Étrange. De tous les salons automobiles, celui de Genève était celui que le Groupe Lotus ne pouvait manquer. Pourtant, il était absent de cette exposition reconnue comme le paradis de la voiture sportive d'exception. Ne devait-il pas y présenter sa nouvelle Esprit?

Au Mondial de l'Automobile de Paris 2010, le Groupe Lotus avait créé la surprise en dévoilant pas moins de cinq études conceptuelles, toutes promises à une production en - petite - série. Il appert aujourd'hui qu'aucune ne verra le jour. Pas même l'Esprit, qui devait originalement recevoir un moteur et une boîte réalisés à l'intérieur de ses murs, à Ethel.

Ce plan, que d'aucuns jugeaient insensé, avait été concocté par Dany Bahar. Celui-ci s'était entouré d'un certain nombre de collègues de chez Ferrari et rêvait de faire de Lotus une superpuissance capable de terrasser les marques les plus mythiques. Ce modèle d'affaires ne tenait pas la route et le nouvel actionnaire malais du Groupe, DRB-Hicom, a non seulement suspendu les travaux en cours, mais aussi viré Bahar, suspecté de malversations.

Aujourd'hui, le Groupe Lotus ne va nulle part et même Renault - un partenaire historique - a préféré confier à la petite société Catheram le mandat de l'assister dans la réalisation de la nouvelle Alpine, jugeant la situation de Lotus un peu trop floue.

Il y a un an, rien ne laissait penser que l'aventure de la marque fondée par Colin Chapman allait connaître pareil dénouement. Bien au contraire. Au salon de Genève 2012, Lotus semblait au sommet de sa forme avec un kiosque à deux étages assortis d'un espace boutique fort garni. Une heure avant la conférence de presse défilaient sur le stand Bob Lutz, ancien dirigeant de GM, Gordon Murray, concepteur chez McLaren et auteur de plusieurs Brabham de Formule 1, ainsi que les pilotes Jean Alesi et Kimi Räikkönen. En apparence, tout allait pour le mieux. En apparence seulement puisque les allées du salon se faisaient l'écho de rumeurs plus ou moins malveillantes. Qu'à cela ne tienne, il ne manquait ce jour-là ni de champagne ni de petits fours pour dévoiler une énième déclinaison de l'Exige et une édition spéciale F1 de l'Evora.

Les visiteurs de l'exposition suisse en ont vu d'autres. Rappelez-vous en 2011, le dévoilement en grande pompe de la Saab Phoenix, un concept inédit et incorporant plusieurs des innovations que nous allions retrouver à bord de la future 9-3. On connaît la suite.

Saab a disparu de la mappemonde automobile peu de temps après, malgré les vaines tentatives de sauvetage de son président, Victor Muller. Ce dernier était de retour au salon de Genève cette année pour y présenter sa dernière création: la Spyker B6 Venator ("chasseur" en latin). Il s'agit d'un biplace à moteur central que la marque pense offrir "quelque part entre 125 000 et 150 000$", a dit Muller en conférence de presse. Ce n'est qu'une étude de style, comme la Saab Phoenix, mais Muller promet de la faire descendre dans la rue avant 2015. On demande à voir.