est pas sa qualité première. Son autonomie non plus.

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    L’efficacité énergétique de cette anglaise n’est pas sa qualité première. Son autonomie non plus.

  • La Rolls-Royce Spectre ne procure pas le frisson de la vitesse au moment de l’accélération, bien qu’elle ne mette que 4,5 s à atteindre la vitesse maximale permise sur nos voies rapides.

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    La Rolls-Royce Spectre ne procure pas le frisson de la vitesse au moment de l’accélération, bien qu’elle ne mette que 4,5 s à atteindre la vitesse maximale permise sur nos voies rapides.

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Le message a été entendu. La commande, parfaitement respectée. La Spectre est une Rolls-Royce, une vraie. Elle en a la prestance, l’opulence, le chic et, bien entendu, le prix. Chaque unité produite sera, comme toutes les autres Rolls-Royce, conçue avec toute la minutie du monde par des artisans. La machine aide, mais ne remplacera jamais ni l’œil ni la main de ces hommes et femmes qui décorent ces palaces sur roues de matériaux nobles, précieux et chers...

Une Rolls-Royce avant d’être un véhicule électrique. Ce précepte trouve également écho dans la conception de ce véhicule hors norme. Bien que la firme britannique martèle que sa production tout entière basculera dans le tout-électrique d’ici 2030, elle n’entreprend pas cette transition à partir d’une feuille blanche.

En fait, la Spectre adopte la plateforme dont toutes les Rolls-Royce sont faites. Ce faisant, elle n’exploite réellement aucune des « options » esthétiques qu’offre l’architecture d’un véhicule électrique.

Il n’est jamais venu à l’esprit des concepteurs de la Spectre de répartir différemment les volumes de la carrosserie. D’ailleurs, par sa longueur, le capot donne l’impression de loger un énorme moteur à essence. Pas plus qu’ils n’ont envisagé de présenter un rapport taille/habitabilité plus enviable. Bien qu’ils reconnaissent qu’ils auraient pu s’aventurer plus loin, le moment était apparemment mal choisi. L’usine ne peut guère assembler plus de 6000 véhicules par année (tous modèles confondus) et n’a pas la flexibilité voulue pour jongler avec différentes plateformes.

Tout n’est pas perdu. Si la Spectre ne maximise pas tous les avantages, elle en retire tout de même quelques-uns. Ainsi, les modifications apportées au châssis ont permis de le rigidifier de 30 %. Elles ont également permis de ne plus recourir à autant de matériaux insonorisants. Rolls-Royce dit en avoir éliminé quelque 700 kg. Par chance, sans quoi l’auto aurait pesé près de 4 tonnes.

Gardienne de la tradition

Les larges portières antagonistes – les plus longues jamais produites – s’ouvrent sur un habitacle que l’on décore comme son chez-soi. Lors du lancement international de la Spectre, chacune des sept unités avait été personnalisée par la filiale Bespoke de l’entreprise. Les services de cette dernière sont retenus par la vaste majorité des acheteurs de Rolls, et ce n’est pas par crainte que leur véhicule ressemble à celui du voisin. Pourpre, jaune, blanc, la palette de cuirs semble infinie. Tout comme la teinte de la moquette, plus touffue encore qu’une pelouse négligée.

Ce qui ne change pas cependant est le ciel de toit spectaculairement illuminé d’un millier de diodes. Ce spectacle quasi pyrotechnique, fort apprécié de la clientèle, a incité ses concepteurs à raturer le toit ouvrant de la liste des accessoires.

Hormis le bloc d’instrumentation, rien ne laisse transparaître que ce modèle a recours à une source d’énergie autre que l’essence. On ne retrouve pas – et c’est tant mieux – un mur de « téléviseurs » non plus. Rolls-Royce a encore recours à des commandes physiques.

En revanche, le constructeur a enfoui très profondément certaines informations dans l’écran de son système d’infodivertissement. C’est le cas notamment de l’efficacité énergétique de ses propulseurs, sur lesquels nous reviendrons.

Cossues, confortables à souhait, toutes les places à bord (oui, y compris à l’arrière) invitent aux voyages. Ils ont intérêt à ne pas être trop longs. Le volume du coffre pourrait avoir peine à avaler tous vos bagages.

Calme et volupté

Conduire une Rolls-Royce, même électrique, n’a rien d’exceptionnel en soi, une fois que l’on a apprivoisé ses dimensions et son poids. Ce coupé ne procure pas le frisson de la vitesse au moment de l’accélération, bien qu’il ne requiert que 4,5 s pour atteindre la vitesse maximale permise sur nos voies rapides. La poussée de ces deux propulseurs d’origine BMW (un à l’avant et l’autre à l’arrière) est franche, certes, mais ne vise à décoiffer personne. Vous aurez seulement l’impression que cette Rolls-Royce se hâte sans se précipiter.

À son volant, la Spectre file vite et bien, mais ne survole pas les grosses imperfections de la chaussée avec autant de flegme que les autres Rolls-Royce. La direction permet de la guider dans les méandres avec une relative aisance, mais ni sa précision ni sa souplesse ne vous viendront en aide au moment de la garer. Son diamètre de braquage s’apparente à celui d’un paquebot.

La Spectre a besoin d’espace. Beaucoup d’espace et beaucoup de watts aussi. L’efficacité énergétique de cette anglaise n’est pas sa qualité première. Son autonomie non plus. « Aucun de nos clients ne s’en préoccupe véritablement », me souffle un représentant de la marque. Et pour cause, ceux-ci ont, en moyenne, sept autres véhicules dans leur garage.

Consultez le site de Rolls-Royce

Rolls-Royce Spectre

Prix de détail suggéré

495 600 $

Rabais gouvernementaux

Aucun

Consommation/batterie

26,7 kWh/100 km (meilleure consommation obtenue)/102 kWh

On aime

  • Exclusivité
  • Finition remarquable
  • Comportement solide

On aime moins

  • Efficacité énergétique insuffisante
  • Encombrement gênant
  • Minimalise gains possibles avec un VE

Notre verdict

La source d’énergie est secondaire. C’est d’abord une Rolls-Royce.

Faites part de votre expérience

La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Ford Mustang, Toyota Crown et Volkswagen Atlas. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire sur votre expérience.

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Fiche technique

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Rolls-Royce Spectre

Moteurs

  • Électriques à aimants permanents
  • 584 ch
  • 664 lb-pi de couple

Performances

  • Poids : 2890 kg
  • Accélération (0-100 km/h) : 4,5 s
  • Capacité maximale de remorquage : non recommandé

Boîte de vitesses

  • De série : automatique
  • Optionnelle : aucune
  • Mode d’entraînement : rouage intégral

Pneus

  • 255/45R23 (standard)
  • 295/35R23 (optionnel)

Autonomie électrique/recharge

  • 418 km (constructeur)
  • Niveau 3 – 50 kWh (de 10 % à 80 %) : 95 minutes

Consommation/batterie

  • Consommation : 26,7 kWh/100 km (meilleure consommation obtenue)
  • Batterie : 102 kWh

Dimensions

  • Empattement : 3210 mm
  • Longueur : 5475 mm
  • Hauteur : 1573 mm
  • Largeur : 2017 mm

On n’arrête pas le progrès

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La 102eX a été dévoilée en 2011.

Nous sommes en 2011. Le groupe BMW cherchait à cette époque à jauger le potentiel et l’acceptabilité du véhicule électrique auprès du grand public. Et de son actionnariat aussi. Toutes les marques du groupe présentaient un véhicule. Y compris Rolls-Royce, qui profitait de son passage au Salon automobile de Genève pour dévoiler la 102eX. Un concept élaboré sur la base d’une berline Phantom. Pour mesurer le chemin parcouru depuis, sachez que la 102eX alimentait ses deux moteurs électriques (ceux-ci n’entraînaient que les roues arrière) d’une batterie de 71 kWh logée sous le capot.

Une robe dans le vent

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La mascotte de Rolls-Royce : The Spirit of Ecstasy

Rarement a-t-on l’occasion d’étudier de près une Rolls-Royce, mais la Spectre mérite que l’on s’y attarde un peu plus. La mascotte symbolisant l’esprit d’extase (The Spirit of Ecstasy) a un aspect différent. Ses voiles (non, ce ne sont pas des ailes) ne se soulèvent plus autant qu’avant. N’allez pas y voir là une réaction à un quelconque mouvement. Cette « nouvelle » robe a nécessité plus de 800 heures de travail en soufflerie et a surtout permis de réduire le coefficient de traînée aérodynamique de la Spectre.