Ça y est, on y est ! L’année dingo. L’année de l’élection présidentielle américaine. Celle des candidats octos et rococos : un déchaîné illettré ou un pépé à peu près momifié. MAGA ou America ! Le cycle de la démence politique.

— Ho boboy ! T’as la chronique « dississile » pour amorcer la nouvelle cuvée, mon Redge…

— On recommence, mon grognon !

Heille ! Bonne année, les enfants ! Je vous aime tous et toutes, à part quatre ou cinq… Soyez heureux, et que vos rêves se réalisent, s’il vous en reste après taxes et impôts.

— Ouf ! L’humeur, toé !

Cette année, lâchez-moi avec l’inflation, Bernard Drainville et ses émois, les pennes aux anchois et la pizza aux ananas.

Aux Américains : bonne chance, ma gang de malades ! Merci Daniel Boucher. Du grand guignol en perspective là-bas.

Suce-la-cenne, j’ai profité des rabais du Boxing Day pour entreposer des Cheetos Crunchy – mes préférées – pour ne pas manquer une seconde du théâtre de ruelle politique des prochains mois dans le pigeonnier américain. À l’écoute des journalistes Fareed Zakaria et Rachel Maddow.

Autrement, je ne sais pas pour vous, mais je tente de me réjouir pour nous, les Québécois, en ce début d’année, et ça ne décolle pas. Je ne parle pas de déprime, juste comme une espèce de langueur. Je fais partie d’un peuple, et je cherche toujours son projet de société, à part les batteries de chars.

Bon, l’indépendance pop-up un tantinet, mais les fils d’araignée pendent. Et avec un troisième référendum, peut-être même que les lois sur le harcèlement s’appliqueraient.

Pourtant, je nous trouve bons, on devrait carburer sur un plan de match collectif, ça ventilerait, ça changerait des fixations aller-retour sur le wokisme.

Enfin, disons qu’on n’a pas les bons politiciens pour ça actuellement. Fracturer la nation est encore trop payant pour eux. Ça nous prendrait une couple de femmes en tête, me semble que ça aiderait.

Quatre chefs de parti à coucougnettes, à l’Assemblée nationale, déjà là, c’est indécent.

En attendant, ça va groover dans les États, mon Charles-Émile, et vous allez l’aimer votre pays cette année quand l’écho du zoo chez le voisin résonnera jusque chez nous.

Biden a de la misère avec son corps, une syncope sur deux pailles. Trump, du delirium tremens, les neurones trapèzent en privation de pouvoir.

Et voilà Robert F. Kennedy Jr, de la famille princière, qui se dit démocrate, entre dans la danse et fait mal à Biden. Fils de Bobby, assassiné, on peut supposer un besoin d’exorcisme, saupoudré d’atavisme, d’ego trip et d’un méchant opportunisme. Mais quand quatre de tes frères et sœurs désavouent ta candidature en partant, ça regarde mal…

Chez les républicains, pour contrer Trump, il ne reste qu’une personne encore crédible : Nikki Haley, l’ancienne gouverneure de la Caroline du Sud.

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La candidate républicaine Nikki Haley, en novembre dernier

Peut-elle battre l’Orange Jesus, surnom utilisé au Congrès et découvert dans le livre de la courageuse Liz Cheney, ex-représentante du Wyoming, à qui les sbires de Trump ont fait la peau ?

(En passant, le Wyoming, si quelqu’un a déjà passé des vacances là-bas, faites-moi signe.)

Pour ne pas être en reste, Trump surnomme madame Haley « birdbrain », cervelle d’oiseau. C’est d’un chic…

Les primaires républicaines commencent ce lundi en Iowa, suivies par celles du New Hampshire et de la Caroline du Sud.

L’ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie vient de dételer, et devrait être suivi plus tôt que tard par « l’emplâtré » Ron DeSantis et par le clown de service, Vivek Ramaswamy. Des embarras.

À moins d’une malchance, madame Haley devrait s’allier les poches profondes opposées à l’ex-président pour un tête-à-tête. On verra à partir de là si elle a vraiment quelques chances d’affaiblir l’autocrate à gogo et de se rendre, toujours vivante, à la convention républicaine de Milwaukee en juillet.

Madame Haley est peut-être celle qui aurait le plus de chances de battre Joe Biden, tout dépendant de sa position finale sur l’avortement, question sur laquelle elle tergiverse.

Parce que les femmes américaines feront probablement encore la différence dans le résultat du vote de novembre prochain, avec cette question de l’avortement, et si Taylor Swift convainc les plus jeunes d’aller voter.

Comme gouverneure, madame Haley avait voté une limite de 20 semaines après lesquelles l’avortement devenait illégal dans son État. Mais comme elle a fait de l’amnésie sur l’esclavage comme cause de la guerre de Sécession, ça pourrait lui reprendre avec l’avortement. La preuve, elle a affirmé qu’elle était maintenant d’accord avec la limite de six semaines prônée par les élus républicains fous de Dieu.

Finalement, tout ce cirque donnera une élection excitante, ou déprimante, c’est selon. Chose certaine, on se demandera encore comment ils font pour tomber aussi bas.

Et je pense que le conseil de Michelle Obama, « When they go low, we go high », ça ne marchera pas cette année.

Entre-temps, nous, ici au Québec, on continuera d’attendre, je ne sais trop quoi, je ne sais trop qui… Godot peut-être ?

Entre nous

Si les États-Unis sont désespérants, avouons que l’Europe ne se porte guère mieux, et particulièrement la France. Dire qu’Emmanuel Macron est un président qui déçoit est une litote, même dans ce pays au gouvernement minoritaire et aux réformes historiquement quasi impossibles. Un autre cas de boussole. La nomination de Gabriel Attal, 34 ans, comme premier ministre crée tout de même de l’espoir. Il devient peut-être le dernier rempart contre l’élection de Marine Le Pen à la présidence, qui elle aussi s’est dégoté un moussaillon en Jordan Bardella, 28 ans, à la tête de son parti. En espérant que le ventriloque Macron n’aura pas la main dans le troufignon du nouveau PM pour le marionnetter…

Allons enfants de la Patrie-i-e, le jour de gloire est arrivé ! (air connu)

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