Leïla, mère de famille, se bat au jour le jour pour tenter de sauver le couple qu’elle forme avec Damien, son mari bipolaire. Ils s’aiment profondément, mais les effets de la maladie se ressentent durement dans leur quotidien. Il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire.

Inspiré par le récit autobiographique L’intranquille, du Français Gérard Garouste, le long métrage de Joachim Lafosse s’intéresse à la famille et au couple, ses thèmes de prédilection. Après le divorce (L’économie du couple, 2016) et l’infanticide (À perdre la raison, 2011), c’est sur la maladie mentale qu’a choisi de se pencher le réalisateur belge. Ayant lui-même vécu avec un père bipolaire, il réussit à dépeindre un quotidien à la merci des crises, mais teinté d’un insondable amour.

Damien et Leïla sont amoureux. Lui est peintre et elle, restauratrice de meubles anciens. Au-dessus de leur paradisiaque domaine en campagne luxembourgeoise, où ils vivent avec leur fils, un nuage plane. Celui de la maladie du père, celui des phases maniaques qui menacent continuellement d’ébranler la maisonnée.

Maison champêtre, piscine creusée et paysage enchanteur : le cadre esthétique contraste avec les tensions dramatiques frappantes autour desquelles s’articule le récit. On est envoûtés par la direction de la photographie très organique de Jean-François Hensgens (fidèle complice de Lafosse), qui se marie parfaitement au scénario sensible des Intranquilles.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Leïla et Amine dans Les intranquilles

Comment protéger les liens entre les membres d’une famille en mal de stabilité ? Le petit Amine est sans cesse bousculé entre ses parents. Brillamment incarné par le jeune Gabriel Merz Chammah (petit-fils de la grande Isabelle Huppert), le personnage est touchant et central. Au cœur d’une querelle perpétuelle dont il ne comprend pas tout à fait la nature, il joue le rôle du témoin pour le spectateur et c’est à travers lui qu’on saisit l’ampleur de ce qui est infligé à sa famille.

Au gré des remous, la détresse de Leïla s’intensifie. S’invitent de plus en plus de larmes et de frénétiques bouffées de cigarette. Une paranoïa se développe au sein de la cellule familiale. En tentant de l’aider à surmonter les crises, les proches de Damien l’étouffent et se blessent.

Cest avant tout l’histoire d’une lutte désarmante motivée par l’amour, nourrie par les interprétations intenses d’un magnifique trio d’acteurs. Mettre en scène la maladie mentale n’est pas simple, et Joachim Lafosse le fait avec brio, sans que ce soit grinçant ni trop extravagant. La bipolarité de Damien est un personnage en soi, qui souvent déséquilibre le cocon familial, mais qui ponctuellement accepte de disparaître pour laisser place à de purs moments de lumière.

En salle

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Les intranquilles

Drame

Les intranquilles

Joachim Lafosse

Avec Damien Bonnard, Leïla Bekhti et Gabriel Merz Chammah

1 h 59
En salle

7/10