Le rôle des municipalités québécoises a changé dans les 30 dernières années. Elles sont devenues plus présentes dans la vie des citoyens, elles ont davantage de responsabilités et leurs résidants se tournent plus souvent vers les différents services de proximité qui leur sont offerts. Il manque toutefois une variable importante pour équilibrer ce nouvel état de fait : le financement. Québec ne semble pas prêt à donner des outils adaptés aux villes pour remplir leurs nouvelles responsabilités.

C’est le constat que dresse l’ancien maire de Gatineau et collaborateur de ces pages, Maxime Pedneaud-Jobin, dans l’essai Libérer les villes – Pour une réforme du monde municipal, paru chez XYZ le mois dernier. Une plaquette de 136 pages qui se lit d’un trait, comme ses rubriques.

On l’a vu récemment dans un reportage de La Presse sur Saint-Roch-des-Aulnaies, sur la Côte-du-Sud, qui réfléchit à différentes pistes de regroupement avec d’autres municipalités de la région pour mieux faire face à différents défis⁠1.

L’auteur prend acte de l’arrivée en puissance d’une nouvelle cohorte de mairesses et de maires – à Sherbrooke, à Laval, à Longueuil et à Québec, entre autres – et promeut leur approche et leur dynamisme. Il écorche au passage les bureaucrates de la fonction publique et les élus municipaux qui ne font que suivre le mouvement mis en branle par les directions générales de ces villes. Il attribue à ces élus le terme peu flatteur « d’échevins » en opposition au terme « conseillers municipaux ».

Ces nouveaux maires et mairesses sont aux prises avec le manque de financement chronique des villes ainsi que le déficit démocratique lié au manque de participation citoyenne. M. Pedneaud-Jobin appelle donc à la création de vrais partis politiques municipaux et fait la démonstration que les débats au sein des partis qui forment autant le pouvoir que l’opposition sont cruciaux pour mieux défendre et organiser la dynamique entre les villes et le gouvernement du Québec. Une vie de parti permettrait aussi, toujours selon lui, d’éviter que les courses à la mairie ne soient qu’un concours de popularité entre deux personnalités connues, mais dépourvues de véritable programme.

L’auteur cite l’exemple de Jean-Paul L’Allier, maire de Québec de 1989 à 2005, qui expliquait toujours que ses réalisations dans le quartier Saint-Roch et ailleurs étaient le fruit des réflexions provenant de son parti, le Rassemblement populaire. Un parti qui avait mis en place une charte de la dissidence, permettant aux élus de diverger d’opinion sur les enjeux locaux. Pedneaud-Jobin, dans un rare rappel de ses années comme maire, dit qu’Action Gatineau, son parti, s’était inspiré des règles de fonctionnement du Rassemblement populaire de Québec pour briser les règles de la ligne de parti.

Une fiscalité brisée : la règle du 58/8

On l’a vu, les villes offrent de multiples services : les bibliothèques, les centres multisports et les salles de spectacle s’ajoutent aux réseaux d’eau et à la collecte d’ordures. L’auteur estime que les villes héritent ainsi de l’entretien de 58 % des infrastructures publiques tout en ne récoltant que 8 % des taxes et impôts.

L’ancien maire de Gatineau insiste : les villes ne peuvent se rabattre sur la taxe foncière dans sa forme actuelle. Le fait que l’impôt foncier augmente en fonction de la valeur marchande des immeubles crée des distorsions chez ceux dont les revenus n’évoluent pas au même rythme que leurs propriétés, en plus d’encourager l’étalement urbain plutôt que la densification. Selon lui, le système actuel est au cœur des iniquités et des problèmes qui freinent l’élan des municipalités.

Si le sujet vise un public restreint, ce livre dont le titre résume tout détaille l’importance de la vie municipale dans la société. Un petit pamphlet qui déballe point par point ce qui pourrait devenir l’ébauche de règles générales à suivre pour toutes personnes et association qui souhaitent se lancer en politique municipale. Le lecteur paresseux trouvera dans la conclusion un résumé des prises de position de l’ancien maire sous une forme concise, qui n’est pas sans rappeler certains communiqués de presse.

1. Lisez l’article « On veut améliorer l’avenir de nos citoyens »

Extrait

Les municipalités gèrent donc 58 % des infrastructures publiques actuelles et elles reçoivent 8 % des revenus payés en taxes et en impôts par les citoyens, tous gouvernements confondus. C’est fort : elles ont donc 58 % du problème à gérer et 8 % des ressources financières disponibles. C’est un déséquilibre fondamental qui a des conséquences sur l’état de nos rues, de nos bibliothèques et de tout le reste.

Qui est Maxime Pedneaud-Jobin ?

Maxime Pedneaud-Jobin a été maire de Gatineau de 2013 à 2021, après un mandat comme conseiller municipal de 2009 à 2013. Il collabore aujourd’hui régulièrement à La Presse. Libérer les villes est son deuxième essai après la publication, en 2021, de Passer de la ville à la cité – Faire place à la participation citoyenne. Il a travaillé auparavant dans le réseau de la santé et auprès d’initiatives en économie sociale.

Libérer les villes – Pour une réforme du monde municipal

Libérer les villes – Pour une réforme du monde municipal

XYZ

136 pages