L’auteur rend ici hommage à un ami, le chroniqueur automobile Jacques Duval, mort mardi à l’âge de 89 ans, à qui il a appris à conduire.

Mon cher Jacques Duval,

Je viens d’apprendre, avec une infinie tristesse, que tu viens de nous quitter… sans laisser d’adresse. Le seul moyen efficace que j’ai trouvé pour te joindre c’est par l’entremise de La Presse, dont tu as toujours été un fidèle lecteur.

La vie a une fin. Le chagrin n’en a pas!

Nous nous sommes connus au poste CKVL alors que nous n’avions que 19 ans. Tu étais annonceur et moi scripteur et réalisateur. Depuis ce jour nous nous sommes rarement trop éloignés l’un de l’autre. Cette amitié a imprégné ma mémoire d’instants de bonheur. Pour commencer, nous avons acheté chacun un bungalow dans le même quartier.

Mais l’achat le plus significatif a été l’automobile. Notre première auto était une Ford… de couleur bleue. J’avais déjà mon permis de conduire. Toi pas. Je t’ai appris à conduire. Peu de gens peuvent se vanter d’avoir enseigné la conduite à Jacques Duval. J’étais tellement fier de mon coup que j’ai failli inscrire ce détail dans mon CV.

Ce qui est encore plus incroyable, c’est que nous sommes allés, chacun au volant de son auto — et toi sans permis de conduire (!) —, à Québec, pour rencontrer (fièrement) ta mère.

En embrassant ma nouvelle carrière d’éditeur, j’ai eu la bonne idée de te confier la création du Guide de l’auto, dont le succès ne s’est jamais démenti. Le premier guide a été publié sans aucune photo des véhicules dont tu avais scrupuleusement fait l’essai.

Que de bons souvenirs que je me repasse en boucle les jours de cafard.

Adieu Jacques.

Bonne route !

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