Il y a des gens qui font faire leur carte du ciel par des astrologues, d’autres qui ne jurent que par le tarot. Il y a ceux qui consultent le Yi Jing ou les biscuits chinois. Et ceux qui boivent les paroles d’Oprah Winfrey ou de Nicole Bordeleau. Chacun a sa recette, son maître à penser pour l’aider à vivre et à traverser les moments plus difficiles.

Moi, mon gourou, celui qui m’a aidée à traverser 2023, c’est Martin St-Louis.

Je consulte chacune des sorties publiques du coach du Canadien comme des oracles.

Ses réflexions, pleines de sagesse et de bon sens, donnent une direction à ma journée. Il y a ceux qui lisent dans les feuilles de thé, moi, c’est les comptes rendus des matchs de hockey.

Non, je ne me moque pas de M. St-Louis. Faites l’exercice avec moi et analysons ses déclarations, moins absurdes qu’elles peuvent sembler à première vue.

Voici ce que Martin St-Louis a dit mardi en parlant de l’ailier Cole Caufield et de ses chances de recommencer à compter des buts. « Elles sont où, ces chances-là ? C’est rare qu’elles sont tout le temps à l’extérieur. Les chances sont en dedans. »

Vous croyez qu’il parlait de l’enclave et du fait que Caufield joue trop en périphérie ? Personnellement, j’ai une autre analyse. À mon avis, cette citation est l’équivalent du célèbre « Aide-toi, le ciel t’aidera » de Jean de La Fontaine. J’interprète les propos du coach du Canadien ainsi : il ne faut pas attendre une intervention divine pour nous prendre en main. Il ne faut pas attendre que les autres fassent le travail à notre place. Ce sont nos forces intérieures qui nous aideront à nous améliorer.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Cole Caufield au Centre Bell

L’écrivain Jack London disait : « Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le chemin. » On dit aussi : « Tout vient à point à qui sait attendre. » Dans la bouche de Martin St-Louis, ces idées se traduisent ainsi : « Quand tu t’en vas en quelque part, utilises-tu Waze ? Tsé, tu mets ton adresse, mettons que tu veux aller à une belle place, ça dit combien de temps que ça va te prendre… Là, tu pognes du trafic. Qu’est-ce qui arrive au temps ? Est-ce qu’il monte ou il descend ? OK, est-ce que tu tournes de bord ou tu continues ? »

Je vois dans cette allégorie autour du GPS une réflexion profonde sur la persévérance et la ténacité. Le coach du Canadien nous dit ici qu’il ne faut pas se décourager, que la vie est semée d’embûches, de détours et d’imprévus. Est-ce qu’on baisse les bras au premier obstacle venu ? Absolument pas. Martin nous dit de ne pas lâcher, de garder en tête notre objectif.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’entraîneur-chef Martin St-Louis (à droite) derrière le banc du Canadien lors d’un match contre les Predators de Nashville, dimanche dernier

Analysons maintenant la fameuse déclaration de la chaise. Martin St-Louis nous dit : « Tu veux toujours aller chercher la meilleure chaise que tu peux avoir. Mais faut que tu sois réaliste aussi. Qui est assis dans quelle chaise en avant de toi ? Pis c’est d’essayer de prendre une chaise. Pis jouer le rôle de cette chaise-là, mais toujours en essayant de monter de chaise. Faut pas que t’aies peur d’aller voler une chaise, que tu sois un gars de la Ligue américaine, y a toujours ben des chaises qui se font voler. […] S’il faut que tu encourages quelqu’un à aller voler une chaise, ben, t’as peut-être pas le bon joueur. Tsé, il faut que les gars aient le vouloir. »

OK, celle-là est peut-être moins évidente… Comment traduire les propos du coach ? Mon interprétation : il faut savoir connaître sa place dans la vie, mais accepter notre place ne signifie pas qu’il faut manquer d’ambition. Parfois, il faut foncer, quitte à bousculer quelques personnes afin de se réaliser pleinement comme êtres humains. Pour y arriver, il faut de la volonté, il faut savoir reconnaître cette petite flamme en soi qui nous confirme que cette place convoitée est vraiment la nôtre. En d’autres mots, il ne faut jamais abandonner nos rêves, tout en étant réalistes sur ce qu’on espère accomplir.

Je vous le dis, Martin St-Louis parle rarement pour ne rien dire. Sa citation la plus célèbre demeure celle où il explique le travail d’équipe. Hydro-Québec ne s’y est pas trompée et l’a récupérée dans une publicité sur la transition énergétique.

Je salue le flair de la société d’État. Car toute la profondeur et l’intelligence émotionnelle de Martin St-Louis sont réunies dans cette sortie bien sentie.

Je veux qu’ils amènent leur game en dedans de notre game. Tu peux pas juste jouer TA game. Faut tu joues LA game. T’amènes TA game à LA game. J’sais pas si tu comprends ?

Martin St-Louis, entraîneur du Canadien

À mon humble avis, c’est LA citation de l’année. Elle s’applique aussi bien à l’esprit d’équipe qui doit régner au sein d’une équipe de hockey qu’à la solidarité qu’on voudrait voir se manifester au sein de la société québécoise. Que nous dit Martin St-Louis ici ? Qu’une chaîne est aussi solide que son maillon le plus faible. Que seul, on est plus vite, mais qu’à plusieurs on va plus loin (proverbe africain). Que l’union fait la force. Si j’étais patronne, je ferais imprimer « T’amènes TA game à LA game » sur des t-shirts que je distribuerais à mes employés.

Je ne sais pas s’il en est conscient, mais Martin St-Louis est un sage. Schopenhauer et Nietzsche peuvent aller se rhabiller, j’ai rangé tous mes livres de philosophie et de croissance personnelle. Désormais, je me fie à Martin pour donner un sens à mes journées. Et j’attends impatiemment l’éditeur qui aura la brillante idée de réunir dans un livre toutes les précieuses réflexions du coach du Canadien. Je prédis un grand succès en librairie…

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