L’oisiveté est un danger. Il faut à un moment donné devenir utile pour la suite du monde. Aussi, j’ai décidé de pratiquer la tasséomancie, la divination, l’art de lire l’avenir dans les feuilles de thé.

Tout ça pour vous, pour que vous sachiez. Vous ne pourrez plus plaider l’ignorance, j’aurai fait mon bout !

Ainsi donc, politiquement, voilà où nous en serions…

… admettons que le PM Legault ait de la grosse misère à se remettre de son étourderie concernant Jean-Talon et le troisième lien.

… admettons que Marwah Rizqy devienne cheffe du Parti libéral.

… admettons que PSPP continue à siphonner du vote patriote à la CAQ.

… admettons que Gabriel Nadeau-Dubois finisse par se faire aimer en région.

À quoi ressemblerait alors le décor politique québécois d’ici les prochaines élections ?

Trois ans avant le prochain scrutin, pas trop d’insomnie pour M. Legault. Mais n’empêche, il a pogné les nerfs au lendemain de la défaite dans Jean-Talon, et s’est déprécié auprès de la population, et de ses élus.

Et comme il devient de plus en plus antisouverainiste, il se moquera évidemment du budget de l’an 1 d’un Québec indépendant, qui sortira bientôt. Lui, l’ex-indépendantiste pressé, qui a procédé au même exercice jadis. Sa clientèle nationaliste pourrait ne pas apprécier la gausserie dans ce dossier. Ça pourrait faire face à claques.

Même s’il n’est pas mon genre, et que je pense que sortir un tel document actuellement est une connerie, visiblement PSPP a l’attitude qui plaît à plusieurs.

S’il est un peu torieu, il picossera sans cesse M. Legault pour qu’il devienne toujours plus langue sale contre la souveraineté : ça payera.

Au PLQ maintenant, même si ce parti sait foirer en boucle, se trouve un as de cœur. Une femme de 38 ans, moderne, brillante et véritable sniper politique : Marwah Rizqy.

Je sais, elle a dit non, elle a des projets familiaux. Elle veut un deuxième enfant, et on la comprend.

Évidemment, ce n’est pas le mâle que je suis qui osera lui donner des conseils. Quoique j’ai humblement contribué à la création de trois héritiers, deux fois plus que le taux de fécondité au Québec. Quand même !

Mais admettons qu’elle déciderait de faire les deux, bébé et chefferie, j’en connais qui s’inscriraient demain matin au cours de Gardiens avertis de la Croix-Rouge pour lui donner un coup de main.

Fille de la loi 101, si elle possède un nom à consonance ottomane, elle a par ailleurs grandi dans l’est de Montréal, dans les écoles françaises, dont le cégep Maisonneuve, et dans une famille où le gravy n’existait pas. Je la devine aussi bum que moi.

Hyper scolarisée, « Miss bourses d’études », elle a fait son chemin toute seule, et semble avoir appris à saisir aussi bien l’âme des francos que celle des anglos et des allos.

Éventuellement, elle saurait ne perdre aucun vote anglophone et allophone, et on pourrait imaginer des francophones de sa génération, et des plus jeunes, et combien de femmes du Québec, s’identifier à son énergie.

Des francos pourraient s’éprendre, oublier le H de son prénom, et l’appeler Marwa, Marois, ou je ne sais quoi ?

Et juste sa présence en face de lui donnerait un méchant coup de vieux à M. Legault, qui pourrait faire bonhomme assez vite.

Quant à GND, il pourrait lâcher les régionaux avec leurs pick-up, et regarder la forêt. Par exemple, le transport interrégional empire constamment.

Pourquoi ne pas impliquer l’État pour régler le cas ? Ça sert à quoi, l’État, sinon pour les jeux de base comme la mobilité régionale ?

On danse le tango à coups de milliards de dollars avec des entreprises étrangères pour produire des batteries, alors que celles du transport régional sont à plat. On pourrait conserver quelques radis pour les recharger, non ? Allo, Gabriel !

Les deux dernières semaines ont sûrement créé de la lassitude chez le PM. Même s’il a fanfaronné qu’il se représentait – encore un truc électoral qui a fait pouet ! pouet ! –, je demeure convaincu que son objectif sera atteint à la fin de ce mandat.

Il aura été premier ministre du Québec comme ses idoles, les Lévesque, Parizeau, Bouchard, et partira pour laisser la place à d’autres.

Et là, la question qui tue : qui sera cet autre ?

Je suis certain que d’aucuns sentent déjà l’odeur du sang depuis l’autojambette de Jean-Talon.

Quelqu’un comme Geneviève (Geneviève Guilbault), c’est connu, et d’autres. Surprenant, mais on oserait même soupçonner Fitz (Pierre Fitzgibbon) d’y réfléchir. On sent qu’il ne déteste pas du tout le pouvoir et le Kodak.

Geneviève devra toutefois la jouer moins à la première personne du singulier et s’écouter parler, plus en équipe, à la première personne du pluriel.

Quant à Fitz – comme on l’appelle dans le milieu des affaires –, le cas échéant, il aurait avantage à ne pas renouveler son « billet de saison » à la commissaire à l’éthique. Il s’en fout, mais on le lui retournerait dans les dents.

Je vois d’ici la scène : Marwah et Gabriel, les studieux, qui embouteillent Geneviève Guilbault sur le contenu, ou qui font sortir Fitz de ses gonds, qui les regarderait de haut.

Alors, finalement, admettons que PSPP, d’un côté, continue à piquer la clientèle nationaliste du gouvernement, et que Marwah, de l’autre, fasse pareil avec la clientèle fédéraliste, ça pourrait tranquillement rogner les ailes et déplumer le coq – la CAQ.

Bon, ça va me prendre une autre tasse de thé, moi, là, les feuilles du mien commencent à sécher…

Entre nous

Un excellent roman historique sur une géante mal connue de notre société : Irma LeVasseur, première médecin d’origine canadienne-française à pratiquer au Québec. Irma s’en va-t-en guerre, écrit par une journaliste de Québec que je connais bien, Karine Gagnon.

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