Aussitôt que j’ai vu les images, elles m’ont écœuré. Le lâche qui harcèle la ministre Mélanie Joly avec son cellulaire, sur l’avenue Laurier à Montréal, en la filmant et l’interpellant sur le sort des réfugiés de Gaza.

Du déjà vu, du déjà ressenti de se faire assaillir par un militant de lui-même qui s’introduit dans votre bulle et qui tente de créer une histoire, préférablement une altercation, en se scénarisant comme un héros. Parce qu’il sait qu’il en sortira gagnant, c’est toujours le cas, par défaut.

Parce que caché derrière l’image, il peut déclamer les pires âneries, zéro conséquence pour lui. Mais devant l’image, pour le politicien, une tonne de contrecoups potentiels.

Le truc est de provoquer, en espérant un seul geste physique du politicien, ou mieux, qu’il pète les plombs, pour ainsi se victimiser. Et quand cela arrive, braire comme un âne et feindre la persécution.

Preux chevalier aux petits pieds !

IMAGE TIRÉE DE TIKTOK

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a été interpellée par un militant sur l’avenue Laurier, à Montréal.

Et le pôôôvre, Mme Joly, exaspérée, a tenté de mettre fin à son cinéma en lui arrachant des mains sa caméra mobile, et lui tirant la manche. Et c’est là qu’il sanglote à s’en détremper, se déclarant agressé et martyr.

Vous conviendrez qu’il y a là sévices à promptement soumettre à la Cour internationale de justice de La Haye, pour gérer la calamité, toute affaire cessante. Au diable les crimes contre l’humanité !

Je respire par le nez, et me dépose délicatement…

J’en ai enduré comme maire de ces si braves personnes qui picossent, jusqu’à ce que vous réagissiez. Mais voilà, et c’est ça le nœud de l’affaire, la rectitude politique ambiante vous enlève le droit d’exprimer un seul sentiment, et impose de faire le dos rond comme le dernier des pas bons.

Ce qui n’a pas été mon réflexe, parce que j’ai toujours cru que la politesse exigeait une réponse… Ce que j’ai parfois fait de la pire des façons.

Mais même si vous ne réagissez pas, le scénariste gagnera encore en prétendant que votre silence n’était ni plus ni moins qu’une insulte, parce que vous vous balanceriez de je ne sais quelle injustice.

Dans un cas comme dans l’autre, le tout se ramassera sur l’internet, et ensuite dans les médias, parce que spectaculaire.

Et même si vous ne faites que regarder l’artiste avec l’œil noir, vous serez accusé de micro-agression. Je le répète, il gagnera toujours, un jeu à somme nulle pour l’élu.

Et le petit monsieur de l’avenue Laurier n’a même pas eu le cœur de s’identifier pour soutenir ses propos et son geste, sinon qu’on a appris qu’il serait un certain Antoine…

Antoine-la-pétoche a relaté au Journal de Montréal que Mme Joly l’avait « attaqué » pour l’empêcher de filmer⁠1. Rien que ça…

Et il explique à la ministre dans la vidéo que c’est son « job » de la harceler, je cite le Journal : « Je suis content que t’es relaxe [sic] pendant qu’il y a [un] génocide en Palestine, mais moi ma job c’est de te harceler […] Vous n’avez pas le droit d’avoir une marche relaxe en ville pendant que vous permettez la mort de Palestiniens. » On repassera pour la syntaxe…

Bien sûr, moi-même quand j’ai vu Mélanie Joly à la télé dernièrement, je me disais justement qu’elle était sûrement de mèche avec des huiles de l’armée israélienne, comme elle devait se ménager parallèlement du copinage avec des dirigeants du Hamas.

Allooooo ! Ça se passe dans ta tête tout ça, mon beau génie de bipède de l’avenue Laurier !

Je me suis fait une réflexion mesquine, en me demandant ce que Ti-Toine-la-trouille avait réalisé de concret, lui, à part de se prendre pour Steven Spielberg, pour aider ces pauvres réfugiés de l’enfer de Gaza.

Les images de cellulaire comme arme défensive, oui, d’agression, non.

Et surtout, cela fait trop plaisir à ceux qui passent leurs journées en bobettes slaques devant un écran.

Et on se demande ensuite pourquoi les meilleurs de notre société ne s’investissent pas en politique…

Parenthèse.

Cela nous a fait du bien d’écouter un ministre nous expliquer franchement cette importante réforme du droit de la famille qui introduit un nouveau régime d’union parentale. Rien n’est parfait, mais elle pourra être améliorée. Un geste politique majeur, attendu, et tout à l’honneur du ministre Simon Jolin-Barrette.

Le travail fondamental de l’État qui prend le dessus sur le trop-plein habituel de tactiques politiques, crémage stratégique indigeste du gouvernement, qui exaspère la population et qui fait plonger la CAQ dans les sondages.

Espérons que quelqu’un, quelque part, a pris des notes.

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Entre nous

Deux auteurs français.

Il y des lectures dont on voudrait qu’elles ne se terminent jamais, ainsi les deux livres suivants.

Le troisième tome de l’Histoire intime de la Ve République : Tragédie française, de Franz-Olivier Giesbert. Une écriture fendante et une célébration de la langue française. Pour ceux qui aiment la politique française depuis au moins une couple de décennies.

Le deuxième, dans la série des dictionnaires amoureux, celui-ci d’Alain Minc : Dictionnaire amoureux du pouvoir. Érudition d’un homme multidimensionnel. Des regards différents comme il n’en existe pas suffisamment.