Le Village est, et a toujours été, un lieu éclectique où tous et toutes y trouvent leur place. Un milieu de vie, de festivités, de rassemblements.

Il abrite aussi plusieurs ressources offrant des services à toute une communauté bien présente dans le Village et ses environs. Des humains qui occupent l’espace public, qui n’ont pas de chez-soi, qui utilisent des substances, qui proviennent de divers milieux socioéconomiques.

Les ressources d’aide, tout comme ces humains, étaient présentes avant, pendant et après la pandémie. Le Centre-Sud a toujours été un lieu de prédilection pour les personnes marginalisées. En effet, les ressources ont été créées pour répondre aux besoins des personnes qui occupaient déjà le territoire.

Pour répondre à cette demande, Spectre de Rue, organisme communautaire bien établi dans le quartier, a ouvert ses portes en 1986 et s’évertue depuis plus de 35 ans à faire du Village et du Centre-Sud un quartier plus inclusif et plus sécuritaire pour tous et toutes. Nous offrons des services aux personnes utilisatrices de substances. Nous créons des liens avec celles-ci dans le but d’améliorer leurs conditions de vie, mais aussi de démystifier leurs réalités pour les riverains et riveraines et commerçants et commerçantes du quartier.

En crise

Vous avez raison, le Village est en crise ! Nous devons nous rendre à l’évidence que la « normale » a changé et que nous devons nous adapter aux nouvelles réalités auxquelles nous faisons face. Est-ce que les personnes en situation de marginalisation sont plus présentes, ou, du moins, plus visibles qu’avant ? Peut-être. Est-ce que nous pouvons l’expliquer ? Certainement. Nous voyons depuis quelques années déjà une hausse fulgurante de la détresse dans toutes les sphères de la société.

Les enjeux d’occupation de l’espace public et de marginalisation de communautés sont toutefois complexes. La cohabitation nécessite de mettre de l’eau dans son vin, de part et d’autre, pour s’assurer que tous et toutes se sentent bienvenus et en sécurité.

L’itinérance est une réalité à laquelle il faut répondre de façon systémique et nous considérons que les solutions style « band-aid », comme plus de répression, ne régleront rien. Elles ne feront que déplacer les problèmes de cohabitation ailleurs.

Comme vous, nous travaillons, habitons et vivons dans le Village. Nous observons la crise humanitaire, la crise du logement, la crise des surdoses. Comme vous, nous sommes épuisés, fâchés, découragés. Nous continuons toutefois à maintenir les services offerts aux personnes les plus marginalisées de nos communautés.

Besoins et ressources

Les ressources communautaires sont à bout de souffle et en manque flagrant de financement. Les besoins augmentent alors que les ressources diminuent. Les organismes d’aide doivent se battre pour avoir les fonds pour maintenir les projets existants et tenter de bonifier leur offre de service. Le manque de constance, dû à ces coupures, entraîne des conséquences sur la relation créée entre les intervenants et intervenantes ainsi que les personnes qui bénéficient de leur accompagnement.

Considérant que des approches, comme le travail de rue qui fait ses preuves depuis plus de 60 ans, sont basées sur la création de lien significatif pour répondre aux besoins réels des personnes rencontrées, une constance et une cohérence entre les services et les intervenants et intervenantes sont plus que nécessaires pour atteindre des objectifs qui bénéficient à tous et toutes.

On se doit d’avoir des réflexions collectives sur les enjeux qui nous entourent. La cohabitation c’est un enjeu de communauté. Nous appelons à être créatifs, patients et ouverts. À s’éduquer et à s’intéresser à l’autre et surtout à faire confiance aux organismes qui œuvrent sur le terrain.

Nous croyons fermement que lorsque les gens se comprennent et arrivent à communiquer, la cohabitation ne s’en trouve que facilitée.

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