Difficile, en ces jours gris, où la guerre fait rage, l’intolérance bouillonne, les coûts de l’épicerie explosent et la planète brûle, de conserver son sourire. Si la solidarité ne semble pas se trouver facilement dans le « grand monde », elle est encore bien vivante sur le plancher des vaches ! En effet, le bonheur et la camaraderie, je les retrouve dans ma communauté.

Bienvenue dans mon petit quartier, blotti entre un spaghetti d’autoroutes à la tête des ponts, un boulevard en travaux depuis trois ans pour accueillir feu le tramway (insérer ici un soupir de découragement…) et des appartements de toutes les hauteurs. Sept rues recouvertes de petits bungalows des années 1960, avec deux points focaux : la garderie et la maison d’Inna et de Philippe, rue Iacurto.

La première accueille plus de 60 enfants de toutes les nationalités, sous l’égide bienveillante de Maryse et de Sophie. Tous nos enfants y sont allés. C’est l’endroit où l’on apprend à se connaître entre parents, où l’on peut ventiler sur la gastro, les nuits sans sommeil et le prix de l’épicerie. La deuxième abrite la fée moldave du quartier et notre chef préféré.

Elle, elle organise chaque année la fête de rue. Lui, il ouvre les portes de son resto à tous quand l’électricité manque à Noël.

Entre voisins, on éteint les feux de la fameuse charge mentale. Une urgence au bureau ? Quatre personnes au bout du texto peuvent ramener les enfants de l’école en même temps que les leurs. Quelque chose à déménager, à réparer ? Un papa pas trop loin a sûrement tout ce qu’il faut dans sa shed. Un voyage imprévu à l’hôpital parce que le bébé fait 40 degrés de fièvre ? C’est l’occasion rêvée pour un sleepover chez les copains.

Le week-end et les soirs, les enfants passent d’une cour arrière à l’autre comme des chiots sauvages. Ils se servent dans tous les potagers. On se dit à la blague qu’on aura bientôt besoin d’un drone pour les retrouver. À l’Halloween, on part en gang de 16 monstres surexcités. Les plus petits portent fièrement tour à tour les vêtements des plus grands. Avec les voisins-devenus-amis, l’hiver, on va à la pêche sur glace et l’été, on loue un chalet. Avec les mamans fatiguées, on se fait une sortie au spa. On discute des enjeux de Jean-Talon et on s’échange des pousses de légumes.

Bref, dans mon quartier, on a une vraie vie de communauté. Ici, j’ai l’impression que les petites choses du quotidien ont une grande valeur. La solitude, cette grande ennemie du XXIsiècle, on la pourfend à coups de sourires solidaires. Et on espère que nos enfants recréeront ce monde à leur tour.

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