S’asseoir autour d’un bon feu de bois, tradition toxique ? Récemment nous avons rejoint des amis dans un camping. Le lendemain matin, nous nous sommes réveillés avec l’air emboucané par les incendies de forêt qui font rage au nord. C’était désagréable.

Ce qui m’étonnait le plus, c’était de voir les gens vaquer à leurs occupations presque comme si de rien n’était. Nous étions la veille de la fête nationale, quelques groupes de campeurs faisaient des feux de camp même si c’était interdit, sous prétexte qu’ils avaient un pare-étincelles. Même les propriétaires du camping ont fait un feu de « joie » modeste ! La chanteuse qui animait la fête avait parfois du mal à chanter à cause de l’air pollué. Une voiture de police s’est arrêtée près de la place et a observé le feu de la Saint-Jean puis est repartie sans rien interrompre. La fête a eu lieu et on a bien dansé et chanté.

Le lendemain matin, c’était encore pire. Les yeux nous piquaient et on entendait les gens tousser. L’odeur nous levait le cœur. J’ai passé mon après-midi enfermée dans notre VR. Malgré tout, les enfants et les campeurs continuaient leurs activités dehors. Après le souper, je suis allée rejoindre nos amis. Pour amoindrir l’effet de la boucane, j’ai mis un foulard plié en double sur ma bouche pour me promener dehors. Tout le monde me regardait comme si j’étais une extraterrestre ! En entrant dans le bloc sanitaire, deux jeunes d’environ 8 et 10 ans chuchotaient à mon égard et puis j’ai entendu dire la plus grande à l’autre : « C’est parce que la madame est malade ! »

Et savez-vous quoi, il y avait encore des campeurs qui faisaient brûler des bûches de bois et qui faisaient encore plus de fumée !

Non mais, il est où, le problème ? Faut-il attendre d’être malade pour prendre soin de soi ? C’est pareil pour la planète. Parce qu’on ne voit pas les séquelles de la pollution, on continue de faire « comme si de rien n’était ». Avant, faire un feu avec des bûches de bois au camping était une activité de réjouissance. Quoi de plus joyeux que de regarder les flammes danser et de brûler des guimauves avec les jeunes enfants. Malheureusement, cette dernière expérience de camping m’a bouleversée. J’étais et je reste complètement découragée par ce que j’appellerais un manque de jugement ou de l’inconscience de la part des gens qui faisaient des feux malgré les avertissements de danger d’incendie et malgré l’évidence de contribuer à la pollution ambiante.

Fume, allez, fume ! Les feux en camping sont devenus un luxe trop cher à payer comme dette à la qualité de l’air ambiant. Cette tradition est un héritage qui est devenu obsolète avec tous ces efforts que nous faisons pour avoir un air pur et sain à respirer. Je sais que faire un feu est très ancré dans les loisirs des Québécois. Il sera difficile de faire changer cette habitude. Il y a beaucoup de gestes que nous faisions et qui sont à remettre en question maintenant devant cette catastrophe climatique et de perte de biodiversité. Saurons-nous agir avant que tout ne parte en fumée ?

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