La ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge a annoncé mercredi un soutien de 100 millions sur deux ans au secteur audiovisuel. Une aide qui devrait permettre de financer de 40 à 60 productions additionnelles par année au pays.

La ministre St-Onge a annoncé ce soutien additionnel de 50 millions par année pendant deux ans à Téléfilm Canada lors d’un bref point de presse sur la colline Parlementaire, à Ottawa.

« Le cinéma et la télévision ont traversé ces dernières années une période de perturbation. On aide le secteur entre autres en revoyant la Loi sur la radiodiffusion, le CRTC se penche maintenant sur la question de la réglementation, mais une autre façon d’aider le secteur, c’est de remplir une des promesses qu’on a faites d’assurer le financement de 50 millions additionnels [par année] pour Téléfilm », a annoncé Pascale St-Onge.

Le milieu de l’audiovisuel attendait cette annonce avec fébrilité à mesure que la date d’échéance du 31 mars 2024 approchait. Sans le renouvellement de l’aide fédérale, la production de nombreux projets de films ou de séries était compromise.

Une année « exceptionnelle »

La ministre du Patrimoine a souligné l’année « exceptionnelle » de 2023 au cinéma. « On a juste à penser au film Simple comme Sylvain [de Monia Chokri], qui est en route pour les Césars, ou encore à BlackBerry [de Matt Johnson] ou Bones of Crowes [de Marie Clements], une coproduction avec les communautés autochtones. Donc on est très fiers de pouvoir assurer ce financement-là, puis soutenir le secteur culturel et aussi la production francophone au Québec et hors Québec. »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien

Mme St-Onge a insisté sur le fait que l’industrie audiovisuelle emploie 180 000 travailleurs au pays. « C’est une façon de leur garantir un emploi pour les années à venir », a-t-elle dit.

La directrice générale et cheffe de la direction de Téléfilm Canada, Julie Roy, s’est réjouie de l’annonce dans un communiqué publié peu après. « Au cours des derniers mois, l’industrie a plaidé sans relâche en faveur du renouvellement des fonds additionnels alloués à Téléfilm, a-t-elle dit. L’effort collectif de notre secteur joue un rôle inestimable pour façonner l’avenir du cinéma canadien et autochtone. Nous remercions l’ensemble de nos partenaires pour ce soutien. »

Les associations syndicales, dont l’Union des artistes (UDA), l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) et la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), se sont également dites « soulagées » par l’annonce de la ministre St-Onge, même si le milieu de l’audiovisuel demandait un financement annuel de 50 millions sur une base permanente.

Pour le moment, ce financement additionnel est consenti pour les deux prochaines années seulement.

« Notre industrie demeure fragile »

« C’est un soulagement, a indiqué par communiqué le président de l’ARRQ, Gabriel Pelletier. Notre industrie demeure fragile. Et, si le financement est essentiel, le cadre législatif et réglementaire l’est tout autant pour préserver une industrie aux prises avec des enjeux nouveaux. Nous poursuivrons nos échanges avec la ministre St-Onge qui s’est montrée sensible à nos réalités. »

Même accueil du côté de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM), qui s’est dite rassurée à la suite de la décision de Patrimoine canadien.

« L’annonce d’aujourd’hui met enfin un terme à l’insécurité au moment même où Téléfilm Canada analyse les projets qui seront mis en œuvre dès le printemps prochain. Il était minuit moins une. […] L’ampleur du mouvement démontre l’attachement du Québec à son cinéma et la force du milieu lorsque tous se mobilisent pour une cause commune », a affirmé sa présidente et directrice générale, Hélène Messier.

Au cours de l’année 2022-2023, Téléfilm Canada a géré un budget total de près de 160 millions.