Vous l’aurez deviné, le titre de ce billet se veut un clin d’œil à l’organisme Mères au front dont j’admire profondément l’engagement. À l’instar des mères et des grand-mères impliquées dans ce mouvement, je reconnais les liens évidents entre la santé et l’environnement. J’embrasse plusieurs objectifs promus par ce groupe : verdir nos communautés, favoriser la mobilité durable et protéger la biodiversité pour léguer à nos enfants un monde aussi beau que sain.

Je suis également solidaire des demandes formulées aux divers ordres de gouvernement afin qu’ils imposent de meilleures normes de qualité de l’air, de l’eau et du sol. Bref, je partage avec les porte-étendards du cœur vert équarri la volonté de faire œuvre utile sur le front primordial de l’environnement.

Récemment, ma ville a émulé l’inspirante démarche du maire de Québec, Bruno Marchand : une chaise décorée par de jeunes élèves siège désormais au cœur de notre salle de caucus. D’aucuns jugeront que ce geste s’avère futile ou frivole. Or, cette chaise possède le pouvoir d’extirper quiconque du piège de la courte vue qui guette les politiciens. Cette présence symbolique rappelle l’importance de considérer l’impact que nos décisions auront sur les générations futures.

Quand, lors d’un moment d’accalmie d’une séance, mon regard croise cette chaise, l’envie incoercible de monter au front m’envahit.

Ou plutôt, de monter aux fronts.

Bien que l’enjeu environnemental se révèle essentiel, il n’en demeure pas moins que plusieurs enjeux sociaux menacent nos enfants et méritent également notre attention pressante.

L’exercice du pouvoir révèle à tout élu que les solutions s’avèrent souvent plus complexes et moins accessibles qu’on le soupçonne. La gestion des finances et des ressources gouvernementales constitue un jeu à somme nulle. Aux prises avec des besoins infinis et des capacités circonscrites, les élus ne peuvent pas faire de magie.

Coût faible, grand impact

Toutefois, certaines décisions échappent à cette logique. Nous le constatons : quelques gestes politiques de nature purement réglementaire et qui n’entraînent peu ou pas de coûts revêtissent néanmoins des impacts notoires. La CAQ nous l’a d’ailleurs démontré avec brio en adoptant coup sur coup un règlement resserrant l’accès au marché du travail des enfants ainsi qu’un règlement qui interdit les saveurs des vapoteuses.

Malheureusement, une occasion manquée d’encadrer le cellulaire à l’école ajoute une ombre à ce tableau⁠1.

Les enseignants souscrivent à cette idée dans une fracassante majorité. La plupart des parents voient d’un bon œil cette réglementation que d’autres administrations ont adoptée. À un mot près, les trois oppositions se sont entendues sur le sujet et les données s’accumulent pour corroborer l’impact nocif du cellulaire. Le fardeau de la preuve incombe donc au gouvernement dont le refus paraît incompréhensible dans les circonstances. Espérons qu’il y aura une suite à ce dossier.

Dans le même ordre d’idées, la série d’articles de La Presse sur la pornographie met en lumière un autre enjeu négligé. Sous peine d’avoir l’air rétrogrades, rares sont ceux qui osent aborder ce sujet tabou. Or, il est temps de nous questionner sérieusement : qu’y a-t-il de progressiste à laisser l’éducation sexuelle de nos jeunes entre les mains d’algorithmes qui les entraînent sur une pente glissante de violence, de gagging et autres blurred lines ? Comme le fait valoir la sénatrice Julie Miville-Dechêne⁠2, dont je salue le travail dans ce dossier, l’ajout d’une restriction d’âge encadrant l’accès aux sites pornos constituerait un bon premier pas. À moyen terme, nous pourrions également considérer de rendre l’accès au matériel pornographique payant.

Les défis complexes abondent en ce qui concerne les enfants : déclin de la santé physique et mentale, pénurie de personnel dans les CPE et les écoles, infrastructures désuètes… Nous n’avons pas le luxe de négliger les gains faciles.

1. Lisez l’article sur les cellulaires en classe dans The Atlantic (en anglais) 2. Lisez la lettre de Julie Miville-Dechêne dans La Presse Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion