La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On doit redoubler de vigilance lorsque le texte que l’on traduit contient des noms de lieux.

C’est une évidence, bien des noms géographiques ne sont pas les mêmes en français et en anglais, comme Londres et London, par exemple. Pour éviter les pièges, nombreux, on devrait faire systématiquement des vérifications.

Pour trouver plus facilement sur Google, on peut ajouter à notre recherche le nom du pays concerné en français. Par exemple, si on cherche mont Matterhorn et Suisse, on trouve en fait le mont Cervin.

Il faut se méfier également du nom river. Il se traduit souvent par le nom fleuve et non par rivière (on ne traduirait pas Saint Lawrence River par rivière Saint-Laurent). Un fleuve est un cours d’eau important qui se jette dans la mer ; une rivière est un cours d’eau qui se jette dans un fleuve.

On écrit le fleuve Hudson et non la rivière Hudson, et aussi le fleuve Fraser, le fleuve Yukon. L’Amazone, le Gange, le Potomac, la Tamise (the River Thames) et la Volga sont des fleuves. Le Tigre et l’Euphrate (pas de s en français, contrairement à l’anglais Euphrates), aussi.

Comme on le voit, on peut omettre le générique, lorsqu’il est question d’une rivière ou d’un fleuve – quand il n’y a pas de confusion possible. Si on écrit le Colorado pollué, il n’est pas clair à première vue qu’il s’agit du fleuve et non de l’État. La Caniapiscau, la Jacques-Cartier, la Ristigouche. Le Saint-Laurent.

Lorsqu’il est question du golfe du Saint-Laurent, on ne doit pas oublier que le nom golfe se termine par un e, en ce sens (on n’écrit pas golf). Lorsque le mot est employé seul et écrit avec une majuscule, il désigne habituellement le golfe Persique. La guerre du Golfe.

Mais si on emploie l’article la devant le nom d’une rivière, pourquoi dit-on (correctement) le Richelieu ? C’est parce que cette rivière fait partie des exceptions, avec le Saint-Maurice, le Saint-François et le Saguenay. « Le genre masculin de ces noms peut s’expliquer par leur histoire, leur usage ou l’importance de ces cours d’eau dans le territoire québécois », souligne l’Office québécois de la langue française.

Emploi du mot week-end en français

Vous soulignez régulièrement les anglicismes ou les calques de l’anglais que vous recommandez d’éviter. Je suis donc surpris de voir le mot week-end dans plusieurs articles de La Presse. Qu’est-il arrivé à fin de semaine ?

Réponse

Les médias ne voient pas le mot week-end – on l’écrit en deux mots à La Presse – comme un anglicisme inutile à proscrire, mais comme un emprunt à l’anglais utile puisqu’il fournit un synonyme au terme fin de semaine. Des sources leur donnent raison.

D’autres sources voient les choses différemment. Chacun est donc libre de faire comme il l’entend. Mais dans les médias, de toute évidence, les deux formes, fin de semaine et week-end, coexistent.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.

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