Les membres des Conseils des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) des grands centres hospitaliers universitaires (CHU) du Québec sont fortement préoccupés par les changements proposés par le projet de loi 15 du ministre Christian Dubé. Ils unissent leurs voix à celle de l’Association des CMDP du Québec pour vous faire part de leurs préoccupations quant aux changements proposés, notamment dans la structure de gouvernance clinique des établissements.

Si certains doivent être convaincus de la pertinence d’une réforme apportant plus d’efficience au service des patients, ce n’est certainement pas nous. Nous sommes au front ; nous vivons, chaque jour, ce contexte difficile dont on débat avec raison. C’est pourquoi les plus de 6000 médecins, dentistes et pharmaciens des CHU du Québec tiennent à contribuer à la recherche de solutions.

Malheureusement, nous ne croyons pas que le remède proposé guérisse tous les maux.

Au contraire, nous sommes convaincus que certains des changements proposés auront un impact négatif sur l’accès et la qualité des soins, car ils éloigneront les décisions des soignants et de leur expertise, et ne permettront pas de tenir compte de la réalité sur le terrain.

En effet, les CMDP des CHU du Québec sont des conseils démocratiquement élus formés de cliniciens œuvrant à temps plein auprès des patients. Le président-directeur général de l’établissement fait également partie de ce conseil afin qu’il ait la meilleure compréhension possible des enjeux organisationnels et des façons de répondre aux besoins des patients.

Or, le projet de loi du ministre vient modifier l’instance que sont les CMDP et, ce faisant, isole le PDG – et la prise de décision éclairée – de la réalité terrain et de l’expertise clinique de ceux qui dispensent les soins dans nos hôpitaux et dans nos CHSLD. Dans le contexte des soins universitaires, où s’exerce de la médecine de pointe et où les membres contribuent à de la recherche de haut niveau et de l’enseignement, c’est particulièrement inquiétant.

Cet éloignement des décisions du terrain survient dans un moment où notre réseau traverse de grandes difficultés, qu’il se prépare à une réorganisation majeure et, qu’il entame une transition vers un financement basé sur l’activité. Ce dernier élément devrait tout particulièrement inquiéter la population : les décisions seront-elles dorénavant uniquement prises sur la base des budgets, sans consultation de ceux qui accomplissent quotidiennement la mission première de notre réseau, soigner ?

Dans ce contexte, il importe que les CMDP puissent conserver et exercer leurs responsabilités afin d’assurer une implantation locale, sécuritaire et harmonieuse de la réforme. Les CMDP ont toujours été les chiens de garde de la qualité des soins. Alors que rien ne justifie le fait de leur retirer leur responsabilité de surveillance et de conseil, nous nous inquiétons des motifs réels qui se cachent derrière cette décision.

Lisez l’article « Réforme en santé : “Il est minuit moins une”, s’inquiètent les médecins spécialistes »

* Cosignataires : DJean Beaubien, président CMDP du CHU de Québec ; Dre Stéphanie Bourgeois, présidente CMDP du CIUSS de l’Estrie-CHUS ; Dre Tatiana Cabrera Aleksandrova, présidente CMDP du CUSM ; DMichel Lallier, président CMDP du CHU Sainte-Justine

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