Une mère de famille monoparentale lutte pour récupérer son fils cadet qui a été placé dans un foyer d’accueil par les services sociaux.

Travaillant de nuit dans un bar de Brest, Sylvie (Virginie Efira, L’amour et les forêts, de Valérie Donzelli) doit souvent laisser sans surveillance ses fils, Jean-Jacques (Félix Lefebvre, révélé dans Été 85, de François Ozon), ado anxieux et boulimique, et Sofiane (Alexis Tonetti), garçon turbulent ayant des difficultés d’apprentissage. Ce dernier s’étant brûlé au deuxième degré au torse en voulant se faire des frites est bientôt envoyé en foyer d’accueil.

Avec ses frères, Hervé (Arieh Worthalter, Le procès Goldman, de Cédric Kahn) et Alain (Mathieu Demy), qui ne sont pas des grands modèles de réussite, Sylvie, mère aimante et courageuse, devra lutter pour récupérer la garde de Sofiane. Impulsive et irréfléchie, à couteaux tirés avec mademoiselle Henry des services sociaux (India Hair), Sylvie risque de connaître plus de revers que de victoires.

Issue du documentaire, Delphine Deloget livre un premier long métrage de fiction d’une remarquable maturité et ayant un indéniable souci de vérité. Écrit avec la collaboration de Camille Fontaine (Coco avant Chanel, d’Anne Fontaine) et d’Olivier Demangel (créateur de la série Tapie), le récit de Rien à perdre s’inspire de rencontres avec des dizaines de familles et de travailleurs sociaux faites par la cinéaste. À cet égard, les dialogues, tant les réparties vives de la mère, les mots d’enfants, les prises de bec que le charabia judiciaire, s’avèrent d’une rare justesse.

Tirant efficacement profit du cadre breton, la réalisatrice porte un regard plein d’empathie, dénué de jugement, sur cette modeste famille en crise, lequel fait écho à celui qu’on retrouve dans les peintures de milieu de Mike Leigh (Secrets et mensonges) et de Ken Loach (Ladybird). Rien à perdre n’est pas non plus sans rappeler le cinéma des frères Dardenne (Deux jours, une nuit) par la façon dont le directeur photo Guillaume Schiffman (En attendant Bojangles, de Regis Roinsard) traque sans répit les personnages et le montage attentif de Béatrice Hermine (Cœurs vaillants, de Mona Achache).

Tandis qu’elle manie habilement l’ellipse et maintient efficacement le suspense, Delphine Deloget entraîne le spectateur dans un crescendo d’émotions jusqu’à la finale déchirante. Entourée d’une distribution impeccable, au cœur de laquelle se démarque l’interprétation sensible de Félix Lefebvre, la splendide Virginie Efira, sans maquillage, coiffée et vêtue sobrement, brille d’un nouvel éclat.

Rien à perdre est présenté à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Beaubien.

Consultez l’horaire du film
Rien à perdre

Drame social

Rien à perdre

Delphine Deloget

Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter, Mathieu Demy

1 h 50

8/10