Comme ça, les Rolling Stones sortent un nouvel opus, après 18 ans, et repartent en tournée. Mick Jagger a 80 ans et ses deux complices survivants sont à quelques centimètres de devenir octogénaires. Au moins, ils libèrent des lits dans les CHSLD britanniques.

Mais j’espère que vous n’êtes pas dupe, que vous avez découvert le truc ?

Vous savez comme moi que ces trois antiquités sont prises d’arthrose sévère et de phlébites quotidiennes. Alors, comment voulez-vous qu’elles jouent de la guitare, un sol majeur, avec les doigts croches par exemple ? Et giguer sur une scène, des vieux os comme les leurs ?

Vous avez compris que nous avons affaire là à des avatars, créations complètes de l’intelligence artificielle. Oui, ils vivent encore et sortent parfois de leurs hôpitaux particuliers, mais pour le reste, fake news !

Les voix et la musique sur le nouvel album : inventées. Le spectacle à venir : totalement IA. Illusions construites de simulacres.

Nous faisons collectivement l’objet d’un complot, les amis, pour nous faire cracher, acheter les CD et payer des centaines de dollars pour voir un show d’ectoplasmes !

Nous sommes victimes d’une immense conspiration mondiale du capitalisme du divertissement, dirigée par le fameux DAnthony Fauci, celui-là même qui a créé le virus de la COVID-19, d’après une concoction d’un de ses ancêtres, sorcier chinois !

Bon, évidemment j’exagère… un peu.

Alors, aussi bien vous avouer immédiatement ce que j’en pense, des Rolling Stones !

La tête de chien carlin de Mick Jagger ne m’est jamais revenue. Keith Richards a l’air d’un grabataire qui s’est barré les pieds un peu partout depuis des décennies en revenant du festival de Woodstock à pied. Et l’autre, là, son nom déjà, ah oui ! Ron Wood, un air d’atterri d’une exoplanète quelconque.

Je suppose que vous l’avez compris : (I Can’t Get No) Satisfaction avec les Stones. Je suis un hussard du Sgt. Pepper’s !

Moi, Mick Jagger, quand je le vois sautiller comme une puce qui s’est fait sauter un pétard au derrière, je cherche un tue-mouches. Keith Richards est risible quand il tente des steppettes avec sa guitare, parce que visiblement, il a les lombaires quatre et cinq complètement bloquées. Et Wood a sûrement besoin d’une transfusion sanguine, à laquelle on ajoute quelques gouttes d’EPO, avant chaque spectacle.

Je leur accorde tout de même la toune géniale qu’est Angie, qui m’a permis de passer de bons moments avec la petite Trudel à mon adolescence.

Mais j’ai braillé ma vie de nostalgie en visionnant les huit heures du documentaire Get Back l’an passé. On y découvre et comprend le processus créatif qui a accouché de l’album Let It Be des Beatles.

Cette production a été salvatrice pour beaucoup de toqués comme moi. On a compris que Paul McCartney et John Lennon ne se sont pas quittés en s’arrachant les yeux. Leur complicité pendant cet enregistrement était fabuleuse à constater. Ça fait du bien à l’âme !

On a revu Ringo suivant la parade, et faisant de l’ouvrage impec à la batterie.

Mais on a aussi découvert avec tristesse la grande frustration de George d’être considéré comme un troisième violon, une guitare auxiliaire.

J’ai toutefois compris le baume que George a appliqué sur ce mauvais sentiment, en visionnant un autre documentaire sur la formation des Traveling Wilburys, dont il était le leader aux côtés de Bob Dylan, Tom Petty, Roy Orbison et Jeff Lynne.

Quand même !

Bien sûr, L’incendie à Rio n’était pas dans leur répertoire, mais ils avaient quelques capacités, ces gars-là !

Tout ce grand détour pour vous dire que les baby-boomers ont les rentes de retraite qu’il faut pour faire vivre de vieux artistes comme les Rolling Stones. Jusqu’à leurs morts, et malgré les maladies dégénératives dont ces derniers sont affectés.

Si vous êtes surpris de voir des groupes, ou des ressemblances de groupes, repartir en tournée, c’est qu’ils ont compris que le dollar agrément est toujours disponible chez les nostalgiques boomers, ces prétentieux dont je suis, qui sont convaincus qu’ils ont été les premiers à comprendre la musique progressive, sinon le rock tout court. Et toujours aussi certains d’être « dedans » en écoutant Selling England by the Pound ou Led Zeppelin une fois par année.

Comme ils sont aussi convaincus ici qu’ils ont créé le Québec moderne, en faisant comme si les six années au pouvoir de Jean Lesage et de son équipe du tonnerre n’avaient jamais existé.

Je ne m’exclus pas des admissibles à un membership de la FADOQ qui payent pour des prestations d’artistes passés dus.

J’ai par exemple assisté, dans les deux, trois dernières années, à des spectacles comme ceux de Daniel Lanois et d’Alan Parsons, où je vous jure qu’il était impossible qu’une épidémie de poux fasse des ravages là, tellement il manquait de cheveux. Un couvert lisse et luisant…

Et pour terminer, voilà qu’Ozzy Osbourne, dont la chaîne est débarquée depuis longtemps, veut un nouvel album et refaire une tournée… Mais il n’est pas précisé s’il s’agirait d’une tournée de RPA (résidences pour personnes âgées).

Entre nous

PHOTO MATTHIEU ALEXANDRE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Hubert Reeves

Comme beaucoup, je l’ai lu. Mais j’ai aussi eu le privilège de rencontrer Hubert Reeves. Une soirée caritative privée où, avec Julie Payette – dans sa période pré-gouverneure générale –, il nous avait présenté l’univers, en se demandant si celui-ci était fini ou infini. J’en ai été bouleversé de vertige pendant quelques jours.

Quel bel humain, cet homme !

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