La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Dans certains emplois, le nom fonds doit s’écrire avec un s même au singulier. On écrit bien un fonds de commerce, un fonds commun de placement, un fonds de prévoyance ou de roulement, un fonds éthique, un fonds de retraite, le Fonds monétaire international, le fonds de manuscrits de la Bibliothèque nationale.

Ce s de fonds est souvent omis, par confusion avec son homophone fond. Le fond d’une bouteille, d’un puits, le fond de la salle, de sa poche, le fond de l’histoire. Article de fond. Le fond de la mer, une lame de fond. Mineur de fond. Ski de fond. De fond en comble, sur fond d’hostilité. Un fond sonore, du fond de teint, connaître un sujet à fond, parler du fond du cœur, avoir un bon fond. Un fond d’œil.

En fait, fond et fonds sont deux variantes orthographiques d’un même mot, souligne le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française. « Les deux mots ne se sont différenciés graphiquement qu’à partir du XVIIe siècle, de manière arbitraire. » Selon Littré, on devrait supprimer le s et, au singulier, toujours écrire fond.

L’adjectif foncier vient d’une ancienne forme de fond, soit fons. Un propriétaire foncier possède un fonds, des terres. Cultiver son fonds, bâtir sur son fonds. L’impôt foncier est relatif à un bien-fonds, mot qui « désigne à la fois le terrain et le bâti (c’est-à-dire les bâtiments construits sur le terrain) », précise le Juridictionnaire du gouvernement du Canada.

Le mot fonds au pluriel désigne de l’argent comptant ou du capital servant au financement. Convoyeur de fonds. Détournement de fonds. Appel de fonds. Mise de fonds. Bailleur de fonds. Être en fonds.

Un troisième homophone, fonts, de la même famille que fontaine, celui-là, est rarement utilisé. Le nom pluriel fonts baptismaux désigne le « bassin placé sur un socle et destiné à l’eau du baptême ». L’expression tenir un enfant sur les fonts baptismaux signifie en être le parrain ou la marraine.

La chapelle des fonts baptismaux s’appelle le baptistère. Ce nom ne doit pas être confondu avec son homonyme baptistaire qui, lui, s’emploie pour désigner un document, l’extrait de baptême.

Courrier

Le sigle LGBTQ+

Plutôt que l’horrible LGBTQ+, pourquoi ne pas parler de « minorités sexuelles », tout simplement ?

Réponse

Parce que ce serait un terme trop restrictif, sans doute. Le sigle LGBT, qui correspond aux noms lesbienne, gai, bisexuel et trans, n’a cessé de s’allonger au fil du temps pour représenter d’autres réalités et inclure le plus de personnes possible. À La Presse, on a décidé d’en limiter la longueur. On n’écrit pas, par exemple, LGBTQQIP2SAA, seulement LGBTQ+.

Le sigle est censé n’exclure personne, mais il semble qu’il n’y parvienne pas. Certains ont ainsi proposé l’acronyme MOGAI pour marginalized orientations, gender identities, and intersex, qui se traduirait par orientations (sexuelles) et identités de genre marginalisées et intersexes et qui a le désavantage d’employer l’adjectif marginalisé. On a aussi rencontré au cours de nos lectures le sigle GRSM, pour gender, romantic, and sexual minorities (minorités de genre, d’orientations romantiques et sexuelles).

Certains proposent également le sigle DSG, pour diversité sexuelle et de genre, qui a l’avantage d’être très court et inclusif, puisqu’il ne spécifie « aucune identité de genre ou orientation sexuelle », lit-on dans le Lexique sur la diversité sexuelle et de genre du Bureau de la traduction du gouvernement du Canada. Mais il est encore relativement peu répandu.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.