Un « groupe de travail » a été formé pour « décortiquer le parcours client à l’aéroport et mettre en place des mesures supplémentaires pour assurer la fluidité » et « bonifier l’expérience ».
— Amélie Régis, porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM)

C’est par la citation ci-dessus que la STM a expliqué sa stratégie pour régler les problèmes de la ligne d’autobus 747 surchargée à l’aéroport Montréal-Trudeau.

Vous êtes rassuré ? Moi non plus.

Depuis le retour des voyageurs post-COVID, on voit de longues files d’attente à la fois pour acheter des billets et pour monter dans l’autobus.

Un moyen immanquable, pour les Québécois, de conclure un beau voyage par une bouffée d’exaspération. Ou, pour les touristes, de commencer leur séjour sur une mauvaise note.

Faut-il vraiment un « groupe de travail » pour comprendre ce qui cloche ?

Le « parcours client » qui serait à « décortiquer », par exemple, est très simple à comprendre.

Le passager qui parvient à sortir de l’avion, à franchir la douane et à récupérer ses bagages veut pouvoir acheter un billet d’autobus et monter dans ledit autobus pour gagner la ville. C’est tout.

Or, pour l’instant, cela relève du parcours du combattant.

Première évidence : les quatre machines distributrices de billets d’autobus présentes à l’aéroport sont cruellement insuffisantes. Qu’on doive écrire ça dans un journal est en soi une aberration.

On parle tout de même ici d’un aéroport international !

Quand plusieurs vols atterrissent en même temps, que l’une des machines bloque (ce qui arrive régulièrement) ou qu’un touriste peine à comprendre comment acheter un billet (ce qui est parfaitement normal), les files s’allongent à vue d’œil.

Quand tout cela survient en même temps, c’est la catastrophe.

La STM nous assure qu’elle déploiera des terminaux mobiles pour acheter des billets « dans les prochains jours ». Ceux-ci seront tenus par des employés au kiosque de la STM. C’est un pas dans la bonne direction… mais qui aurait dû être pris bien avant que les médias ne fassent état des files d’attente.

« D’autres initiatives sont à l’étude comme l’ajout de distributrices de titres et la vente en concession », nous dit-on.

Des « initiatives à l’étude » ? Ne peut-on pas simplement ajouter des distributrices sans lancer des états généraux sur la question ?

De façon plus fondamentale, les ratés avec la ligne 747 braquent les projecteurs sur les limites (nous resterons poli) du système de paiement de la STM.

Impossibilité de payer à bord avec sa carte de crédit. Impossibilité de payer avec son téléphone. Impossibilité de se faire remettre la monnaie quand on paie comptant dans l’autobus. Impossibilité de recharger sa carte OPUS à distance.

Limitatif, vous dites ? Par rapport aux autres sociétés de transport dans le monde, la STM ressemble de plus en plus aux amish qu’on croise en carriole sur le bord des routes de Pennsylvanie.

À Montréal-Trudeau, pour éviter la file, il faut payer 11 $ en monnaie exacte (pas de billets) dans l’autobus. Pas dix. Onze. Qui a ça dans ses poches en sortant d’un avion ? Et, bien sûr, personne n’a cru bon installer une machine à monnaie dans l’aéroport.

Il est évident qu’on n’a pas pensé aux besoins de l’usager là-dedans.

En l’absence d’un train qu’on attend depuis des décennies, l’autobus 747 représente la seule option de transports en commun reliant le plus grand aéroport de la province à la métropole. Une option de catégorie B… qu’on pourrait au moins s’arranger pour faire fonctionner rondement.

Le transport collectif, qu’on cherche à favoriser, est en concurrence avec l’automobile.

Un constructeur de voitures qui tiendrait sa clientèle pour acquise avec aussi peu d’égards aurait fait faillite depuis longtemps.

Les « groupes de travail », les études et la réflexion, il y a un temps pour ça. Mais ils ne doivent pas non plus servir à se cacher pour éviter d’agir. Surtout quand les solutions sautent aux yeux comme dans le cas de la ligne 747.

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