Durant les années 60 et 70, on pouvait choisir un toit de vinyle pour la plupart des automobiles, surtout les modèles les plus luxueux. Mais cette mode a vite perdu de sa popularité dans les années 80 et, aujourd'hui, sauf quelques limousines, il n'y a presque plus de voitures neuves proposées avec un toit de vinyle.

Il reste encore beaucoup d'autos de cette époque au Québec. Et la plupart sont méticuleusement entretenues par leurs propriétaires. Cependant, le toit de vinyle a tendance à sécher, à se décolorer et même à fendiller avec le temps. Il n'y a pas si longtemps, il était encore facile de faire changer son toit de vinyle dans un atelier de rembourrage. Mais ces commerces ne font presque plus de réparation de toit de vinyle. La plupart se sont recyclés en installation de pare-brise, de chaînes audio ou de système antivol. Les collectionneurs doivent se rabattre vers un atelier spécialisé dans les toits de cabriolet, de vinyle ou les toiles de bateau. Et ils ne sont pas légion!

Un art qui se perd

Top Convertible, dans la région de Terrebonne, au nord de Montréal, est un des rares ateliers qui restent dans ce domaine. Le propriétaire, Robert Simard, y travaille avec son fils Pascal. M. Simard affirme avoir plus de 42 ans d'expérience. Au moment de la rencontre, il refaisait le toit de cabriolet d'une vieille Volkswagen et d'une Mustang assez récente. Il y avait aussi une Lincoln Versailles 1977 en attente d'un nouveau toit de vinyle. Ayant enlevé toutes les garnitures chromées du toit de la Lincoln, il en avait retiré l'ancienne toile séchée et son rembourrage. La première opération était de poncer le toit d'acier et d'enlever la rouille de surface qui s'y était produite avec le temps.

M. Simard répare surtout des voitures de collection ou des limousines uniques, comme une Volvo toute récente. Et ce n'est pas l'ouvrage qui manque. Mais selon lui, la relève n'y est pas. «Les jeunes ne peuvent l'apprendre d'eux-mêmes et ça ne s'enseigne pas dans les écoles» dit-il.

Ses clients veulent revoir le produit original. M. Simard n'a aucune difficulté à retrouver les matériaux d'origine. Mais refaire le toit tel qu'il était demande beaucoup d'expérience. Souvent, il a dû reprendre le travail d'un amateur qui avait manqué son coup. Il faut aussi savoir coudre (à la machine) avec précision, certaines autos comme la Versailles ayant une couture rectiligne en plein centre de la toile de vinyle. De plus, des artisans d'expérience comme M. Simard savaient créer des outils spécialisés à partir d'articles commerciaux.

Le toit de vinyle de la Versailles coûtera 850$ plus les petites réparations nécessaires. Les quelques artisans qui restent ont tellement de pain sur la planche qu'ils peuvent même choisir leurs contrats. Ils savent repérer les voitures qui nécessiteront d'importantes réparations avant l'installation d'un nouveau toit.