Vous les voyez à la télé, sur les réseaux… partout, en fait, ces publicités qui incitent à demander de l’aide en cas de besoin.

Je suis mère de deux jeunes avec des problèmes de santé mentale et j’ai demandé de l’aide. Je suis toutefois malheureusement prise dans les dédales du système, tel Astérix pendant ses 12 travaux… Le laissez-passer A-38, vous dites ?

Le cas de fiston

Fiston, 16 ans, autiste haut niveau. Fiston a aussi un TDAH avec impulsivité. En ce moment, nous avons les services du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) et du centre local de services communautaires (CLSC). Il a une pédopsychiatre et une psychologue ; il voit cette dernière toutes les semaines à l’hôpital Rivière-des-Prairies.

Nombre d’hospitalisations à l’hôpital Rivière-des-Prairies : deux. Nombre de fois où les policiers sont venus à la maison : j’ai perdu le compte. Nombre de fois où fiston a menacé de se suicider : trop.

Nombre de trous dans les murs, d’objets brisés : assez pour faire mal paraître la maison. Nombre de fois dans une semaine où fiston dit qu’il est triste et déprimé : assez pour faire saigner le cœur de maman.

Fiston raconte à la psychoéducatrice de l’école qu’il se réveille la nuit avec des idées suicidaires. Qu’il a peur de prendre les couteaux de la cuisine et de passer à l’acte. Je demande donc à la psychologue que la pédopsychiatre soit présente au prochain rendez-vous de fiston. Durant son rendez-vous, fiston craint d’être réhospitalisé et dit que ses menaces de suicide ne sont qu’un appel à l’aide, qu’il ne veut pas mourir. Il est donc retourné à la maison avec comme consigne de relire son document sur les distorsions cognitives. Moi, je pleure de rage. Fiston est impulsif et colérique. Sur le coup de l’émotion, il perd souvent le contrôle. S’il réussit son suicide, je pourrai au moins dormir sur mes deux oreilles… parce que j’ai demandé de l’aide.

Le cas de fillette

Fillette, 18 ans, a un trouble du déficit de l’attention (TDA). Fillette avait jadis reçu un diagnostic de trouble d’anxiété généralisé et de trouble de l’attachement. Nous sommes in and out du système avec fillette depuis qu’elle a environ 10 ans. Avec elle, plusieurs essais de médication pour l’anxiété, la dépression… Nous demandons d’investiguer pour un trouble de la personnalité limite depuis plusieurs années, sans succès.

La dernière pédopsychiatre vue par fillette a retiré ses diagnostics (et sa médication) et lui a dit d’aller jouer dehors. Fillette a refusé de continuer à la voir.

Fillette a des épisodes où elle va bien (trop bien) et des épisodes où elle va (très) mal. En ce moment, ça va mal, mais contrairement à d’habitude, ça ne passe pas. Nous sommes donc allées en clinique d’urgence et on nous a dirigées vers un infirmier pivot en santé mentale qui a affirmé que fillette était en dépression sévère. Deux mois ont passé depuis le premier rendez-vous. J’ai rappelé trois fois la clinique, car on n’avait plus de nouvelles de l’infirmier et l’état de fillette se dégradait : elle ne se lavait plus, ne se brossait plus les cheveux ni les dents et elle dormait toute la journée. Au moment où j’écris ces mots, on doit voir son médecin dans un peu plus de deux semaines.

Après avoir discuté du cas de fillette avec la travailleuse sociale de fiston, fillette a reçu un appel d’évaluation du CLSC. On lui dit qu’elle aura accès à un psychiatre dans un peu plus de 11 mois. Pour un psychologue, c’est BEAUCOUP moins long, lui dit-on… environ cinq à six mois.

Pendant ce temps, je regarde fillette dépérir à vue d’œil et je me dis que si on l’échappe, je pourrai au moins dormir sur mes deux oreilles… parce que j’ai demandé de l’aide.

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