Avec leur plume unique et leur sensibilité propre, des artistes ou des personnalités nous présentent leur vision du monde. Cette semaine, nous donnons carte blanche à Claudie Mercier.

J’admire les gens qui ont le courage d’aller exposer leurs défauts à la télé. Je pense qu’il n’y a rien de plus beau que la vulnérabilité d’une candidate ou d’un candidat à l’écran. C’est pour ça qu’on s’attache autant… et qu’on perd parfois tout sens de la mesure. Ça peut vite devenir une relation toxique.

Bon, on s’entend pour dire que c’est le fun en maudit de juger les candidats d’une téléréalité dans notre salon. C’est humain. Mais il y a toute une différence entre juger dans son salon et avoir des propos dénigrants sur les réseaux sociaux !

Prenons en exemple la plus récente saison d’Occupation double, en Andalousie. L’an dernier, les internautes ont trouvé que la saison était trop intense, qu’il fallait revenir à la source avec une téléréalité plus calme, plus centrée sur l’amour.

La production a écouté les internautes. Cette année, les rebondissements se sont faits plus rares et on a assisté à un OD qui rappelait les premières saisons, notamment avec une grande utilisation de la bouteille (peut-être un peu trop, je vous l’accorde).

J’ai beaucoup aimé cette saison remplie de bienveillance et d’amour. Ça m’a fait du bien, comme un vent de fraîcheur. Les internautes, en revanche, n’ont pas été comblés. Ils voulaient plus de « punch ». Ça s’est répercuté sur les cotes d’écoute, moins élevées que les années précédentes.

C’est dommage de voir que le scandale vend plus que la bienveillance.

J’ai fait Occupation double Afrique du Sud en 2019 et ça a changé ma vie en mieux. C’est assurément l’expérience la plus humaine que j’ai vécue, même si on s’imagine que tout est scripté. Bien sûr, les rebondissements sont scriptés, mais nos émotions et nos connexions comme candidats, elles, sont bien réelles.

On juge souvent les candidats qui pleurent trop souvent à la télé ou qui ont des réactions super intenses, mais n’oublions pas que leurs journées sont composées de surprises, d’éliminations, de partys, de fatigue, de suranalyse… tout ça sans qu’il leur soit possible de retrouver leurs repères auprès de leur famille et de leurs amis. Tout ce que tu as à faire à OD, c’est penser et profiter. Mais c’est tellement facile de se laisser aller dans un tourbillon sans fin. Je l’ai fait moi-même.

J’adore voir comment la téléréalité est un reflet de notre société.

La vérité, c’est que notre société est remplie de beau et de moins beau monde. Ça peut choquer les gens de voir une telle diversité de personnalités, qui ont des valeurs parfois différentes des leurs.

Et je nous trouve trop sévères avec les candidats : on ne leur donne pas la liberté de commettre des erreurs. On crie au scandale à la moindre occasion. Bien sûr, je vous entends dire : « Claudie, ces personnes ont décidé d’aller à la télé, on a bien le droit de dire ce que l’on veut. »

Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois. Oui, le fait de s’exposer à la télé engendre toutes sortes de réactions, mais personne ne mérite, peu importe son statut, qu’on lui manque de respect.

C’est comme de dire à une enseignante : « Tu savais qu’en faisant ce métier tu allais manger de la marde des parents de tes élèves, alors assume. »

Le respect devrait être un acquis dans la vie. Pourquoi une personne de la télé mériterait-elle davantage d’être ridiculisée que les autres ? Je n’ai jamais compris cet argument-là. Dans quel monde vit-on pour penser que les gens méritent de se faire insulter parce qu’ils sont candidats de téléréalité ?

C’est hallucinant de constater à quel point la téléréalité suscite des réactions négatives, surtout quand on sait que l’expérience apporte tant aux candidats qui se prêtent au jeu. Pensez-y : quand avez-vous eu la chance de voir vos propres défauts à l’écran ? Les candidats, eux, se regardent à la fin de leur passage à la télé et je peux affirmer hors de tout doute que ça vient avec des remises en question, des déceptions, des prises de conscience, etc. Je suis persuadée que ça changerait beaucoup de gens de vivre une expérience comme celle des téléréalités. Plusieurs feraient le saut en se voyant à l’écran.

Une autre chose qui m’a toujours fait rire, c’est que les gens chialent sur le fait que les couples des téléréalités finissent toujours par se séparer. Les mêmes gens attendent pourtant souvent ces séparations avec impatience. Ils sont contents de voir que ça se termine pour un couple d’OD, ça leur donne raison.

La vérité de la téléréalité, c’est que c’est une expérience inoubliable que peu de gens vivront. Il y a une infime partie de la société qui a assez d’audace pour se montrer sous toutes les coutures devant le Québec. Je m’estime choyée d’avoir eu la chance de vivre quatre mois en Afrique du Sud, loin des réseaux, avec des gens incroyables, des paysages à couper le souffle.

La chose à retenir, comme dans tout, c’est de ne pas juger avant de connaître. Oseriez-vous vous exposer devant le Québec en entier sans filtre et sans avoir un mot à dire sur le montage final ? Si oui, aimeriez-vous que l’on vous traite avec respect ? Je devine que la réponse est simple.

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Qui est Claudie Mercier ?

Candidate d’Occupation double en 2019, Claudie Mercier est aujourd’hui créatrice de contenu. On a notamment pu l’entendre grâce à son émission balado Perceptions, dans laquelle elle tend le micro à des personnes qui ont des vies atypiques. En 2022, elle a remporté le grand prix de la Soirée Mammouth, qui célèbre les personnalités les plus inspirantes pour la jeunesse québécoise.