Inspirés par la chronique de Rafaële Germain* qui s’interrogeait sur le sens d’une expression rare, mais évocatrice, de nombreux lecteurs nous ont fait parvenir leurs expressions (presque) disparues favorites.

Sauter par-dessus ses lunettes

Mon père disait : « Ça sert à rien de sauter par-dessus ses lunettes. » Il employait cette expression quand quelqu’un s’énervait. Je l’utilise encore dans des situations confuses.

Katherine Tremblay

Ne vois pas dedans

Ma maman, sourde, aurait 109 ans. Dans la langue des signes québécoise (LSQ), elle nous disait toujours : « Ne vois pas dedans. » C’est le plus bel héritage qu’elle m’ait donné. Nous ne pouvons pas savoir ce que l’autre vit. Son enseignement : « Alors, sois délicate quand tu t’adresses à une personne. Tu ne chausses pas ses souliers ! »

Lise Trudel

Le temps se chagrine

Une expression que j’adore et qui vient du père de ma belle-mère, qui s’appelait Ovila Boisvert et qui habitait la Mauricie, est la suivante : « Le temps se chagrine. » Au lieu de dire « il va pleuvoir ». Je trouve cette expression tendre et douce.

Hélène Massé

Trop fort casse pas

De mon beau-père Némèse Garceau, marchand de glace, qui la coupait sur le fleuve à Trois-Rivières.

Angèle Garceau

Faire un cheticoup

Expression écrite au son et utilisée par ma mère lorsqu’elle n’entendait plus un ou plusieurs de ses six enfants parce que nous étions en train de faire un mauvais coup silencieusement. Par exemple : dérouler le rouleau de papier de toilette, vider les boîtes de céréales sur le plancher de la cuisine pour trouver le petit cadeau, etc. « Il doit être en train de faire un cheticoup. »

Christiane Drouin

Ni fait ni à faire

Ma mère disait, à propos d’un travail bâclé : « Ce n’est ni fait ni à faire. » Je l’utilise quelquefois.

Michèle Doat

Un chien regarde bien un évêque

Quand j’étais jeune, j’ai entendu cette expression à quelques reprises. À ce que j’interprète, cela voulait dire que l’on pouvait faire abstraction des classes sociales.

Guy Tremblay

Avoir la poche profonde et le bras court

Cette expression signifie être radin.

Jocelyne Duhamel

On travaille pas pour le diable, on travaille pour son frère

Ce que nous disait notre père pour nous faire rire et nous encourager lorsqu’il nous réquisitionnait pour un travail. Par exemple : brasser du ciment ou pelleter de la terre.

André Pilette

Attriqué comme la chienne à Jacques

Il serait intéressant de lire l’origine de cette expression.

Andrée Robitaille

Vieux comme le chemin de Chambly

Ma grand-mère, née en 1904 à Marieville, utilisait cette expression à profusion ! Je n’ai par contre aucune idée pourquoi c’est celui de Chambly, et ma mère, qui a aujourd’hui 95 ans, utilise encore cette expression ! Votre texte m’a bien fait sourire et m’a rappelé que jeune, quand je pensais avoir découvert quelque chose d’extraordinaire, j’entendais la réplique suivante : « Ma tite fille, c’est vieux comme le chemin de Chambly ! »

Danielle Champagne

*Lisez la chronique « Vieux comme le chemin »