(Toronto) Lorsque le documentariste James Burns et le guitariste d’origine apache Stevie Salas ont décidé de créer un film sur les impacts actuels de la crise de l’eau sur les communautés autochtones, les deux savaient qu’ils voulaient que la pièce finale soit une exploration de l’identité et de son lien avec la ressource la plus abondante de la Terre.

Le résultat est un documentaire ambitieux de 104 minutes qui mélange des moments réels non scénarisés, avec des vignettes scénarisées pour aller au-delà du modèle consistant à utiliser des statistiques et des experts pour mettre en lumière un problème qui transcende les frontières géographiques.

Le film Boil Alert suit la militante mohawk Layla Staats lorsqu’elle visite des communautés du Canada et des États-Unis touchées par des avis d’ébullition de l’eau et des Premières Nations dont l’eau a été contaminée par des toxines. Tout au long du film, Staats partage ses propres combats personnels en tant que personne renouant avec son identité mohawk.

« Il était important que nous racontions une histoire qui ne concernait pas seulement l’eau, mais aussi celle de quelqu’un qui entreprenait un voyage parallèle pour se retrouver », a déclaré Burns en entrevue.

« Je pense que cela crée plus d’empathie. »

Boil Alert sera présenté en première vendredi au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Burns et Salas ont déjà travaillé sur le documentaire de 2020, Water Walker, qui suivait la militante anichinabée Autumn Peltier, alors qu’elle plaidait en faveur de l’eau potable aux Nations Unies.

Pour leur dernier projet, Stevie Salas s’est servi des relations qu’il a établies grâce au monde de la musique et à sa société de production des Six Nations de la rivière Grand, Seeing Red 6 Nations, pour trouver la personne idéale pour donner vie à sa vision.

Salas a été présenté à Layla Staats il y a environ trois ans par l’intermédiaire de son frère, le musicien Logan Staats, qui fait également une apparition dans le film.

Staats avait produit son propre mini-documentaire sur l’accessibilité à l’eau et avait exprimé son intérêt à être le visage du projet à plus grande échelle des réalisateurs.

Mais il y a fallu que Burns et Salas encouragent Staats à baisser sa garde et à inviter les téléspectateurs dans son propre voyage.

« Elle a vraiment dû s’asseoir et mettre son âme à nu. Elle a vraiment dû tout exprimer devant tout le monde », a déclaré Stevie Salas.

« C’était la seule manière pour que l’histoire soit efficace et motive les autres. »

Le tournage a commencé en 2021 avec l’équipe visitant la communauté isolée Oji-Cris de la Première Nation de Neskantaga, dans le nord-ouest de l’Ontario, qui fait l’objet d’un avis d’ébullition de l’eau depuis 28 ans – le plus long au pays.

Ils se sont rendus dans la Première Nation de Grassy Narrows, une communauté ojibwée également située dans le nord-ouest de l’Ontario. La Première Nation a passé des décennies à se battre contre les gouvernements pour qu’ils répondent aux dommages causés par une usine de papier, qui avait déversé des tonnes de mercure toxique dans une rivière voisine dans les années 1960. Les résidents sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et physique de longue date dus à une intoxication au mercure.

De l’autre côté de la frontière, Layla Staats s’est entretenue avec des membres de la Nation Navajo qui vivent toujours avec les impacts de la catastrophe nucléaire de Church Rock en 1979 au Nouveau-Mexique – qualifiée de plus grand accident radioactif de l’histoire des États-Unis.

Beaucoup de choses ont été écrites et documentées sur ces communautés, mais James Burns estime qu’il est important de se concentrer sur les exemples « les plus flagrants » d’insécurité hydrique.

« Cela soulève la question suivante : “Pourquoi rien n’a-t-il encore été fait ?” », a-t-il déclaré.

« Nous devons continuer à faire la lumière et à donner aux gens de ces communautés une voix pour parler de ce qui se passe là-bas. »

Au cœur du documentaire se trouvent les histoires de résidents vivant avec des troubles neurologiques dus à une intoxication au mercure ou de jeunes qui n’ont jamais eu accès à de l’eau potable de leur vie et l’impact que cela a sur leur santé mentale.