On a fait grand cas ces dernières années – avec raison – du coût de construction des nouvelles maisons des aînés : on parle de 800 000 $ à 1,6 million par chambre.

Et si le gouvernement caquiste avait eu un ministre responsable de « simplifier les choses » ? Aurait-il pu trouver une façon de réduire les coûts ? Peut-être en plaidant pour un nouveau modèle ?

« Nous vivons dans un contexte où tous les ministres veulent s’approprier davantage de responsabilités, sans considérer les coûts », m’a écrit Michel Dumais, qui propose à la CAQ de créer un tel poste de ministre.

Ce lecteur, comme quelques dizaines d’autres, m’a envoyé un courriel dans la foulée du texte que j’ai publié la semaine dernière pour suggérer la création d’un poste de ministre de l’Avenir à Québec1.

J’avais entre autres été inspiré par le livre Ministères inédits, du philosophe Normand Baillargeon et du poète Christian Vézina. Ils ont dressé une liste de ministères qui, à leur avis, « manquent actuellement aux gouvernements pour servir efficacement le bien commun ». Comme le ministère de la Justice sociale, celui de l’Éthique numérique ou encore celui de la Décroissance.

Je ne suis visiblement pas le seul à avoir jugé cette initiative inspirante.

Parmi l’ensemble des suggestions reçues, plusieurs tournent, comme celle de M. Dumais, autour de l’idée de ministères qui contribueraient à trouver des solutions aux problèmes de gouvernance.

Pourquoi pas un ministère de la Cohérence, par exemple ? Deux lecteurs en recommandent la création, Richard Baribeau et Renaud Quilbe.

Ce dernier explique que le ministre qui en serait responsable « viendrait s’assurer que les orientations et décisions qui sont prises dans les différents ministères sont bien cohérentes entre elles. Fini les choix purement économiques ou politiques qui vont par exemple à l’encontre des objectifs de réduction des gaz à effet de serre ! ».

Selon lui, « on prendrait enfin le temps de réfléchir ensemble avant d’agir. Il est possible qu’on avance moins vite, mais au moins, ce serait dans une seule direction, ce qui est souvent bien plus efficace à long terme ».

Je me dis qu’un ministre de la Cohérence aurait sûrement déjà interpellé la SAQ, qui souhaite voir déménager sa succursale située au centre-ville de Victoriaville, au mépris des orientations provinciales en matière d’aménagement du territoire.

Dans le même ordre d’idées, Pierrette Martin propose un ministère des Sages. Il serait composé d’au moins un philosophe et un éthicien, accompagnés d’autres professionnels. Leur mandat : « Entériner ou non les décisions, projets, provenant du gouvernement et de ses ministères afin d’assurer que celles-ci soit en conformité avec les aspects sociaux, environnementaux et économiques. »

Martial Fortin, pour sa part, rêve d’une solution de rechange à un ministre de l’Avenir. Il propose un poste de planificateur en chef. Son mandat serait de mener « un exercice démographique pour prévoir à moyen et long terme les besoins en santé, en éducation, en énergie, en logement, en justice », mais aussi de veiller à ce que les ressources humaines et matérielles soient disponibles pour satisfaire ces besoins.

André Sormany préfère, lui, un ministère de la Prospective, « pour appréhender et voir venir les choses avant que les problèmes n’éclatent et obligent d’agir dans l’urgence ». Celui-ci serait jumelé à un ministère de l’Efficacité « pour éviter des cafouillis comme récemment à la SAAQ » et à un ministère de la Réalisation « pour qu’on cesse d’en parler et qu’on fasse ». Il cite en exemple le cas de la ligne bleue du métro de Montréal.

Il n’est pas le seul à avoir suggéré toute une série de ministères.

J’en profite pour souligner que l’idée derrière toutes ces réflexions n’est pas de nier que la plupart des ministres actuels se démènent déjà pour servir le bien commun. Elle est de discuter de meilleures façons de trouver des solutions aux problèmes que nos gouvernements peinent à régler.

Lorraine Gauthier a également proposé plusieurs ministères. Mon préféré : celui de la Bureaucratie inutile et coûteuse. Il serait consacré « à éliminer les laissez-passer A-38 de tous les processus gouvernementaux, tous ordres confondus ».

Le nouveau ministre titulaire de ce portefeuille travaillerait certainement main dans la main avec le ministre de la Procédurite, qui chercherait « à éliminer tout maillon inutile ou négligeable des processus gouvernementaux ».

Et si on s’attaquait aussi à « l’acharnement » de certains fonctionnaires « à faire dérailler le système » ? C’est ce que souhaite Marc Lessard, qui voudrait qu’un ministre soit chargé de lutter contre « l’imbécilité ».

Ce lecteur a été choqué par les démêlés des deux omnipraticiens français avec le ministère fédéral de l’Immigration, qui ont été rapportés dans La Presse par Isabelle Hachey la semaine dernière. Le renouvellement de leurs permis de travail avait été refusé.

Je souligne en terminant que plusieurs ont tenu à me dire qu’ils voient d’un bon œil la création d’un poste de ministre de l’Avenir, notamment Catherine Boileau. « Le manque de vision de certaines politiques ou actions me fait parfois désespérer sur le genre humain », a-t-elle écrit.

Et d’ajouter : « Il me semble qu’une équipe préoccupée par autre chose que la prochaine élection pourrait enrichir la réflexion collective et donner un peu d’espoir à tous, mais surtout aux jeunes ! »

Ceux qui réfléchissent déjà à l’avenir

Il existe une équipe qui réfléchit à l’avenir au sein de la fonction publique fédérale. C’est le directeur du Centre d’excellence sur la fédération canadienne, Charles Breton, qui m’a écrit pour m’en informer. Cette équipe est baptisée Horizons de politiques Canada et le ministère qui en est responsable est Emploi et Développement social Canada. Quelle est son efficacité ? M. Breton aimerait qu’on puisse disposer d’études pour voir « comment les travaux de cette unité trouvent leurs chemins et influencent les politiques publiques fédérales ». Bernard Lachapelle me rappelle pour sa part qu’au Québec, jadis, l’Office de planification et de développement du Québec se chargeait « de la planification et des prévisions à long terme ». Enfin, Philippe Jarry me fait remarquer qu’en France, ces fonctions relèvent actuellement du Haut-commissariat au Plan.

1. Lisez « À quand un ministre de l’Avenir ? » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue