Personne ne sait si la popularité actuelle du Chopper, redevenu célèbre et désirable ces dernières années grâce à des émissions comme American Chopper, durera ou disparaîtra telle une mode.

Les constructeurs, eux, n'ont aucunement l'intention d'attendre la réponse. La demande est là, qu'on la nourrisse! Ainsi, après Harley-Davidson et sa Rocker l'an dernier, c'est maintenant au tour de Yamaha de proposer un modèle inspiré de cette tendance.

Nommée Raider sur le marché américain, la nouveauté porte plutôt le nom Custom chez nous en raison d'un conflit d'appellation. Il s'agit d'une monture haut de gamme figurant parmi les customs japonaises les plus chères du marché.

Si la ligne particulière, avec son profil avant évidemment allongé, est probablement ce qui attirera avant tout les acheteurs, la réalité est que la Custom a beaucoup plus à offrir qu'un look. Il s'agit par exemple d'une des très rares montures du genre bâties autour d'un cadre en aluminium (toutes les autres sont aussi des Yamaha), une caractéristique qui permet non seulement de garder à l'ensemble un poids raisonnable, mais qui favorise aussi la tenue de route.

Merveille mécanique

L'aspect technique le plus intéressant de la nouveauté est sans aucun doute la petite merveille de mécanique qui l'anime. En fait, «petite» est peut-être un mauvais adjectif dans ce cas puisqu'on parle d'un V-Twin de 1854 cc, l'un des plus gros sur le marché. Emprunté à la Roadliner, une autre custom Yamaha, il s'agit d'un moteur absolument délicieux que je n'hésite pas à qualifier de meilleure mécanique de l'univers custom, du moins actuellement.

Les ingénieurs de Yamaha travaillent énormément depuis des années afin de donner une certaine présence aux mécaniques de leurs customs. Au-delà des caractéristiques de couple et de puissance, on a ainsi déployé des ressources considérables afin d'obtenir une sonorité et un degré de vibrations bien particuliers.

Faire le lien avec la division musicale de Yamaha en affirmant que le V-Twin de la nouvelle Custom est accordé à la manière d'un instrument n'aurait rien de farfelu.

Le résultat est exquis, rien de moins. S'il tremble assez lourdement pour ne laisser aucun doute quant à ses mensurations, le gros V-Twin reste néanmoins toujours civilisé et ne vibre jamais au point de déranger. La sonorité, qui est agréablement exempte de bruits parasites, est un plaisant amalgame de tons profonds provenant à la fois de l'admission et de l'échappement.

Combinez à ces sensations tactiles et auditives la force brute du gros V-Twin à très bas régime et vous obtenez l'une des expériences customs les plus grisantes qui soient. Enrouler avec enthousiasme l'accélérateur à partir d'un arrêt génère une poussée aussi immédiate qu'imposante, mais sans toutefois qu'elle semble brutale ou incontrôlable, ainsi qu'une véritable symphonie de sons mécanique.

L'une des raisons principales pour lesquelles la réplique à grande échelle des choppers artisanaux du petit écran représente un défi de taille pour les constructeurs est que ces fameux choppers sont souvent lourdement handicapés au chapitre du comportement routier. Leur longueur extrême, leur combinaison de pneu arrière monstres et pneu avant mince et l'angle très relâché de leur fourche représentent un ensemble de caractéristiques qui, pour un ingénieur, sont littéralement un cauchemar.

En plus des nombreuses heures supplémentaires imposées aux ingénieurs, Yamaha a résolu le problème en limitant la largeur du pneu arrière à 210 mm plutôt que les 240 à 300 mm qui équipent souvent ces montures. Le cadre en aluminium, les freins à disque triple et les pneus à profil bas constituent d'autres caractéristiques responsables de la stabilité, de la précision et de la facilité de pilotage de la Custom sur la route.

Entre style et confort

Qui dit chopper dit aussi, en général, position de conduite bien particulière. Pieds loin devant, mains tombant sur un guidon soit très large, soit très étroit, soit très haut, selle ultrabasse, la posture imposée par ces motos n'a décidément pas le confort comme priorité. Elle a plutôt le rôle d'imprégner le pilote dans l'image. À ce chapitre, Yamaha a opté pour un compromis étonnamment réussi entre style et confort. Du moins pour le pilote puisque le sort réservé au passager n'est pas vraiment plaisant.

 

Harley-Davidson est le seul constructeur qui réussit à vendre des modèles customs à plus de 20 000$ en grande quantité. Une situation bien différente de celle des constructeurs japonais qui, eux, ont toujours semblé se buter à un mur à l'approche de cette somme. Si la Custom mise sur le populaire thème chopper pour à nouveau tenter une percer dans ce créneau, le fait est qu'elle a beaucoup plus à offrir qu'un style. De la finition au comportement routier en passant par l'agrément mécanique, il s'agit d'une monture de très haute gamme.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la Moto.

FICHE TECHNIQUE

Marque : Yamaha

Modèle : Custom

Prix : 17 999 $

Garantie : 1 an/kilométrage illimité

Moteur : V-Twin culbuté de 1854 cc refroidi par air

Transmission : à cinq rapports, entraînement final par courroie

Poids : 314 kg

Frein avant : deux disques avec étriers à quatre pistons

Frein arrière : disque simple avec étrier à un piston

Pneu avant : 120/70-21

Pneu arrière : 210/40-18