En pleine forme, le marché canadien de l'automobile est en voie de battre son propre record cette année avec plus de 1,7 million de véhicules vendus.

Le marché automobile a une apparence: les chiffres de ventes officiels, diffusés le premier de chaque mois. Et le jeudi 1er novembre ne faisait pas exception à la règle.

Pratiquement tous les constructeurs avaient une bonne nouvelle à annoncer. Que des augmentations bien sûr. On peut lire par exemple que «les ventes d'octobre établissent un nouveau jalon dans l'histoire de 35 ans de Subaru ou que «les résultats d'octobre de Kia ont permis à la marque de totaliser 46 mois consécutifs de croissance, du jamais vu dans l'industrie».

Voyez le genre. Tout le monde a le torse bombé encore ce mois-ci, à l'exception de Jaguar (-28,3%), General Motors (-4,6%) et de quelques autres qui enregistrent un recul par rapport à la même période l'année dernière.

Ce bulletin mensuel ne dit pas tout. Il n'explique ni les pertes ni les gains de chaque marque. Il se limite à livrer des chiffres bruts, sans plus de détail. Voilà pourquoi, il est nécessaire de les interpréter avec prudence et surtout de les relativiser avant d'en conclure qu'un constructeur a le vent ou du plomb dans les ailes. Par exemple, quelques marques japonaises claironnent de spectaculaires augmentations de leurs ventes - parfois de plus de 20% -.

Ces constructeurs omettent de rappeler qu'à pareille date l'année dernière, la production industrielle japonaise n'était pas encore totalement remise du séisme, du tsunami et des inondations qui ont touché le pays, entraînant l'arrêt forcé de plusieurs équipementiers ou la forte appréciation du yen. Si tous ces événements ne s'étaient pas produits, enregistreraient-ils toujours des records?

Les chiffres publiés par les constructeurs se gardent bien de mentionner les promotions (rabais et autres «cadeaux» consentis aux consommateurs) pratiquées au cours du dernier mois ainsi que l'offre de financement faite aux acheteurs.

Catégories

Mais par-dessus tout, il y a aussi une vérité plus profonde, plus secrète: ces mêmes ventes se trouvent réparties comment par catégories d'acheteurs? Car la globalité des chiffres ne permet pas de saisir les mouvements qui traversent ce secteur économique: baisse des ventes aux particuliers, progression des ventes aux sociétés, aux entreprises de location de courte durée et des voitures de démonstration. Ces chiffres sont souvent tenus secrets.

Un bon exemple. Il y a quelque mois, un constructeur annonçait fièrement, chiffre à l'appui, une hausse spectaculaire des ventes de l'un de ses modèles. Le nombre d'unités vendues de ce modèle est d'autant plus étonnant que celui-ci était totalement moribond. Vérification faite, 85 % des acheteurs étaient en fait des entreprises de location à court terme.

Toutes les ventes ne sont pas égales entre elles. Pour un constructeur, l'intérêt financier va en ordre décroissant selon qu'il s'agit de ventes aux particuliers, aux sociétés, aux loueurs de courte durée, ou de véhicules de démonstration écoulés peu après sur le marché de l'occasion récente.

Pour simplifier, les ventes aux particuliers et aux sociétés sont rentables. Les ventes aux loueurs de courte durée (Avis, Hertz, Entreprise, etc.) et les véhicules de démonstration le sont moins, voire pas. Les ventes aux sociétés ne disent donc pas tout. Les ventes aux particuliers non plus.