La Ford Mustang, symbole depuis près de 45 ans de la voiture de sport à l'américaine, bénéficie d'un remaniement en profondeur pour l'année-modèle 2010, présentée en première mondiale cette semaine au salon de l'automobile de Los Angeles.

Étroitement dérivée de la précédente génération dévoilée en 2004, la nouvelle Mustang adopte des lignes plus nerveuses, avec une calandre agressive et un épaulement des ailes arrière qui évoque les années fastes de la série, à la fin des années 1960.

A l'intérieur, on retrouve un tableau de bord lui aussi décalqué sur les premières Mustang, avec de gros compteurs cerclés de chrome et un graphisme rétro. Mais la voiture peut également bénéficier d'un système d'ordinateur de bord développé avec Microsoft qui appelle automatiquement les secours en cas d'accident.

Née en 1964 de la volonté des dirigeants de Ford de proposer une voiture abordable à la génération du «baby-boom», la Mustang, dont la conception reste encore aujourd'hui très rustique par rapport aux sportives européennes, est devenue indissociable de la culture automobile américaine.

Elle est célèbre pour avoir été la monture de Steve McQueen dans «Bullitt», l'une des poursuites les plus célèbres du cinéma dans les rues de San Francisco.

Souvent remaniée, parfois avec des fortunes diverses comme pendant les chocs pétroliers des années 1970, la Mustang n'a jamais cessé d'être produite, et les exemplaires les plus rares, comme les GT 500 préparées par le pilote Carroll Shelby à la fin des années 1960, s'arrachent chez les collectionneurs.

Grâce à la Mustang, «nous détenons la moitié du segment des voitures de sport» aux Etats-Unis, affirme à l'AFP Allison Revier, responsable de produit chez Ford, convaincue, malgré la crise actuelle, que «des clients existent toujours pour ce marché». Ford n'exporte pas ce modèle en Europe.

Le succès de la Ford Mustang, version 2005, a conduit les deux principaux concurrents américains de la marque au losange, General Motors et Chrysler, à ressusciter récemment des voitures de sport emblématiques de leur histoire: la Chevrolet Camaro et la Dodge Challenger.

Mais ce segment de «voitures-plaisir» semble particulièrement à risque en période d'incertitude économique, alors que les «trois grands» de Detroit négocient un plan de sauvetage avec le Congrès et pourraient être appelés à rationaliser leurs gammes.

Mme Revier veut espérer que la crise actuelle ne signe pas la fin de l'histoire d'amour que les Américains vivent avec la Mustang, produite à plus de neuf millions d'exemplaires et dont la version de base ne coûte qu'un peu plus de 20 000 dollars.

En fait, «40% des gens qui achètent une Mustang s'en servent comme d'une deuxième voiture, pour s'amuser pendant le week-end. Mais ils ne la conduisent pas tout le temps», explique-t-elle.

La Mustang version 2010 est disponible en coupé et en cabriolet, avec un moteur V6 présenté comme le modèle économique, bien qu'il consomme largement 10 litres aux 100 km, et un V8 de 315 chevaux en version musclée «GT», dont Ford vante le grondement sourd de l'échappement et la capacité à faire fumer les pneus arrière.

Pourtant, contrairement à certaines idées préconçues, la Mustang n'est pas une voiture d'hommes entre deux âges saisis par le démon de midi, assure Mme Revier. «Nous avons deux cibles typiques parmi nos clients: le client du V6 qui est une femme de 26 ans, et le client de la GT, un homme de 44 ans. Près de 40% des Mustang sont vendues à des femmes», révèle-t-elle.