Je suis une élève québécoise comme vous ou vos enfants. Lorsque je suis arrivée au Canada, à l’âge de 6 ans, j’étais dans une classe d’accueil accompagnée d’une vingtaine de jeunes filles et de jeunes garçons, tous aussi incapables de communiquer les uns avec les autres.

La classe était silencieuse, et tout le monde se regardait sans savoir comment s’exprimer. Nous communiquions à travers nos yeux, certains bleus et d’autres bruns. Cependant, notre enseignante aux yeux bruns, sans savoir comment communiquer avec nous, nous a tous appris la belle langue qu’est le français, car après tout, la langue est plus efficace que l’œil. C’est grâce à elle que j’ai pu me faire des amis avec lesquels je pouvais me balancer et passer des heures à construire des Lego.

À l’âge de 7 ans, grâce aux efforts de mon enseignante, j’ai changé d’école et me suis retrouvée dans une classe normale. Grâce à elle, j’ai pu communiquer avec mes nouveaux amis sans avoir recours à mes yeux. Cette année-là, je me suis retrouvée dans la classe de madame Marie. Madame Marie nous avait expliqué que son père était malade. Je me sentais triste pour madame Marie, car si mon père était malade, j’aurais voulu passer tout mon temps avec lui, mais elle ne pouvait pas faire de même. Malgré cela, elle était toujours ravie de nous voir.

Certains jours, elle portait un chandail rempli de cœurs qu’elle nommait « coup de cœur ». Elle nous avait expliqué que lorsqu’elle portait ce chandail, c’était pour nous montrer que nous étions ses coups de cœur.

À l’âge de 11 ans, je me suis retrouvée dans la classe de madame Générose. À cet âge-là, j’avais beaucoup de problèmes avec mes amies et je me sentais vraiment isolée. Je retournais fréquemment chez moi après l’école ravie de retrouver mon lit, l’éponge de mes larmes. Madame Générose avait remarqué mes silencieux appels à l’aide que mes parents ignoraient. Elle a consacré toute son heure de dîner à me consoler et à régler les problèmes que j’avais avec mes amies. En quelque sorte, elle m’a sauvée, et je lui serai à jamais reconnaissante.

Aujourd’hui, j’ai 16 ans. Les enseignants que j’ai eus tout au long de ma vie m’ont marquée à jamais. Ils sont mes principales sources d’inspiration. J’aurais voulu poursuivre un rôle dans l’enseignement afin de pouvoir façonner la vie d’autres jeunes comme moi. Pourtant, je vois les heures que mes enseignants consacrent à corriger des examens, à organiser des travaux et à aider des élèves en difficulté. Toutes les heures qu’ils consacrent de leur propre temps afin de prendre soin de l’avenir du Québec. Toutes ces heures non payées, toutes ces heures non appréciées, toutes ces heures au détriment de leur vie personnelle. Quand je regarde cela, je n’ai pas le goût de poursuivre des études en enseignement, et j’admire encore plus la bravoure et le courage de mes enseignants.

Dans l’espoir qu’un jour, le rôle d’enseignant sera aussi apprécié que le rôle d’un médecin.

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